Créée il y a tout juste 20 ans, la société Altho apparaît comme l’une des plus belles réussites économiques du Centre Bretagne. En deux décennies, l’entreprise de Saint-Gérand est devenue le premier producteur de chips de l’hexagone.
Dans une partie du Centre Bretagne qui produit d’importantes quantités de pommes de terre, l’idée de transformer le tubercule sur place, pouvait apparaître comme une simple évidence. En donnant de la valeur au produit on contribuait aussi à créer de l’emploi au pays. Et pourtant, lorsqu’au milieu des années 90, Alain Glon décide de se lancer dans l’aventure, il ne trouve guère d’investisseur pour croire en son projet. Certains crient même à la folie et prophétisent un échec rapide. Qu’importe, l’entrepreneur n’est pas du genre à renoncer. En avril 1995, il crée la société Altho (contraction de son prénom et de celui de son associé de l’époque, Thomas), et s’installe à Saint-Gérand.
Les débuts sont difficiles et confortent certainement les sceptiques dans leur jugement. La production d’une entreprise qui compte tout de même 16 salariés, plafonne alors à 800 tonnes par an. Mais, adossée au groupe Glon, l’entreprise parvient à surmonter les difficultés inhérentes au lancement d’une production industrielle. Surtout, le pari initial des créateurs, basé sur la qualité, va finir par payer. D’entrée, ces derniers ont en effet misé sur une production locale avec des variétés de pommes de terre spécifiques et adaptées. Un choix qui permet de se démarquer des concurrents que sont alors Vico et Flodor.
Poulet braisé et piment d’Espelette
Très vite, la plus grande partie de la production est orientée vers les marques de distributeurs. Aujourd’hui encore, les chips fabriquées à Saint-Gérand et commercialisées sous l’estampille des enseignes Leclerc, Intermarché ou encore Carrefour, représentent 80 % de la production totale. Mais parallèlement, la société Altho choisit de développer sa marque propre : Bret’s. Et dans ce domaine, elle fait également le pari de l’innovation en développant une spécificité déjà dégustée outre-Manche mais encore inconnue sur les tables françaises : la chips aromatisée.
À côté des traditionnelles, mais incontournables chips nature, les chips aromatisées occupent en effet une place de plus en plus importante dans les rayons des supermarchés. De celle au « poulet braisé », qui trône toujours en tête des ventes, à la dernière née, au comté, en passant par celle au chèvre et au piment d’Espelette ou encore celle à la côte de bœuf grillée… Bret’s propose aujourd’hui une quinzaine de saveurs. Depuis quelques mois, elle commercialise également des chips aux légumes. Si la pomme de terre est toujours présente, elle est cette fois accompagnée de carottes et de betteraves.
« Dans l’alimentation, la chips reste l’un des domaines les plus innovants », assure Laurent Cavard, P-DG d’Altho depuis 2009. Le service « recherche et développement » de l’entreprise géranaise s’y attache particulièrement. Chaque année, plusieurs centaines de saveurs sont ainsi testées. Mais, seules quelques-unes passeront avec succès les différentes étapes avant une éventuelle mise en rayon.
Lorsque c’est le cas, le succès est généralement au rendez-vous. Les nouveautés qu’elle présente sur le marché sont en effet régulièrement primées. Surtout, elles sont de plus en plus appréciées par les consommateurs. « En 2014, nous avons ainsi enregistré une progression des ventes de la marque Bret’s, de 20 % », se réjouit Laurent Cavard. Et ce n’est sans doute pas près de s’arrêter. D’abord parce que le marché de la chips est en constante progression. Longtemps cantonnée aux pique-niques et aux barbecues, elle s’est très largement invitée à l’apéritif et à d’autres moments festifs. Et pour ces instants plaisirs, Altho vient de développer une gamme snack, « stick » et « frites », pour installer la marque Bret’s dans le rayon des produits salés apéritifs. Nouveauté encore, la marque vient de lancer une gamme de chips poppées : la « Bret’s Pop ».
Une seconde usine en Ardèche
Cette croissance soutenue s’est bien évidemment accompagnée d’une expansion régulière du site de production. En bordure de la route de Saint-Caradec, l’entreprise emploie aujourd’hui près de 250 salariés, avec des pointes à plus de 400, au printemps. Mais avec une capacité annuelle avoisinant les 22 000 tonnes, l’usine a atteint le maximum de son potentiel de croissance. Coincée entre la voie de chemin de fer et le canal, elle n’a plus la possibilité de s’étendre.
C’est une des raisons, mais pas la seule, pour lesquelles elle a choisi de s’installer dans la vallée du Rhône. Compte tenu de l’importance des coûts de transport (à plein, un camion d’une capacité de 36 tonnes, ne transporte que deux tonnes de chips), il était difficile d’irriguer la totalité du marché national.
Depuis un peu plus d’un an, Altho produit en effet des chips dans son usine du Pouzin, en Ardèche. Comme en Bretagne, où 250 agriculteurs lui fournissent ses pommes de terre, elle a choisi de développer la filière locale et de travailler avec les agriculteurs de la région. En une année d’activité, l’usine a d’ailleurs déjà atteint sa capacité de production fixée à 6 000 tonnes et emploie près de 80 personnes. Et des projets d’expansion sont dans les cartons. De quoi faire germer de nouveaux espoirs de croissance pour la chips bretonne.