C’est une évidence, la Bretagne n’est pas une terre emblématique de la bière comme peuvent l’être la région Nord ou l’Alsace. Depuis quelques années pourtant, elle prend largement sa part dans le renouveau de la brasserie française. Particulièrement dynamique, le Centre Bretagne ne reste pas à l’écart de ce phénomène. Dans les pays de Loudéac et de Pontivy on compte en effet sept microbrasseries. Et ce n’est sans doute pas fini…

Ah, sacré Charlemagne ! Si les écoliers savent ce qu’ils lui doivent, les buveurs de bière, sans doute un peu moins ! C’est pourtant lui, le plus célèbre des rois de la dynastie des Carolingiens, sacré empereur d’occident en l’an 800, qui va autoriser les abbayes à brasser et à commercialiser de la bière. Les moines bretons ont sans doute profité de cette autorisation, mais les historiens demeurent prudents sur le sujet, car aucune preuve concrète ne le confirme.

Il faut attendre le XVIIe siècle pour dater avec certitude l’arrivée des premières brasseries en Bretagne. Le plus souvent, elles voient le jour, à l’initiative d’Irlandais ou de Flamands, venus s’installer dans la péninsule armoricaine. C’est le cas de John Fagan, émigré irlandais, qui fonde en 1624, à Quimper, la première brasserie attestée dans la région. La consommation de la bière demeure encore relativement limitée par rapport à celle du vin et du cidre, mais les brasseries vont tout de même se développer. Dans le Centre Bretagne, c’est notamment le cas de l’Irlandais O’Sullivan, qui s’installe à Quintin en 1715, ou de Gilles Coenen, originaire du Brabant, qui débarque à Pontivy, en 1752.

Le XIXe siècle apparaît comme une période dorée pour la bière. La production explose de 3 à 13 millions d’hectolitres en 100 ans. En Bretagne aussi cette période est synonyme d’expansion brassicole. Plus d’une centaine de brasseries se créent dans les cinq départements. C’est la naissance des premières dynasties dont Henri Duringer, à Pontivy. Né en Bavière, il échoue à Pontivy, redresse la brasserie locale, avant de la reprendre en 1821. La révolution industrielle va profondément modifier la brasserie française et bretonne. Le chemin de fer va en effet bouleverser le commerce de la bière. La production était jusque-là réservée au marché local et livrée aux alentours, à dos de cheval. Avec le rail, le vin d’orge peut désormais s’exporter. Parallèlement les brasseurs vont bénéficier des découvertes de Louis Pasteur. Dans une étude sur la bière, publiée en 1876, il conseille aux brasseurs de chauffer la bière pour prévenir la maladie… C’est la pasteurisation.

La bière supplante le vin

Si les brasseries prospèrent en Bretagne, la consommation ne décolle toujours pas. Ça va changer au début du XXe siècle. Les brasseurs s’affairent à produire un nouveau style de bière, les lagers, autrement dit les blondes… Ils produisent désormais une bière de qualité constante grâce à la maîtrise des températures. Pour les jeunes générations la bière va supplanter le vin, mais alors que la consommation croit, le nombre de brasseries va paradoxalement chuter. Après les deux guerres mondiales et à l’heure des concentrations internationales, en Bretagne comme ailleurs, les petites marques locales disparaissent ou sont rachetées par de grands groupes. Le tissu de brasseries bretonnes se réduit à la portion congrue au fil de la concentration du secteur.

À Brest, Kerinou ferme en 1981, les Brasseries nantaises ferment en 1987, l’usine rennaise de Kronenbourg a fermé en 2003… Au moment où les derniers sites industriels régionaux en activité disparaissent, une nouvelle génération de brasseurs émerge. Des passionnés commencent à brasser, dans leur cuisine ou leur garage. Puis ils installent de véritables ateliers et créent leur microbrasserie. De taille modeste, parfois accolée à un bar, leur entreprise cible une clientèle locale. Produisant la plupart du temps des bières de fermentation haute, des Ales, elles relancent la bière locale. Plus besoin de couteux dispositifs de pasteurisation, pour une petite entreprise écoulant sa production dans des circuits courts. Lancé dans les années 1970 aux États-Unis, le phénomène s’étend à l’Angleterre puis au reste de l’Europe. La Bretagne ne reste pas à l’écart de ce renouveau. Le premier établissement artisanal du genre dans l’hexagone est lancé à Morlaix en 1985, c’est Coreff. Un nom toujours emblématique pour de nombreux Bretons. Coreff a lancé la résistance et dans son sillage de nombreuses brasseries ouvrent et étoffent un peu plus la mosaïque des bières bretonnes. En 2001, on dénombre déjà plus d’une vingtaine de professionnels. Mais la bière artisanale demeure encore méconnue et il faut convaincre le consommateur de boire autre chose que de l’industrielle. Deux décennies plus tard, les brasseries sont solidement installées en Bretagne et les autochtones plébiscitent leurs bières. En octobre 2021, le site bièresbretonnes.fr, en recensait 225 sur les cinq départements de la Bretagne historique !

