La paisible chapelle Sainte-Noyale, à mi-chemin entre Pontivy et le bourg de Noyal-Pontivy, a connu de grandes heures d’affluence du temps de la vicomté de Rohan. Elle était alors le siège de la plus vaste paroisse du vannetais qui englobait aussi les églises de Saint-Gonnery, Croixanvec, Saint-Gérand, Gueltas, Kerfourn et Saint-Thuriau.
Le culte voué à Noyale a fait de la chapelle un lieu de pèlerinage important. À l’intérieur, sur les lambris couvrant la nef, peints à la fin du XVIIe siècle, l’histoire de la sainte est présentée en six épisodes. Ils sont soigneusement mis en scène dans des cadres architecturaux en trompe-l’oeil, liés par des guirlandes, des pots fleuris et des cariatides, dont le style s’inspire des grands plafonds à caissons peint du temps de Louis XIV. Toute personne entrant dans la chapelle apprend ainsi que Noyale partit de Grande-Bretagne au début du Moyen Âge par suite d’un désaccord avec son père, roi de Cambrie. Souhaitant consacrer sa vie à Dieu, elle refusa d’être mariée et fuit avec sa servante. Elles traversèrent la Manche sur une simple feuille d’arbre et s’engagèrent dans les terres d’Armorique, en quête d’un ermitage. Sur leur chemin, elles rencontrèrent un chef de clan souhaitant à son tour épouser Noyale. Face au refus de la jeune femme, il la fit décapiter. Par miracle elle ne s’effondra pas, ramassa sa tête et poursuivit son chemin. Noyale devint ainsi une sainte « céphalophore » : qui porte sa tête. Arrivée à l’emplacement de l’actuelle chapelle, elle y aurait trouvé le lieu propice au repos éternel.
« Parlement de Noyal »
Les lambris peints sont d’époque moderne mais la chapelle ainsi que l’oratoire dédié à Saint-Jean et le calvaire, forment un ensemble dont le début de construction remonte à la première moitié du XVe siècle. La qualité de l’architecture gothique flamboyante, est justifiée par le besoin de montrer aux yeux des pèlerins la puissance de la paroisse autant que celle des Rohan. De fait, à la suite du pardon, à la fin du mois de juin, se déroulait la grande foire dite « la Noyale » pour laquelle marchands et acquéreurs venaient de France, d’Angleterre et d’Espagne et commerçaient la toile, le cuir, les chevaux et le vin. À cette période, l’affluence autour de l’église était également due au déroulement d’un temps fort judiciaire, pendant lequel les affaires civiles et pénales de la vicomté de Rohan étaient traitées. Il était alors question du « parlement de Noyal », tant l’événement avait d’importance. Lorsque l’église devint chapelle en 1463, la foire fut déplacée dans l’actuel bourg de Noyal-Pontivy, mais le pèlerinage et les pardons restèrent très fréquentés justifiant la commande des somptueuses peintures sur les lambris de couvrement, la création du clocher à lanternons au XVIIIe siècle et l’ajout de la sacristie dont la date de construction, 1719, est mentionnée sur le mur extérieur.
Un Pardon réputé
Le dimanche suivant la Saint-Jean, à la fin du moi de juin, est célébré le pardon de Sainte-Noyale. Il est l’un des rare à perpétuer la tradition de l’ange « pyrophore » : qui portent le feu. Une statue d’ange est fixée avec une poulie sur un filin, partant du haut du clocher vers le placître en contrebas. Un cierge est fixé dans ses mains afin qu’il allume symboliquement le « tantad », feu de joie symbole de purification.
Dans les années 1950-1960, la bénédiction des chevaux puis des tracteurs était aussi une spécificité du pardon de Sainte-Noyale, mais cette pratique n’a pas perduré.
Article réalisé en partenariat avec le pôle tourisme et patrimoine de Pontivy Communauté