Loin des idées reçues, la population du Centre Bretagne augmente. Entre 2007 et 2012, elle a en effet progressé de 3,45 % et affiche désormais près de 145 000 habitants. Une éclaircie dans la grisaille ambiante et un enjeu pour le développement du territoire.

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Un peu plus de 3,25 millions ! C’est le nombre d’habitants que comptait la Bretagne, au 1er janvier dernier. Surtout, la population de la région est en augmentation constante d’environ 0,7 % par an, une croissance supérieure de 0,2 % à celle de l’ensemble du territoire. Cela n’a bien évidemment pas toujours été le cas. Dans la première moitié du XXe siècle, les guerres et l’exode rural ont engendré une baisse constante de la population bretonne. À partir des années 50 toutefois, une lente progrression s’est amorcée. Régulière, elle est néanmoins restée modérée et il a fallu attendre 1975, pour que la Bretagne retrouve une population équivalente à celle qu’elle comptait en 1911 : 2,6 millions d’habitants.

Au fil des décennies de la seconde moitié du siècle dernier, l’effet conjugué de la natalité et de l’immigration, a accéléré l’accroissement de la population. Une dynamique qui s’est encore renforcée depuis la fin des années 90. Elle ne s’est pas affaiblie depuis et la Bretagne a passé le cap des 3 millions d’habitants en 2003. Devenue particulièrement attractive, elle enregistre aujourd’hui l’une des plus fortes croissances de la métropole.

La campagne se développe

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Pour une très large majorité, les Bretons vivent à la campagne (lire encadré). On estime actuellement leur nombre à plus de 2,2 milions. Dans une étude publiée en 2011, Carole Rieu, chercheuse à l’Insee explique ainsi « qu’en 40 ans, les campagnes bretonnes ont gagné plus d’un quart de la population, une augmentation comparable à celle de l’ensemble de la région ». Une progression certes irrégulière dans le temps, mais beaucoup plus forte depuis le début des années 2000. Et selon elle, « la croissance récente se démarque des périodes précédentes puisqu’elle concerne, cette fois, tous les territoires ruraux et pas seulement les espaces périurbains ». Concentrées essentiellement autour des grandes villes ou en bordure littorale, les zones de croissance démographique s’étendent désormais aussi aux terres les plus rurales du cœur de la région.

C’est assurément le cas de la région de Loudéac-Pontivy. En 2008, une étude réalisée par les conseils de développement des pays de Pontivy et du Centre Bretagne (1), révélait ainsi que « le secteur Pontivy-Loudéac est l’un des seuls à avoir résisté à l’érosion démographique de la Bretagne intérieure ». En effet, entre 1962 et 2005, la population de cette aire géographique est restée globalement stable. Forcément, comme à l’échelle régionale, le territoire a néanmoins connu des phases contrastées, au cours de cette période.

Après une baisse notable dans les années 60, un retournement de tendance s’opère à la fin de la décennie. Jusqu’au début des années 80, le territoire renoue avec la croissance démographique, grâce notamment à un solde migratoire qui redevient positif. Cette embellie correspond à une période faste sur le plan économique. Lors des deux décennies suivantes (1982-1999), le cumul des soldes migratoires et naturels, négatifs ou nuls, se traduit par une nouvelle baisse de la population.

De la fin des années 60 à la fin des années 90, la population se concentre très nettement autour de trois  pôles d’emploi : Pontivy, Loudéac et Locminé. Pendant cette période, l’évolution de la répartition de la population est fortement liée à l’évolution de l’emploi. Il y a un transfert des communes rurales où l’emploi était agricole,  vers les pôles d’emploi industriel qui se sont développés avec l’émergence de l’agroalimentaire.

Autour des grands axes

Mais, depuis 1999, le territoire connaît un indiscutable retournement de tendance. Si la concentration autour des pôles se poursuit, un autre phénomène semble prendre de l’ampleur : la concentration autour des grands axes de communication. Une évolution liée à l’accroissement des aires d’influence d’agglomérations telles que Rennes, Vannes, Lorient ou encore Saint-Brieuc.

Il y a six ans, les auteurs de l’étude expliquaient « qu’il est encore trop tôt pour conclure à une inversion durable de la courbe, mais les effets de cette évolution sont perceptibles dans de nombreuses communes ». Les chiffres du recensement de la population, publiés par l’Insee au mois de janvier dernier, semblent d’ailleurs le confirmer. En passant d’environ 135 000 à près de 140 000 habitants, entre 2007 et 2012, la population des pays de Pontivy et du Centre Bretagne a ainsi progressé de 3,45 %. Si ici comme ailleurs, la tendance au vieillissement de la population se confirme, son accroissement apparaît forcément comme un élément très positif pour le développement du territoire.