Une nouvelle génération de brasseurs

Ces fabriques de bière revisitent à la sauce bretonne les recettes belges, allemandes, anglaises ou américaines. Si certains consommateurs ne jurent que par une marque, d’autres sont au contraire avides de nouveautés. Bières de fermentation basse voisinent ainsi avec les bières au froment, ale, porter, stout ou India pale ale, le nouveau style fruité et amer à la mode venu d’outre-Atlantique. Désormais, la nouvelle génération d’artisans peut élargir encore un peu plus la gamme des goûts et imaginer des savoir-faire inédits. Au centre de leur réflexion les matières premières. Inventer une bière en Bretagne, c’est bien. En créer une avec des ingrédients originaires de la région, c’est mieux. Ces brasseries sont la tête de pont d’une filière qui se met en place, avec des producteurs d’orge, des malteries et désormais des producteurs de houblon. L’idée, à terme, est de brasser une bonne bière bretonne avec un maximum de matières premières locales. C’est notamment l’ambition des précurseurs de la mirobrasserie en Centre Bretagne : la brasserie Saint-Georges, à Guern (page 8), L’Âne Brasseur, à Saint-Aignan (page 9) ou encore la brasserie des Amis, à Bignan (page 11). Depuis deux ans et l’arrivée de nouveaux brasseurs, le territoire du Centre Bretagne apparaît aujourd’hui riche de sa diversité. De la brasserie de Torlann, à Malguénac (page 12), à la brasserie le 90, à Bignan (page 18), qui vient tout juste d’ouvrir ses portes, en passant par la brasserie Triskell, à Évellys-Remungol (page 14) ou la brasserie de Guerlédan, à Mûr-de-Bretagne (page 16), elle affiche aussi sa spécificité. Ici, chaque bière ressemble à son brasseur.

Pour en savoir plus
Cet article a été réalisé à partir
de larges extraits du livre
de Thierry Gabriel :
« La bière bretonne, histoire,
renaissance et nouvelle vague ».
Les éditions du coin de la rue,
21€

GUERN

LA BRASSERIE SAINT-GEORGES

Brassée dans un petit hameau de la commune de Guern depuis 2011, la Saint-Georges est la première bière du Centre Bretagne à s’être fait un nom dans l’univers des microbrasseries bretonnes.

Produire de la bière en plein coeur du Centre Bretagne… C’est le pari lancé, il y a maintenant plus de dix ans, par Jérôme Kuntz. Originaire d’Alsace et tout juste diplômé en biologie, il n’a qu’une idée en tête : monter sa microbrasserie. Pendant quelques années, il creuse le projet, concocte des recettes et prospecte pour trouver un lieu d’installation. Les petits boulots alimentaires qu’il enchaîne pendant cette période le font voyager dans différentes régions du pays. Mais c’est finalement en Centre Bretagne, où il débarque pour travailler comme paysagiste, qu’il décide de se fixer. En 2011, il s’installe dans une petite ferme abandonnée du hameau de Saint-Georges, à Guern, et concrétise enfin son projet de vie professionnelle.

