Oui, bon, on est au courant. La taupe n’est pas vraiment la plus appréciée de nos petites bêtes presque domestiques. N’empêche… elle n’est pas « myope » et pas toujours « vieille », celle qui aime à décorer nos pelouses de jolis petits tertres. Parce que c’est beau aussi, une taupinière…
C’est beau et c’est du boulot ce joli monticule de terre fine, comme tamisée, patiemment et soigneusement disposée en un joli petit tertre remarquable. Aussi remarquable que les fanions que les golfeurs s’obstinent à planter dans leurs 18 trous pour mieux les repérer. Alors qu’il leur suffirait de « swinguer » ou de putter de taupinière en taupinière s’ils adoptaient le joli et gentil petit animal pour entretenir leur aire de jeu.
Faut dire qu’elle est taillée pour et qu’elle ne fait pas semblant notre mignonne galeriste excavatrice, quand lui prend l’envie d’explorer plus loin. Longue de 15 à 20 cm, accusant sur la balance entre 60 et 140 g, son corps cylindrique est couvert de poils sombres (taupe) implantés perpendiculairement à la peau. Très souples et très denses, se couchant dans le sens de sa progression, ils permettent à notre amie d’avancer ou de reculer très facilement.
Et c’est pas tout ! En sus d’être agile, à l’aise sous la pelouse, la belle petite grise est équipée comme un tunnelier de compétition. Polydactiles, ses pattes avant recouvertes de corne sont de véritables couteaux suisses du parfait fouisseur. Elles comptent en effet six doigts, dont un faux pouce d’un seul tenant faisant office de lame. Munis de griffes puissantes et réunis par une membrane presque jusqu’aux ongles, les doigts laborieux sont de véritables pelles.
Ainsi, d’un seul geste, forcément élégant, la belle ténébreuse creuse, coupe et évacue sa terre tamisée à la grande admiration du jardinier ou du golfeur, tous deux envieux de tant d’efficacité et de performance. De talent aussi ! Le tout réuni lui permet de creuser jusqu’à 20 mètres de galerie en une seule journée et ça, ça n’est pas à la portée du premier potagiste ou coureur de 18 trous venu.
On le répète : c’est du boulot. Et du beau, du très beau, une taupinière ! Et donc du très respectable. Moins performantes, les pattes arrière n’en sont pas moins dotées d’une sorte de protubérance destinée à faciliter le fouissement. Une machine de compète, on vous dit !
Dans le même registre, celui de rendre justice à notre nouvelle amie, précisons par ailleurs qu’elle n’est pas myope. Ses tout petits yeux n’y voient simplement pas grand chose. Mais bon, dans le noir des galeries, sans lampe torche, rien d’étonnant. Vous aussi, dans le noir, vous peinez souvent à trouver l’interrupteur.
Haute définition et 3D !
Mais attention. Dépourvue de pavillons auditifs externes, Mimi (on aime bien Mimi comme prénom) n’en entend pas moins parfaitement. Et c’est un sacré nez… que devraient se disputer les plus grands parfumeurs. Son odorat très puissant lui permet par exemple de repérer un ver ou une cochenille dans plusieurs centimètres de terre. Et cette super sensibilité nasale exacerbée est encore renforcée par les poils tactiles de son museau et son organe d’Eimer, sorte de papille externe. Une sorte de super détecteur si vous préférez. Pour résumer, la taupe voit avec son nez. Et sacrément bien, les mêmes images que nous zieutons sur nos grands écrans téléfooteux : en haute définition et en 3D !
Et quand y’en a plus, Mimi en rajoute une couche dans sa liste de ses super pouvoirs : son hémoglobine peut transporter bien plus de dioxyde de carbone que celle de la plupart des animaux. Elle peut ainsi se prélasser dans un milieu confiné pauvre en oxygène et riche en CO2. Mieux ! Elle peut respirer à nouveau l’air qu’elle a expiré, notamment grâce à ses balèzes de poumons.
Que conclure d’autre que « chapeau, Mimi la taupe » !