(1) « La Bretagne intérieure face à son avenir », réflexion prospective des conseils de développement des pays de Pontivy et du Centre Bretagne. Juin 2008.

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Comment définir la campagne ?

Pour appréhender le rural dans sa globalité, l’Insee a préconisé dans un rapport pour la Datar de 2003 un large périmètre de cet espace, sous le nom de référentiel rural élargi. Cet espace rural élargi s’étend des espaces périurbains, y compris autour des grandes villes, aux communes les plus rurales en passant par les petites et moyennes villes. Il exclut en revanche les plus grandes villes : les unités urbaines de plus de 30 000 habitants.

Les habitants de ces espaces partagent un même sentiment de vivre à la campagne, dans des paysages peu denses et qui restent marqués par les espaces naturels et agricoles. Dans cette étude, ces territoires sont qualifiés d’espaces ruraux, ou encore de campagnes.

D’une commune à l’autre… une situation contrastée

Si la population a globalement progressé dans le Centre Bretagne, entre 2007 et 2012, la situation apparaît contrastée selon les communes. Alors que deux tiers d’entre elles affichent une hausse, un tiers enregistrent en revanche une baisse.

Le Centre Bretagne, un territoire rural ! C’est une évidence. Près de 55 % des 95 communes qui composent les pays de Pontivy et du Centre Bretagne, comptent en effet moins de 1 000 habitants. Et dans cette catégorie, 21 des 52 communes affichent même moins de 500 habitants. Et trois d’entre elles comptabilisent même moins de 200 habitants (Croixanvec, Saint-Launeuc et Sainte-Brigitte).

La strate des communes dont la population est comprise entre 1 000 et 2 000 habitants est également particulièrement bien représentée. On en compte en effet 25, soit un peu plus de 26 % du total. La troisième catégorie, celle des communes qui comptabilisent une population comprise entre 2 000 et 3 000 habitants, représente quant-à-elle, près de 16 % du total, soit 15 communes. Enfin, sur l’ensemble du territoire, on ne compte que trois communes de plus de 5 000 habitants : Pontivy, Loudéac et Baud.

Si entre 2007 et 2012, le territoire a gagné près de 5 000 habitants, en passant de 134 899 à 139 560, cette évolution cache toutefois de grandes disparités. Alors que 61 communes enregistrent une progression (supérieure à 10 % pour neuf d’entre elles), 32 communes doivent composer avec une baisse du nombre de leurs habitants. Enfin, deux communes n’ont pas enregistré la moindre variation entre ces deux dates : Caurel et Silfiac.

Dans ce tableau, ce sont majoritairement les communes les plus rurales qui enregistrent une diminution de leur population. 75 % des communes en déclin démographique, comptent en effet moins de 1 000 habitants. À l’inverse, les communes dont la population est supérieure à 2 000 habitants affichent un réel dynamisme démographique. À l’exception de Merdrignac (où la baisse est néanmoins contenue à moins de 1 %), toutes affichent une hausse entre 2007 et 2012.

Comment s’effectue le recensement ?

Chaque année, au 1er janvier, l’Insee, livre les derniers chiffres de la population française. Mais attention, le chiffre officiel 2015, correspond en fait à la population mesurée ou estimée, au 1er  janvier 2012.

Car en effet, le mode calcul a été modifié. Institué en 1801, le recensement s’est d’abord déroulé tous les cinq ans, jusqu’en 1936. De 1946 à 1999, les intervalles intercensitaires ont varié de six à neuf ans. Depuis janvier 2004, le comptage traditionnel a été remplacé par des enquêtes de recensement annuelles.

Les communes de moins de 10 000 habitants continuent d’être recensées exhaustivement, comme lors des précédents recensements mais, désormais une fois tous les cinq ans.

Les communes de 10 000 habitants ou plus font, quant-à-elles, l’objet d’une enquête annuelle auprès d’un échantillon de 8 % de la population, dispersé sur l’ensemble de leur territoire.

 

Ici et là ! Retrouvez le dossier complet “Démographie : perspectives en Centre Bretagne” sur la version en ligne du numéro concerné : Ici et là numéro 5