« Offrir du plaisir »

Adepte des circuits courts et de la culture bio, il a souhaité développer une filière cohérente. Pour l’orge, l’intégralité de la production provient de la ferme d’un agriculteur bio de Melrand. Pour le houblon, c’est plus compliqué. La moitié est produite par des fermes alsaciennes labellisées en agriculture biologique et l’autre par des producteurs bretons. Depuis quelques années, Jérôme a également développé sa propre houblonnière. « C’est une variété que je ne trouvais pas en Alsace, précise-t-il. C’est une culture simple mais la récolte est très fastidieuse. » Aujourd’hui, elle assure 5 % de ses besoins. Sa volonté d’améliorer constamment la gestion des ressources se traduit également dans le processus de production, sous mention « Nature et Progrès ». La bière est brassée au fourquet (pelle percée). La mise en bouteille, le capsulage, l’étiquetage, sont réalisés à la main sans autres énergies que celle du brasseur. Depuis quelques années, il a stabilisé sa production annuelle aux alentours 30 000 bouteilles. « Plutôt que d’augmenter le volume de production, je souhaite développer la gamme d’une bière populaire et de qualité pour offrir du plaisir aux consommateurs », explique-t-il. Outre deux bières vendues tout au long de l’année (une blonde, « fruitée, parfumée à la menthe bergamote du jardin » et une rousse, « douce sans être sucrée et à l’amertume équilibrée »), Jérôme propose également des variétés en éditions limitées. Une demi-douzaine d’autres bières sont ainsi régulièrement disponibles : une brune, « à la robe foncée aux reflets rubis et la mousse crémeuse » ; une bière d’automne, « qui développe des notes tourbées et terreuses » ; une bière d’été, « désaltérante aux fines notes florales » ; une bière avec le houblon du jardin « aux accents de malt, de résine de houblon et d’agrume » ; ou encore Aux Anges, une bière blonde aux notes épicées, uniquement disponible dans le bar-resto du même nom, à Guern. Outre la vente directe à la brasserie (le jeudi, de 17 h à 19 h), ses bières conditionnées en bouteilles de 50 cl et de 75 cl, sont également disponibles sur de nombreux marchés de producteurs et dans certaines épiceries de la région.

La Brasserie Saint-Georges

11, Saint-Georges – Guern
06 66 50 22 75
www.brasseriesaintgeorges.fr

 


SAINT-AIGNAN

L’ANE BRASSEUR

De la bière, un gîte et des balades à dos d’âne… À l’éco-auberge de l’Âne Brasseur, située à
Saint-Aignan, en bordure du lac de Guerlédan, on veut faire partager des plaisirs simples. De leurs passions, Solène Barreau et Raphaël Landreau ont fait un projet de vie.

Un projet de vie autour de convictions bien affirmées ! Lorsqu’en 2011, Solène Barreau et Raphaël Landreau rachètent une ferme située en bordure du lac de Guerlédan, dans la commune de Saint-Aignan, leur projet professionnel vise d’abord à développer des valeurs qui leur sont chères : le respect de l’environnement, le partage et la découverte. Amateur de bonnes bières et brasseur à ses heures, Raphaël a envie de créer et de distribuer un produit qui lui ressemble. Passionnée de randonnée et d’animaux, Solène souhaite professionnaliser ses passions. C’est à Saint-Aignan, où ils rachètent une ferme située en bordure du lac, que leurs projets vont prendre corps. En même temps qu’ils réhabilitent un corps de ferme pour le transformer en gîte étape et proposer des balades à dos d’âne, le couple s’initie au métier de brasseur. « Il n’y avait pas de formation à l’époque, nous avons dû apprendre en faisant, reconnaît, le jeune homme. Comme beaucoup de brasseur, nous avons commencé à le faire dans la cuisine. » Ils expérimentent, testent, goûtent et font goûter.

Une dizaine de bières à la carte

Lorsqu’en 2013, ils s’équipent d’un matériel professionnel et d’un brassin permettant de produire 500 litres de bière par semaine, les recettes sont déjà prêtes et la production peut démarrer. « Le procédé de fabrication reste très artisanal. Les bières ne sont ni filtrées ni pasteurisées, afin d’en garder tous les intérêts gustatifs et nutritionnels », précise Raphaël. Avec une production annuelle d’environ 150 hectolitres, l’Âne Brasseur propose aujourd’hui une dizaine de bières différentes. Parmi celles-ci, on distingue quatre régulières et deux irrégulières. Dans la première catégorie, deux sont travaillées sur le malt. Il s’agit de l’Exploratrice (5°) et de la Grande exploratrice (9°). Des bières brunes et rondes, au goût sucré et caramélisé. Les deux autres sont travaillées sur le houblon : la Voyageuse (7°), et la Petite voyageuse (3,5°). Ces bières blondes développent un côté aromatique mais également une amertume. Dans la seconde catégorie on retrouve les Gouez (« sauvage » en breton), issue d’une longue maturation avec un cocktail de ferments divers. Assemblée en fût de chêne, elle développe des arômes bien différents de ceux des bières classiques. Une nouvelle gamme de bières, baptisées « Les Barriques », est désormais proposée aux amateurs. « Il s’agit de bières que l’on a fait vieillir dans des fûts qui ont contenu du cognac, du rhum ou encore du calva », précise Raphaël. Enfin, chaque année, le brasseur propose une bière baptisée l’Indécise. Comme son nom l’indique, elle varie chaque année selon l’inspiration du créateur. Toutes ces bières sont vendues à la ferme mais également chez Tradi Breizh (Pontivy), à la biscuiterie de Guerlédan (Mûr-de-Bretagne) et au restaurant Merlin les pieds dans l’eau (Saint-Aignan).

