Bordée par deux cours d’eau, le Lié et l’Oust, la commune de Bréhan a longtemps lié son destin à cette proximité fluviale. Aujourd’hui, elle se distingue surtout par la présence d’une importante concentration d’établissements médicaux spécialisés.

Il n’y a pas si longtemps, elle s’appelait encore Bréhan-Loudéac. Des confusions fréquentes avec une commune homonyme du département des Côtes-d’Armor, ont fini par avoir raison du second patronyme. Et depuis un décret de septembre 1977, cette commune du Morbihan porte désormais l’unique nom de Bréhan.

Breahn 1À la « frontière » des deux départements et pratiquement à égale distance des villes de Loudéac et Pontivy (une vingtaine de kilomètres), Bréhan est bordée par deux cours d’eau. Le Lié, qui s’écoule du nord vers le sud, délimite la commune sur la totalité de sa partie est. L’Oust, qui dans ce secteur se confond avec le canal de Nantes à Brest, marque les limites de la commune dans sa partie sud. Une forte présence fluviale qui n’a bien évidemment pas manqué de façonner la cité avec une forte concentration de moulins à eau. Ce fût d’abord le cas à la fin du XVe siècle, avec la création de l’un des premiers moulins à papier de Bretagne par Robin Fouquet et Jean Crès. En 1484, ces maîtres imprimeurs éditent ainsi le premier incunable (1) breton : le trépassement de la Vierge. Ce fût ensuite le cas, du XIXe siècle à la seconde moitié du XXe, avec les nombreuses minoteries, notamment installées sur les rives du Lié. Les roues des moulins ne tournent plus depuis la fin des années 70, mais les vestiges patrimoniaux, à l’image du moulin de la fosse, subsistent toujours.

Une activité médicale développée

La commune compte par ailleurs de nombreux témoignages d’une forte culture religieuse. Outre de multiples calvaires et trois chapelles, le cœur du bourg est occupé par une vaste et imposante église. Reconstruit à la fin du XIXe siècle sur les ruines d’une ancienne église, cet édifice de style néo-gothique, dessiné sur le plan d’une croix latine, abrite quelques petites richesses. Mais dans ce domaine, l’abbaye de Timadeuc, reste le joyau du patrimoine architectural de la commune. Fondée en 1841, dans un ancien manoir, elle accueille aujourd’hui plus d’une vingtaine de moines qui partagent leur temps entre la prière et la production de fromage et de pâtes de fruit (lire Ici et Là n° 5 – mars-avril 2015).

Économiquement, la vie de Bréhan est dominée par l’agriculture. Sur une superficie totale de 5 165 hectares, on comptabilise en effet 5 000 hectares de terres agricoles. « Ici la terre est bonne. Il y a un siècle, on comptait près de 150 exploitations », précise le maire, Hervé Guillemin. Aujourd’hui, on en dénombre encore une soixantaine. À côté de la polyculture, l’élevage de vaches laitières y est particulièrement développé. Mais l’industrie est également présente. Spécialisée dans la valorisation des ressources naturelles et plus particulièrement les algues, la société Olmix affiche en effet plus de 150 salariés. De son côté, la société PRP (Procédés Roland Pigeon), qui produit des engrais et des fertilisants, compte aujourd’hui près d’une cinquantaine de salariés.

Mais ce qui fait la spécificité de la commune de Bréhan et qui représente la principale source d’emploi, c’est la présence d’une très forte densité de centres médicalisés. Une spécificité qui doit beaucoup à Jean Saulnier, médecin psychiatre et maire de la commune de 1968 à 1993. Si elle n’est pas la plus ancienne, la résidence Barr Heol, gérée par la fondation Claude Pompidou, demeure la plus connue. Spécialisée dans la prise en charge de la maladie d’Alzheimer, elle apparaît toujours comme un établissement pilote. Mais des maisons de Kerlaouën, Kervihan et Kersioul, en passant par le centre Gwenn Ran ou encore la maison de repos de Penker, on compte six centres médicalisés, générant  plus de 400 emplois.

Ces activités, auxquelles il convient d’ajouter un espace pluridisciplinaire de santé qui regroupe 25 professionnels, ne sont bien évidemment pas étrangères au développement démographique de la commune. Après être retombée sous la barre des 2 000 habitants dans les années 60, Bréhan enregistre en effet une hausse constante depuis le milieu des années 70, et dépasse aujourd’hui les 2 300 habitants.  Et cette dynamique ne devrait pas s’inverser puisque la commune vient de lancer un nouveau lotissement d’une vingtaine de lots avec un prix du m2 oscillant entre 12 € et 18 € pour les primo-accédants. Des nouveaux propriétaires qui pourront profiter des charmes de la campagne tout en bénéficiant d’une offre de services, de commerces et d’équipements scolaires adaptés à leurs besoins.

(1)  Se dit d’un ouvrage imprimé en occident avant 1500.

Breahn 2Interview : Hervé Guillemin, Maire de Bréhan

Élu à 22 ans, Hervé Guillemin a siégé pendant deux mandats au conseil municipal de Bréhan. Après un passage à Loudéac, où il a également été élu, il est premier magistrat de la commune depuis 2008.

Vous avez été réélu en mars 2015. 

Comment abordez-vous ce second mandat ? 

Avec plus de sérénité car je connais la fonction. Mais j’ai toujours la même envie de servir le mieux possible tous les concitoyens. Aujourd’hui, la difficulté réside dans l’élaboration de prospectives. Nous allons en effet devoir faire face à une diminution des dotations d’environ 140 000 € sur trois ans. Les nouvelles règles d’urbanisme vont en outre resserrer le périmètre constructible de 40 ha à 8 ha. Il convient donc de ne pas se tromper sur nos réels besoins.

Quels projets souhaitez-vous développer au cours des cinq prochaines années ?

D’abord, nous allons parfaire notre schéma pour un meilleur service public, notamment dans le domaine du transport. Nous allons acheter deux minibus et créer une régie pour adapter le système de transports communaux aux besoins des écoles et du centre de loisirs. Nous allons également engager la construction d’une cantine neuve pour les deux écoles et pour le portage des repas à domicile. Elle sera désormais située au plus près des écoles,  c’est-à-dire au centre du bourg.

Êtes-vous favorable à un rapprochement entre la Cidéral et Pontivy-Communauté ?

Oui, j’y suis bien évidemment favorable, mais il convient néanmoins de faire très attention. Nous avons une vocation et même une obligation à la régionalisation. Il serait souhaitable d’avoir une vision du territoire plus large encore avec un véritable département de Bretagne intérieure. Cela passera nécessairement par une jonction ou une fusion des petites communes. Nous devrons avoir le courage d’adopter un tel schéma tout en veillant à conserver les services de proximité.