Une cinquantaine de personnes ont assisté le 27 novembre dernier, dans le cadre du Mois du documentaire, à la projection de « La dame de Saint-Lunaire », salle Jeanne-d’Arc. Une fréquentation encourageante pour les membres de l’association Cinémûr, en quête d’un nouveau souffle, qui veulent orienter leur programmation vers ce genre cinématographique.
L’audace a payé. Après presqu’un an d’écran noir, l’association Cinémûr, à Mûr-de-Bretagne, reprenaient du service le 27 novembre dernier, à l’occasion du Mois du documentaire. À l’affiche : « La dame de Saint-Lunaire », en présence de sa réalisatrice Agathe Oléron. La projection a été suivie d’un moment d’échanges avec le public. Quelque 50 spectateurs ont pris place dans la salle Jeanne-d’Arc. « C’était la fréquentation que nous espérions ! », se satisfait Nadine Azoulay, coprésidente avec Yvonne Madoré, de l’association Cinémûr.
Cette séance avait valeur de test pour les membres de Cinémûr, dont la volonté est d’orienter leur programmation vers les films documentaires. Un genre qui devrait, espèrent-ils, redonner un nouveau souffle à l’activité cinématographique de Mûr-de-Bretagne.
Circuit « Boucheron »
L’association Cinémûr a été créée en 2004, sous l’impulsion de Thérèse Salaun, alors adjointe à la culture. « Elle voulait étoffer l’offre culturelle sur la commune, déjà forte de la médiathèque et de la ludothèque », rappelle Yvonne Madoré. Dans les premières années, quatre séances étaient programmées tous les deux mois, dans la salle Jeanne-d’Arc. C’était l’époque du circuit « Boucheron », du nom du projectionniste indépendant qui assurait une tournée dans huit communes costarmoricaines. À Mûr-de-Bretagne, les séances avaient lieu tous les quinze jours, le mercredi, le jeudi et le vendredi, et le public était au rendez-vous. « Certains films, tel que » Un long dimanche de fiançailles « , » Bienvenue chez les Ch’tis » ou encore » Intouchables « , ont fait un carton plein », se souvient Nadine Azoulay. Si Jean Boucheron apportait son matériel, l’association Cinémûr, elle, choisissait, la programmation, gérait la communication, la billetterie…
L’avènement du numérique met un coup de frein au cinéma à Mûr-de-Bretagne. « Nous n’étions pas équipés pour. Il aurait fallu faire d’importants travaux dans la salle et l’association n’en avait pas les moyens », explique Hervé Cureau, membre actif de l’association. Parallèlement, Jean Boucheron prend sa retraite… Pour compenser, Cinémûr décide alors de projeter des DVD. La fréquentation chute…
Une réflexion est alors entamée pour faire perdurer l’activité cinématographique mûroise. Le film documentaire est à la mode… Pour autant, les cinémas de Pontivy ou Loudéac sont un peu trop loin pour suffisamment motiver à faire le déplacement pour ce genre de films. Les membres de l’association Cinémûr y voient donc une belle carte à jouer. « Le documentaire pourrait aussi donner une nouvelle identité à la programmation de la salle Jeanne-d’Arc, cela pourrait devenir la marque du cinéma de Mûr-de-Bretagne », anticipe Nadine Azoulay.
Les membres de Cinémûr se sont rapprochés de l’association Ty films. Basée à Mellionec, cette dernière est spécialisée dans le genre et organise les « Rencontres du film documentaire » dont la 11e édition aura lieu en juin prochain. « Elle dispose d’un fonds d’œuvre, riche, dans lequel nous allons pouvoir puiser. Notre volonté est de varier les plaisirs avec des faits de société, des documentaires régionaux, à destination du jeune public… », annoncent en chœur les trois responsables.
Prochaine séance en février
La prochaine séance pourrait être programmée en février. Dans un premier temps et raisonnablement, Cinémûr prévoit une projection mensuelle. « À court terme, on aimerait bien passer à deux documentaires par mois ». L’envie est là, les bénévoles (une quinzaine âgés de 27 à 70 ans) motivés à se répartir les tâches, les idées fourmillent… « Pourquoi ne pas organiser un événement qui marquerait le renouveau de Cinémûr ? », imagine en toute spontanéité Nadine Azoulay. Prochainement dans votre salle mûroise…
3 questions à Nadine Azoulay et Yvonne Madoré, coprésidentes de Cinémûr
En quoi est-ce important, pour vous, de faire perdurer le cinéma à Mûr-de-Bretagne ?
Y. Madoré. Déjà pour continuer à faire vivre la salle Jeanne-d’Arc qui est une salle historique à Mûr-de-Bretagne. Elle date de 1947 et est toujours aujourd’hui la propriété de l’association catholique des chefs de famille. Aujourd’hui elle n’est occupée que trois mois dans l’année, par la troupe des Tréteaux mûrois, avec laquelle nous partageons la location. En dehors de la saison théâtrale, elle ne sert pas. Or, c’est une belle salle, dont l’isolation vient d’être entièrement refaite et les murs ont également été rafraichis. Nous avons également cofinancé avec les Tréteaux mûrois, un nouveau système de sono. L’investissement a représenté
1 200 €. Et puis, faire perdurer le cinéma à Mûr-de-Bretagne, c’est aussi contribuer à la dynamique culturelle du Centre Bretagne.
Avec cette programmation axée sur le documentaire, des partenariats culturels seront possibles ?
N. Azoulay. C’est en effet tout à fait envisageable. Notamment avec la ludothèque et la médiathèque, qui pourraient à leur manière, à travers des expositions ou des présentations de livres, relayer le thème du film que nous programmons. Avec les écoles aussi. On pourrait participer par exemple à l’opération « Collège au cinéma ». Pour l’instant, nous ne sommes qu’au début de notre projet, mais ce sont des pistes de réflexion.
Comment voyez-vous l’avenir de Cinémûr, d’ici 5 à 10 ans ?
N. Azoulay. Ce qui serait génial, c’est qu’en plus des documentaires, nous puissions étoffer notre programmation avec des fictions. Une programmation qui n’oublierait personne : grand public, jeunes, amateurs de documentaires ou de films de genre… Et proposerait des séances à un rythme plus important.
Y. Madoré. Notre volonté, c’est vraiment que les Mûrois reprennent du plaisir à venir au cinéma dans leur commune !