L’Âne Brasseur

Lan Guilloux – Saint-Aignan
02 56 62 61 03
www.anebrasseur.fr


BIGNAN

LA BRASSERIE DES AMIS

Benoît Letouque et Pierre Bisson brassent entre amis et pour les amis. Le résultat : une bière plaisir qui leur ressemble et qu’ils aiment partager avec tous ceux qui poussent la porte de leur brasserie artisanale, à Bignan.

Avec un nom pareil, la brasserie installée dans le hameau de Kerbiguet, à Bignan, ne pouvait trouver son origine que dans une histoire d’amitié. Une histoire née il y a près d’une décennie, entre le Breton Pierre Bisson et le Bourguignon Benoît Letouque. Apiculteur dans sa région natale, Benoît redescend très régulièrement en Bretagne. Il trouve une location chez Pierre qui exerce alors le métier d’ébéniste. Entre les deux hommes, l’amitié s’installe rapidement. Surtout, ils partagent une passion commune pour la bière. Chaque semaine, ils brassent même une petite vingtaine de litres qu’ils dégustent… avec les amis ! Au fil des soirées et des discussions, les deux amis se rendent compte qu’ils partagent aussi une même envie : celle de changer de vie. Pierre estime avoir fait le tour de son métier d’ébéniste. Benoît en a assez des allers-retours incessants entre la Bourgogne et la Bretagne. Et un soir, l’idée a fusé : « si on montait une brasserie ? ». C’était en 2017. Qu’importe s’il y a parfois loin de la chope aux lèvres. Fort de leur expérience de brasseurs amateurs, ils abordent ce tournant de leurs vies professionnelles avec volonté et envie. « Nous avons été bosser chez quelques brasseurs de la région et surtout, nous avons énormément lu sur le sujet », précise Benoît.

Du plaisir ! Que du plaisir…

En 2018, les deux autodidactes sont prêts pour l’aventure et lancent leur premier brassin de 200 litres. Aujourd’hui, ils brassent annuellement près de 400 hectolitres de bière. La gamme se compose de quatre bières : la Unan, la première bière de la brasserie, une blonde à 5,2° ; la Gwnizh, une bière blanche à la coriandre et au poivre sauvage à 5° ; l’Équipage, une Session IPA à 5,4° ; enfin, la Stout une histoire, une brune à 5,7°. Régulièrement, ils conçoivent également des bières éphémères, « selon les envies des brasseurs ». Les bières sont conditionnées en bouteilles de 33 et 75 cl, mais ils proposent également des fûts de 20 et 30 litres. Artisans assumés et biens ancrés sur le territoire, les deux amis souhaitent aussi travailler local et cultiver l’authentique. « C’est notamment vrai pour le malt qui provient uniquement d’une malterie de Saint-Avé, explique Benoît. Pour le houblon, c’est évidemment plus compliqué, mais nous avons commencé à travailler avec la houblonnière d’Erwan Jouan, à Bignan. » Ici, le plaisir est érigé comme un mode de fonctionnement. Le plaisir du travail bien fait comme celui de l’innovation ou de l’expérimentation de deux hommes qui s’épanouissent dans leur nouvelle activité. Le plaisir qu’ils aiment aussi et surtout partager avec les amis, les voisins ou les clients…

La Brasserie des Amis

Kerbiguet – Bignan
07 66 56 75 26
Contact@brasseriedesamis.fr


MALGUENAC

LA BRASSERIE DE TORLANN

Torlann ! Le nom du hameau de Malguénac où ils résident est aussi celui de la brasserie créée il y a deux ans par Ian Blewster et sa fille Vicky. Après deux années d’activité, ils proposent une gamme de huit bières aussi étonnantes que variées.

