Fondée au milieu du XIXe siècle dans un ancien manoir de la commune de Bréhan, l’abbaye de Timadeuc accueille aujourd’hui plus d’une vingtaine de moines. Ils partagent leur temps entre la prière et le travail. Ils produisent des fromages et des pâtes de fruit, très appréciés des gourmets.
Partis de l’abbaye de La Trappe, dans le Perche, c’est à pied, mais avec tout de même un cheval et une carriole, que trois religieux arrivent à Timadeuc, le 22 juillet 1841. Sous la conduite de l’abbé dom Joseph Hercelin, l’ordre des cisterciens-trappistes souhaite en effet s’implanter dans le diocèse de Vannes. C’est dans un manoir délabré, mais acquis pour un prix modique auprès de la comtesse du Bot, qu’ils vont le faire. Dès l’année suivante, le chapitre, l’église et les différents bâtiments commencent à être édifiés. En quelques années le jeune prieuré grandit et devient abbaye en juillet 1847.
Le lieu a beau être propice à la prière et à la méditation, les premières décennies de la vie de l’abbaye Notre-Dame de Timadeuc vont être assez mouvementées. Le 2 janvier 1863, elle est en effet ravagée par un incendie criminel. Les moines se retrouvent dans le dénuement le plus complet mais avec résignation ils s’attaquent à la reconstruction. Elle est achevée lorsqu’en 1880, un décret anticlérical interdit le port de l’habit religieux et la vie en communauté. Malgré l’intervention du maire de l’époque, les moines sont expulsés manu militari. Les premières rigueurs vont toutefois peu à peu s’adoucir. Les scellés seront levés en décembre 1882 et les moines pourront définitivement réintégrer leur monastère.
Six prières et une messe par jour
En 1905, la loi de séparation des Églises de l’État, menace un moment l’existence de l’abbaye, mais l’exil redouté par la communauté n’aura finalement pas lieu. Les orages sont désormais passés et tout au long du XXe siècle, la vie monacale va s’y organiser paisiblement.
Chaque jour, entre le lever à 3 h 30 et le coucher à 20 h, les moines de l’abbaye de Timadeuc partagent leur temps entre la prière et le travail, dans l’esprit de la règle de Saint-Benoît.
S’agissant de la prière, les moines se rassemblent pour célébrer ensemble à l’église les vigiles à 3 h 45, les laudes à 6 h 45 et sexte à 12 h. Puis, après le déjeuner et un temps de repos, ils se retrouvent pour l’Office de none à 14 h, les vêpres à 17 h 30 et enfin les complies à 19 h 30. Par ailleurs, la messe a lieu chaque jour de la semaine à 8 h. Chaque moine prend aussi dans la journée un temps plus personnel de prière, appelé « oraison ». Enfin, dans sa constante recherche de Dieu, le moine prend du temps pour la lecture au scriptorium. Autrefois, l’atelier où les moines copiaient les manuscrits, le scriptorium, est aujourd’hui le lieu où ils pratiquent ensemble, dans le silence et le recueillement, la « lectio divina ».
Pour les cisterciens-trappistes, le travail représente également une partie importante de la vie monastique. Chaque jour, ils y consacrent environ trois heures le matin et trois heures l’après-midi. Leurs spécialités : le fromage et les pâtes de fruit.
Le fromage de l’abbaye est pratiquement né avec le monastère. Juste après leur installation, les moines se mirent à en fabriquer avec le lait de leur troupeau pour leur consommation et celle des hôtes de passage. Pour fabriquer le « Trappe de Timadeuc », qui appartient à la famille des pâtes pressées non cuites, ils s’inspirèrent de la méthode apprise auprès de leurs frères de l’abbaye de Port-du-Salut. Depuis quelques années déjà, les frères ne fabriquent plus eux-mêmes leur fromage. Ils se sont spécialisés dans l’affinage. Mais c’est justement leur savoir-faire qui donne son goût et son caractère au fromage des moines de Timadeuc. Depuis un peu plus de dix ans, ils ont même diversifié leur offre. « En 2003, nos sœurs cisterciennes de l’abbaye de Notre-Dame d’Espérance, en Dordogne, ne pouvant plus satisfaire à une demande de plus en plus importante, nous ont proposé de partager la recette qu’elles avaient mise au point », précise le père abbé Benoît, élu à la tête de l’abbaye en 2011. Ce petit fromage à pâte pressée, affiné à la liqueur de noix, c’est le Timanoix.
L’hospitalité selon Saint Benoît
Si la production de fromage représente environ 50 % des revenus de l’abbaye, ils développent également depuis une quarantaine d’années, une recette traditionnelle de pâtes de fruits. À partir des pommes récoltées dans les vergers de l’abbaye, ils produisent des pâtes de fruits fondantes (avec adjonction d’essences naturelles de fruits), ou naturelles (sans aucune adjonction d’arôme ou de colorant). Et chaque année, ils en produisent tout de même 15 tonnes !