L’exposition « Scènes de crime », actuellement visible aux Archives du Morbihan, plonge au cœur de dix affaires survenues entre le XVIIIe et le XXe siècle dans le département. Parricide, empoisonnement, meurtre passionnel… qui interrogent sur la société et la justice rendue à un instant précis. 

8 mai 1934 à Guidel. Il est 17 heures. Michel Henriot découvre sa femme agonisante. Il la dépose sur son lit où elle pousse son dernier soupir. Michel Henriot interpelle alors un voisin. « On a tué ma femme, venez vite ! » Selon les premières constatations des gendarmes, la victime a été tuée par arme à feu. L’enquête commence… Trois jours plus tard, le 11 mai 1934, l’époux passe aux aveux.

Meurtre passionnel, parricide, empoisonnement, banditisme… La nouvelle exposition présentée aux archives départementales du Morbihan, « Scènes de crime », permet aux visiteurs de s’immerger au cœur de dix grandes affaires criminelles survenues entre le XVIIIe et le XXe siècle. Des affaires traitées façon polar, avec tout le suspense qui s’impose.

On plonge en effet dans chacun de ces crimes comme dans un livre ouvert. En couverture, illustrée par les étudiants de l’École européenne d’art supérieure de Bretagne (EESAB), quelques indications seulement : un lieu, une date, un titre énigmatique et une citation de la victime ou de l’accusé. À l’intérieur, le déroulement des faits permet de suivre l’enquête du début à la fin, depuis la découverte du crime jusqu’au procès. Qui est la victime ? Qu’ont vu des témoins ? Que révèle l’autopsie, les interrogatoires ? Chaque intrigue se nourrit de documents d’époque et se conclut par un éclairage sur un fait de société.

Reflet des évolutions de la société

« Au même titre que d’autres départements de France, le Morbihan a été le théâtre de nombreuses affaires criminelles qui sont le reflet des évolutions du territoire et de la société », observe Florent Lenègre, directeur des Archives départementales. Au-delà du fait divers, c’est aussi tout ce qu’elles disent de leur époque que l’on a voulu montrer à travers ces
« Scènes de crimes ». L’exode rural, par exemple, qui donne naissance à des quartiers populaires urbains d’où surgit une délinquance nouvelle. Ou encore les convoitises autour de l’argent caché par les paysans à leur domicile, dans les campagnes morbihannaises, quand le système bancaire était encore peu développé. Cette exposition permet également d’en apprendre davantage sur l’évolution des pratiques policières, de la torture qui faisait partie intégrante des méthodes d’investigations au XVIIIe au recours de plus en plus systématique à la science pour assister les enquêteurs. Côté judicaire, « elle met en perspective les peines prononcées à l’époque avec la justice rendue aujourd’hui », note Florent Lenègre.

Visite 2.0

Bien ancrée dans son époque à elle, « Scènes de crime » est une exposition résolument 2.0. On la parcourt à l’aide d’une application multimédia qui fournit bonus visuels ou sonores, comme autant d’indices à collecter par le visiteur lui-même. Pour une immersion plus grande encore, une des dix affaires est même traitée sous la forme d’un « escape game ». Dans une petite salle dissimulée derrière d’épais rideaux noirs, le visiteur entre dans la peau d’un jeune lieutenant de gendarmerie stagiaire, chargé d’élucider un crime commis en 1929, dans une maison du village du Gué-aux-Biches. L’occasion pour chacun de tester ses talents de fin limier… Prêt à mener l’enquête ?

Dix affaires parmi 8 000

Les dix affaires choisies pour l’exposition « Scènes de crime » représentent la diversité géographique du département, les différentes natures de crimes et l’évolution des méthodes d’enquête. Elles sont issues, hormis celles relevant du XVIIIe siècle, de la sous-série archivistique 2U qui vient d’être entièrement reclassée et minutieusement décrite. Longue de 90 m linéaires, elle contient près de 5 000 dossiers allant de 1811 à 1939. Toutes ne sont pas d’horribles crimes. Petits larcins, cris séditieux (portant atteinte à l’autorité publique)… sont largement représentés. Cet inventaire sera consultable prochainement en salle de lecture et sur internet. 

Les Archives départementales renferment la mémoire judiciaire du département jusqu’en 1990 mais les documents sur les affaires récentes ne sont pas rendues publiques. 

 

Mille ans d’histoire en consultation libre

Les Archives départementales du Morbihan, qui ont célébré en 2016 leurs 220 ans, ont pour mission de sauvegarder et valoriser le patrimoine documentaire du département, quel que soit son support (papiers, audiovisuel, numérique…). Aujourd’hui, elles conservent 31 kilomètres linéaires, représentant dix siècles d’histoire, depuis 1108 jusqu’à nos jours. Le fonds est constitué de documents majoritairement publics mais aussi d’origine privé que chacun peut venir consulter gratuitement, sur simple inscription et sous réserve des délais prévus par la loi (protection de la vie privée, secret médical, prescription judiciaire…). Expositions, conférences, ateliers de découvertes du fonds sont régulièrement proposés et permettent de remonter le temps et découvrir des événements peu connus grâce aux traces qu’ils ont laissées. 

Infos pratiques

L’exposition « Scènes de crime » est présentée jusqu’au 16 septembre 2018 aux Archives départementales du Morbihan,

80, rue des Vénètes, à Vannes. 

Visible du lundi au vendredi de 9 h à 17 h 30. À noter, l’exposition sera également ouverte les dimanches 14 janvier, 11 février, 11 mars et 8 avril. Entrée gratuite. 

Attention, certains propos peuvent heurter la sensibilité du jeune public et des personnes sensibles, un espace lecture est mis à leur disposition.