Pour Ian et Carol Brewster, le centre Bretagne c’était d’abord une destination de vacances. Très vite, le couple tombe amoureux de cette région et y achète même une maison. Ils y séjournent régulièrement, mais au fil des ans, le retour au pays après un séjour breton devient de plus en plus déchirant. En 2003, leur décision est prise. Ils quittent définitivement l’Angleterre pour s’installer à Guern, puis quelques années plus tard, à Malguénac. Moniteur auto-école lorsqu’il était encore en activité outre-Manche, Ian est aussi un grand amateur de bière. « Mon père travaillait dans une brasserie en Angleterre et j’y passais beaucoup de temps », se souvient-il. Les conseils et les astuces qu’ils glanent auprès des salariés de la brasserie, Ian les met en pratique chez lui. « J’ai toujours aimé faire de la bière et elle était plutôt appréciée par les amis qui venaient manger à la maison », assure t-il. Installé en Bretagne, Ian continue de brasser. En amateur, simplement pour partager le breuvage houblonné avec les amis. Et ici aussi, ils apprécient ! « Tu devrais vendre ta bière », lui répètent- ils régulièrement. Ian n’y est pas encore prêt. En 2016, l’arrivée de sa fille Vicky, venue elle-aussi s’installer avec sa famille en Centre Bretagne, va provoquer le déclic. « Avec la barrière de la langue c’était difficile pour moi de trouver du travail », explique la jeune femme.

Huit bières à la carte

L’idée d’ouvrir une microbrasserie fait son chemin. Elle va se concrétiser en 2019. Le père et la fille imaginent de nouvelles recettes, goûtent et font goûter leurs créations. Si au départ leur carte n’affiche que quatre bières, elle s’étoffe rapidement et en compte aujourd’hui huit : la Smash, légèrement ambrée et amère, à 6° ; la TPA, ambrée et fortement houblonnée, à 6,5° ; la blonde légère, à 5,5° ; la porter, bière anglaise aux notes de chocolat et de café, à 7° ; la IPA au gingembre, à 4,5° ; la Brexit avec du safran de Bretagne, à 4° ; la lager et lime, une blonde au citron, à 5,9° ; la blé noir, sans gluten, à 4,5°. Pour l’instant leur production se limite à quelques milliers de litres par an. « C’est une petite brasserie et nous sommes à la limite de notre capacité de production », précise Vicky. Si leurs bières sont commercialisées dans quelques bars et épiceries de la région, les brasseurs proposent aussi une vente directe tous les jours, sauf le dimanche. « Il y a des horaires, mais en général je réponds toujours présent à celui qui toque à la porte », sourit Ian. Dans un immense tonneau qui sert de magasin, le client peut choisir les bières de son choix ou préférer un option découverte appelée « Pack cadeau », c’est-à-dire une caisse de quatre ou six bouteilles différentes présentées dans une caisse en bois… Et un plus, le décapsuleur est offert !

Brasserie de Torlann

Torlann – Malguénac
brasseriedetorlann@orange.fr
Facebook : brasserie de torlann
Ouvert du lundi au vendredi,
de 17 h à 19 h.
Le samedi, de 9 h à 19 h.


Evellys-Remungol

LA BRASSERIE TRISKELL

Ancien conducteur d’engins agricoles, Quentin Deslias a fait de sa passion pour la bière, son métier. En moins de deux ans, la brasserie Triskell s’est déjà fait une place sur le marché de la bière artisanale et locale.

