Troisième volet de notre série sur les cinémas du Centre Bretagne avec le Cithéa de Plouguenast. Un cinéma associatif qui propose des séances chaque semaine grâce à la mobilisation d’une quarantaine de bénévoles passionnés.

« Participer à l’animation du territoire et favoriser l’accès aux œuvres cinématographiques en milieu rural », telles étaient, dès l’origine, les missions que s’était assignées l’association Jeanne d’Arc, en créant le cinéma de Plouguenast. C’était en 1929. Depuis, le cinéma a gagné son autonomie, mais reste toujours fidèle à ses objectifs initiaux.

Dans cette petite commune de moins de 2 000 habitants, le cinéma aurait sans doute eu bien du mal à survivre sans la passion d’une équipe de bénévoles. Ils sont aujourd’hui une quarantaine à se relayer chaque week-end pour faire vivre l’équipement. Parmi eux, Alain Gourdel affiche 37 années de présence active. Depuis dix ans, il est même le président de l’association. « J’ai débuté comme projectionniste, sourit-il. Nous passions parfois des copies abîmées provoquant des traits blancs sur l’écran. D’autres fois, c’était le film qui cassait et il fallait alors réparer et faire patienter le public. » Une autre époque ! Car si le petit cinéma rural ne dispose pas des mêmes moyens que ses concurrents, il a bien fallu s’adapter. Depuis 2013, le Cithéa dispose en effet d’une salle de projection numérique. Pour améliorer le confort des spectateurs, des travaux de rénovation sont également régulièrement engagés.

Les Ch’tis, un record

Chaque fin de semaine, c’est dans une petite salle de 177 fauteuils que les cinéphiles peuvent assouvir leur passion du 7e art. De mai à septembre, le cinéma propose quatre séances du jeudi au dimanche soir. D’octobre à avril, le cinéma est fermé le jeudi soir mais  programme trois séances le dimanche.

S’agissant de la programmation, les bénévoles doivent s’adapter aux règles imposées par les distributeurs. « Nous ne pouvons présenter qu’un ou deux films par an, en sortie nationale, reconnaît le président. En général, nous le projetons entre une et trois semaines après sa sortie. » Un handicap compensé par un bouche-à-oreille qui fonctionne très bien parmi une clientèle fidèle. Résultat, le Cithéa affiche chaque année une fréquentation qui oscille en 6 000 et 7 000 spectateurs, sans compter le festival de cinéma sur la ruralité, organisé au mois de mars (lire ci-contre). Un chiffre qui peut néanmoins augmenter très fortement en fonction des sorties nationales. Ce fût notamment le cas en 2008, avec
« Bienvenue chez les Ch’tis ». Avec plus de 2 000 spectateurs, ce film avait à lui seul, comptabilisé plus du quart des entrées de l’année.

Marion Cotillard marraine 

marion-cotillard.2Pour les bénévoles, c’est pourtant un événement organisé une année plus tôt, qui reste à jamais gravé dans leur mémoire : la venue de Marion Cotillard pour la sortie du film « La Môme », en avril 2007. « Un bénévole de l’association connaissait la grand-mère de l’artiste, originaire de Laurenan, rappelle Alain Gourdel. Contactée, elle a accepté de venir à Plouguenast. » Si l’organisation de cette journée historique n’a pas manqué de provoquer quelques sueurs froides au président, elle demeure inoubliable. « Nous avons dû gérer la foule et les médias mais ça a été une journée familiale et conviviale formidable. » À l’issue de cette visite Marion Cotillard a même accepté de devenir la marraine du cinéma. Une marraine qui est bien évidemment l’invitée permanente du Cithéa. Et une nouvelle visite de la star, est forcément espérée…

 

Une histoire du cinéma à Plouguenast

Créée en 1929 par un patronage, la salle de cinéma a d’abord eu une vocation polyvalente. Les jeunes pouvaient en effet y pratiquer de la gymnastique, de la musique ou encore du théâtre. Dans les années 50, la polyvalence de salle est réduite aux activités théâtrales et cinématographiques. Un plancher incliné est mis en place et des fauteuils d’occasion sont installés. Rénové une première fois en 1981, le cinéma s’offre une nouvelle cure de jouvence en 2004 et un nom de baptême : le Cithéa.

 

3 questions à Alain Gourdel, Président du cinéma

IMGP5519Chaque année vous organisez le festival du cinéma sur la ruralité. Pouvez-vous nous expliquer les objectifs de cette manifestation ?

Créé en 2008, le festival « Terres et films d’ici et d’ailleurs… », souhaite mettre en avant les problématiques de la vie à la campagne. Il permet d’attirer un public différent de celui qui vient au Cithéa toute l’année. La programmation mêle des films grand public et des longs métrages plus confidentiels. À chaque fois, les projections sont suivies d’un débat auquel participe parfois le réalisateur ou des comédiens. 

Comment s’est déroulée la 9e édition, en mars dernier ?

Du 11 au 21 mars, nous avons proposé 24 séances et enregistré 1 300 entrées. Soit tout de même une progression de 30 % par rapport à l’année précédente. Nous avons programmé différents documentaires souvent peu connus mais d’une grande qualité. Des comédies comme « Médecin de campagne », avec François Cluzet ou encore « La vache », avec Jamel Debouze… étaient également à l’affiche. C’est un mélange des genres qui fonctionne bien.

L’an prochain, vous fêterez le 10e anniversaire de ce festival. Allez-vous réserver des surprises aux spectateurs ? 

Nous travaillons déjà à la 10e édition du festival et nous allons sans doute proposer quelque chose de particulier. Mais nous sommes forcément tributaires des sorties ! Certains ont évoqué l’idée de reprogrammer les films cultes qui ont marqués les neuf éditions. C’est une idée mais rien n’a encore été arrêté. 

 

Pratique

De mai à septembre, séances les jeudi, vendredi, samedi et dimanche, à 20 h 30.

D’octobre à avril, séances le vendredi et le samedi à 20 h 30. Le dimanche à 10 h, 17 h et 20 h 30.

Tarif plein : 6 €.

Carnet de dix entrées : adulte, 45 € ; enfant, 30 €.

www.cithea.net