Suite de notre série sur les cinémas du Centre Bretagne, avec Quai des images à Loudéac. Municipal, il veut servir la diversité cinématographique et favoriser les échanges et rencontres autour des œuvres.

Isabelle Allo se souvient très bien de la toute première séance au cinéma Quai des images. « C’était le 19 septembre 2007 à 14 h 45. Nous avons projeté « L’île de Black Mor », en présence de son réalisateur, le Costarmoricain Jean-François Laguioni », rappelle la directrice. Dès le départ, le ton était donné, le projet de Quai des images, bien marqué.

« Notre volonté était de lui insuffler un esprit de découverte, d’échanges. Nous voulions un cinéma qui propose différentes formes cinématographiques, fiction, court métrage, documentaire ; qui permette la rencontre du public avec des réalisateurs, des auteurs, des techniciens, des spécialistes autour d’une œuvre. Un cinéma qui, entre films grands publics et films moins porteurs, soit le reflet de la diversité cinématographique telle qu’elle existe ! », martèle Isabelle Allo.

Neuf ans plus tard, cette diversité se retrouve toujours à l’affiche du cinéma loudéacien. Avec un début d’année 2016 qui a vu par exemple se côtoyer les très attendus « Chocolat », « La tour 2 contrôle infernal », « Alvin et les Chipmunks » avec les plus confidentiels « 45 ans », classé art et essai ou « Les délices de Tokyo », labellisé recherche et découverte. En mars, trois réalisateurs et un acteur sont invités à venir commenter leur œuvre, fiction ou documentaire.

Entre cinq et huit films par semaine

Entre cinq et huit films différents sont programmés chaque semaine, répartis sur 36 séances en moyenne, dans les deux salles de Quai des images. En plus du classement art et essai et de celui de recherche et découverte, il détient aussi les labels jeune public et répertoire et patrimoine.

Quai des images est le seul cinéma municipal des Côtes d’Armor, « et l’un des quatre bretons », ajoute Isabelle Allo. Quand l’ancien cinéma Espace Royal a fermé en 2005, la ville qui en avait déjà racheté les murs et le fonds, a décidé de raser la salle vétuste pour reconstruire, au même endroit, un équipement neuf. 1,7 M € ont été investis dans ces travaux.

« C’est indispensable, pour une ville de 10 000 habitants comme Loudéac d’avoir un cinéma et c’était important de le maintenir en centre-ville pour favoriser aussi les autres commerces du centre. Il doit servir de locomotive. Quant à sa gestion municipale, elle lui confère un caractère convivial et de proximité qui contraste avec l’ambiance plus impersonnelle des multiplexes », motive Monique Collet, adjointe à la culture.

37 863 entrées payantes en 2015

Aujourd’hui et aux côtés de la médiathèque ou du palais des congrès, Quai des images, qui emploie quatre salariés, s’inscrit comme un lieu culturel incontournable de Loudéac. En 2015, 37 863 entrées payantes y ont été enregistrées. Dont 2 182 pour « Star Wars », en décembre. C’est finalement de justesse que le blockbuster américain a détrôné au box office de l’année le phénomène français « La famille Bélier » et ses 2 044 entrées à Loudéac sur le seul mois de janvier. Les « Minions » (1 412 entrées) complète le trio de tête.

Une histoire du cinéma à Loudéac

Crée par M. Davalan, le cinéma privé Le Royal ouvre, boulevard Victor-Etienne, le vendredi 26 mars 1971. À l’affiche, un seul film : « Le gendarme en balade » avec de Funès.  Le succès est immédiat et la salle programme quelques grands succès de l’époque : « Le vieux fusil »,  « E.T », tous les De Funès et Belmondo… Au milieu des années 1980, la concurrence télévisuelle et le développement de la vidéo portent un coup aux cinémas. La retraite approchant, M. Davalan décide de vendre sa salle au couple Bessac. L’ Espace Royal succède ainsi au Royal. La municipalité rachète les murs en 1992, puis le fonds en 2001. Si les Bessac restent exploitants, le projet de la ville de créer un nouveau cinéma est clairement annoncé. Le 30 septembre 2005, c’est sur une projection de « Ma vie en l’air » que le cinéma Espace Royal ferme ses portes. Les travaux de construction de Quai des images ont démarré moins d’un an plus tard.

3 questions à Isabelle Allo, directrice de Quai des images

quai des images loudeac cinémaVous avez noué de nombreux partenariats avec différents acteurs culturels locaux. Dans quel but ?  

Ils nous permettent de mettre en place tout un panel d’animations, diverses et variées. Avec la médiathèque, par exemple, nous proposons l’opération « Ciné contes », pendant laquelle une animatrice vient lire une histoire en rapport avec un film. Nous organisons aussi « Cinescalade », avec l’association Escal’Armor, qui consiste à projeter des films sur des sports extrêmes avec intervention de spécialistes. Nous participons à une résidence artistique avec le lycée Saint-Joseph ou encore à un festival autour du cinéma allemand avec le collège des Livaudières… Tout cela entre dans le projet de Quai des images d’être un outil culturel à part entière. 

En 2015, le nombre d’entrées est en légère baisse…

Nous avons en effet une perte de 1,17 % de spectateurs par rapport à 2014. Mais cette baisse est moins importante que la moyenne nationale qui se situe à 1,4 %. Notre objectif reste d’atteindre les 40 000 entrées.

Une troisième salle permettrait-elle d’atteindre cette fréquentation ?

Oui, car elle nous permettrait de mieux travailler avec les films, par exemple de les programmer plus longtemps et d’en avoir plus en sortie nationale notamment des films art et essai porteurs. Avec une troisième salle, l’idée, ce ne serait pas d’augmenter le nombre de fauteuils mais le nombre de films et de projections et ainsi de gagner en confort pour la programmation. Mais, ce n’est pas à l’ordre du jour. 

Site internet : www.cinemaquaidesimages.org