« J’ai reçu mon numéro de Siret la veille du premier confinement ». C’était en mars 2020. Pour ce tout jeune entrepreneur, le coup est particulièrement rude. Il l’est d’autant plus que la fermeture des bars et des restaurants le prive d’une partie importante de sa clientèle potentielle. Mais qu’importe ! Cela fait déjà plusieurs années que Quentin Deslias, aujourd’hui âgé de 27 ans, mûrit ce projet et il n’a pas l’intention de l’abandonner. « J’ai commencé à brasser dans de petites cuves en 2015, rappelle-t-il. Mes bières plaisaient aux copains et l’idée de m’installer a tranquillement fait son chemin ». Pas question pour autant de lâcher la proie pour l’ombre. Dans un premier temps, le jeune homme conserve son emploi de conducteur d’engins agricoles. Entre les campagnes légumières et les voyages en Irlande, où il visite régulièrement des brasseries, il développe son projet. Cuves, chambre froide et chambre chaude, sont installées dans un bâtiment attenant à la maison familiale, sur les hauteurs de l’Evel, dans la commune d’Evellys-Remungol. Parallèlement, il fait des recherches, élabore des recettes et réalise de nombreux tests pour « trouver les meilleurs ingrédients et les profils de saveurs parfaits. »

La production doublée

Reste une dernière étape avant de lancer ses premiers brassins : trouver un nom à sa brasserie. « Je cherchais une appellation avec une consonance bretonne ou celte », explique- t-il. Cette fois la chance va lui sourire. Étonnement, l’un des symboles de la Bretagne, le triskell, est encore libre. Il ne laisse pas passer l’occasion et inscrit la brasserie Triskell à l’Institut national de la propriété industrielle (INPI). Lorsque le déconfinement intervient enfin, Quentin est prêt pour développer la commercialisation de sa production. Des cavistes aux épiceries fines en passant par les bars et les restaurants, il fait le choix des circuits courts. « J’ai aujourd’hui près de 25 points de vente dans le Morbihan, mais pour l’instant, un seulement dans les Côtes d’Armor », précise-t-il. Un réseau de distributeurs qu’il entend encore développer et qu’il complète par une vente directe, chaque vendredi, à la brasserie. Aujourd’hui, la brasserie Triskell propose une gamme de six bières différentes : une IPA (Indian Pale Ale), une blonde, une blanche, une brune, une fugace (blanche IPA) et une APA (American Pale Ale). L’an prochain, elle devrait s’étoffer de deux nouvelles bières. « Chaque type de bière dispose de sa propre levure, ce qui rend la bière Triskell unique », insiste Quentin. Uniques et visiblement appréciées. Après avoir brassé 6 000 litres lors de sa première année d’activité, il va doubler sa production en 2021. Et le tout jeune brasseur n’a pas l’intention de s’arrêter là.

Brasserie Triskell

Bret – Evellys-Remungol
06 66 47 58 64
www.brasserietriskell.com
Vente directe le vendredi de 14 h à 19 h.


 

MUR DE BRETAGNE

LA BRASSERIE DE GUERLEDAN

De la restauration collective à la bière, il y a un pas que Nathalie Pichard a décidé de franchir. Depuis l’été dernier, la brasserie de Guerlédan offre un espace de dégustation des six bières différentes qu’elle compte déjà à sa carte.

Et si un cadeau de Noël changeait la vie ? En défaisant le paquet déposé au pied du sapin par ses enfants, Nathalie Pichard était bien loin de l’imaginer. Et pourtant, le kit de brassage qu’on vient de lui offrir va être le point départ d’un changement de vie professionnelle pour cette cinquantenaire. Diététicienne de formation, elle travaille depuis vingt ans comme cheffe de secteur dans la restauration collective. « L’accumulation des kilomètres de route commençait à me peser physiquement », se souvient-elle. Le cadeau vient à point nommé pour celle qui a envie de changer de métier. Le premier essai avec le kit de brassage a beau se solder par une catastrophe, elle se dit rapidement que ce métier sédentaire lui conviendrait parfaitement. Mais en est-elle capable ? Après une formation aux techniques brassicoles dans le Jura et des stages dans différentes brasseries, elle en acquiert la conviction. Mûrement réfléchi, le projet de la brasserie de Guerlédan peut désormais se mettre en place.

Des bières 100 % bios

Famille et amis se retroussent les manches pour transformer l’ancien garage situé sur la route de Corlay en un local pouvant abriter la brasserie et un espace de dégustation justement baptisé Le Garage. « C’est un bar spacieux à l’ambiance vintage où les clients peuvent déguster une bière, ou autre chose, dans des fauteuils confortables chinés par nos soins », explique-t-elle. Quelques mois seulement après l’ouverture, la brasserie de Guerlédan propose déjà une gamme de six bières, 100 % bios : l’Hentrèze (« Chemin de traverse » en breton), une blonde « gourmande et authentique », de 6,7° ; l’Abbaye de Guerlédan, une bière « à la robe dorée et au corps rond », de 6° ; la Kreizhy IPA, « au caractère tropical, à la fois florale et boisée », de 5° ; la Blanche du lac, une bière de blé aux arômes de citron, de 6° ; la Mûr Porter, une brune aux notes de cacao, de café et de cannelle, de 5,5° ; enfin la Ravito, une bière « légère et équilibrée », créée spécialement pour le passage du Tour de France. Déjà conséquente, la carte des bières de la brasserie de Guerlédan devrait encore s’étoffer. « Je vais fabriquer des bières éphémères et j’envisage également d’en proposer aux fruits, notamment avec de la mûre », assure-t-elle. Un nouveau clin d’oeil de la Mûroise d’origine, totalement épanouie par son nouveau métier et cette belle aventure humaine qui ne fait que débuter.

Brasserie de Guerlédan

Route de Corlay – Mûr-de-Bretagne
07 86 45 53 68
www.brasseriedeguerledan.bzh
Ouvert du lundi au jeudi, de 9 h à 18 h.
Vendredi et samedi, de 17 h 30 à 22 h.


 

BIGNAN

BRASSERIE LE 90

C’est la petite dernière dans le monde des microbrasseries du Centre Bretagne. Officiellement ouverte en octobre, la brasserie le 90, installée dans le bourg de Bignan, commercialise déjà cinq types de bières.

Installée dans le bourg de Bignan, au 4, rue de la Résistance, la brasserie le 90 aurait initialement dû ouvrir ses portes au début de l’été. Un retard de la livraison du matériel a obligé son créateur, Stéphane Le Bagousse, à en différer l’ouverture de quelques mois. Une contrariété vite oubliée par le nouveau brasseur qui peut désormais accueillir les amateurs dans son espace de vente et de dégustation. Professionnellement, le jeune quinquagénaire, originaire de l’île d’Arz, a longtemps été bien éloigné du monde de la bière. Pendant trois décennies, ce technicien en maintenance mécanique a multiplié les expériences et beaucoup voyagé. Après avoir bourlingué des Antilles à la Réunion, en passant par le Mexique, l’Afrique et la Guyane, le voyageur finit par poser définitivement ses valises dans le Centre Bretagne. C’était en 2015. « J’ai passé plusieurs années à restaurer le bâtiment acheté dans le centre de Bignan », précise-t-il. Parallèlement, celui qui estime avoir fait le tour de son métier, pense sérieusement à en changer. Mais quoi faire ? Le kit du brasseur amateur qu’on lui offre alors, va faire naître une idée… puis une passion. « Et pourtant, les débuts n’étaient pas bons du tout », sourit-il.

Cinq bières, une même étiquette

Il persiste, lit beaucoup et fait même une formation dans la région parisienne. Au fil des brassins, sa technique s’améliore en même temps que la qualité de ses bières. C’est décidé, il sera brasseur. Son nom ? Le 90 ! « Je voulais un nom un peu vintage et accrocheur», explique-t-il. La gamme qu’il propose compte aujourd’hui cinq bières. Toutes ont la même étiquette, mais chacune a son numéro et sa couleur : la N°1, orange, est une American Pale Ale, ambrée à 4° ; la N°2, verte, une Indian Pale Ale, blonde à 3,4° ; la N°3, bordeaux, une bière ambrée rouge, à 6,2° ; la N°4, bleu, une American Stout, brune de 4° ; la N°5, jaune, une blonde à 4,6°. Pour la première année d’activité, Stéphane Le Bagousse table sur une production de 150 hectolitres. Pour commercialiser ses bières conditionnées en bouteilles de 33 cl ou en fûts de 5 litres, bio à 90 % (seul le houblon ne l’est pas), le brasseur entend privilégier les circuits courts. Par la vente au magasin bien sûr, mais également dans les bars et restaurants du territoire. « On va attendre et surtout voir si nous sommes en capacité de produire pour répondre à la demande », tempère- t-il.

Brasserie le 90

4, rue de la Résistance – Bignan
06 17 03 00 73
lequatrevingtdix@yahoo.com
Ouvert les lundi, mardi, vendredi,
samedi et dimanche,
de 10 h 30 à 14 h et de 16 h à 21 h.
Le jeudi de 16 h à 21 h.