Économie sociale et solidaire, un mois pour en parler

Novembre ! Depuis maintenant plus de dix ans, ce mois est placé sous le signe de l’économie sociale et solidaire (ESS). Associés au sein d’un pôle de développement, les structures ESS des pays de Loudéac et de Pontivy (1), vont une nouvelle fois y participer activement.

Associations, coopératives, fondations, mutuelles, mais également sociétés commerciales d’utilité sociale… l’économie sociale et solidaire investit aujourd’hui tous les secteurs d’activité. La spécificité de ces emplois semble même devoir les porter vers de belles perspectives : ils ne sont pas délocalisables. Ils répondent en proximité à des besoins clairement identifiés sur les territoires. Avec plus de 150 000 emplois, la Bretagne apparaît d’ailleurs comme la première région de France dans ce domaine. Et le Centre Bretagne y tient largement sa place. Sur le territoire des pays de Loudéac et de Pontivy, l’ESS représente en effet 5 900 emplois répartis dans plus de 600 structures. Un dynamisme largement porté par un pôle de développement créé il y a deux ans. « Notre rôle vise à développer l’ESS sur le territoire en accompagnant et en mettant en réseau les structures qui souhaitent s’engager dans cette voie et partager nos valeurs », précisent les deux animatrices de l’Adess Centre Bretagne, Corinne Hervieux, à Pontivy et Amandine Dubois, à Loudéac.

« Une personne = une voix »

Car l’économie sociale et solidaire, c’est avant tout des valeurs qu’il convient de convertir en actes. Au premier rang de celles-ci, la volonté clairement affichée de placer l’humain au coeur du système. « L’ESS a une utilité collective et sociale, assurent les coprésidentes de l’association, Cécile Goualle et Martine Morel. Les projets sont montés au service d’un collectif et non au service de l’intérêt d’une seule personne. » Concrètement, le fonctionnement se veut démocratique et bien évidemment ouvert à tous. Les dirigeants sont élus et les décisions sont prises selon le principe : « une personne = une voix ». Dans le même esprit, les bénéfices sont majoritairement réinvestis dans l’entreprise et ne profitent pas à une minorité. Des valeurs de plus en plus partagées, sans parler attentes éthiques, sanitaires et environnementales, de plus en plus fortes chez les citoyens-consommateurs.

Cette vision de l’économie de demain sera bien évidemment au coeur du programme d’animations proposé dans le cadre du mois de l’économie sociale et solidaire, tout au long du mois de novembre (Page 6). Mais pour certains, elle fait déjà partie du présent et du quotidien. Depuis 30 ans, c’est notamment le cas de la radio associative, installée à Pontivy, Radio Bro Gwened (Page 7). C’est également le cas de Rétritex, créée au milieu des années 2000 par les communautés d’Emmaüs. Une entreprise qui souhaite aujourd’hui promouvoir une organisation plus démocratique en associant les salariés à la gouvernance (Page 8). C’est aussi le cas de Biocoop Callune, installée à Loudéac, Pontivy et Locminé, qui a, dès sa création, affiché sa fibre sociale et solidaire (Page 10).

(1) Loudéac Communauté, Pontivy Communauté et Centre Morbihan Communauté.

Le Programme

Le Pôle d’économie sociale et solidaire (ESS) du Centre Bretagne est au regret d’annoncer l’annulation des événements qui devaient avoir lieu durant le Mois de l’ESS (https://lemois-ess.org/), au vu du contexte actuel et de la crise sanitaire.

Radio Bro Gwened, La voix du pays

Radio Bro Gwened
Radio Bro Gwened

Depuis près de quatre décennies, Radio Bro Gwened porte la voix de ceux qui vivent en Centre Bretagne. Bilingue (français-breton), cette radio actrice de son territoire entend s’affirmer comme un espace de rencontres et d’échanges intergénérationnels.

Elle aurait pu s’appeler Radio Bro Pondi (Radio du Pays de Pontivy) ! Pourtant lorsqu’à la suite de la libéralisation des ondes, initiée par le gouvernement socialiste au début des années 80, des bénévoles décident de créer une radio libre en plein coeur du Morbihan, ils optent pour un nom de baptême différent. Ce sera en effet Radio Bro Gwened (Radio du Pays de Vannes). « La raison est très simple, rappelle Gaël Le Du, directeur de la station depuis 2017. Pour les émissions en langue bretonne, nous utilisons le vannetais, l’un des quatre principaux dialectes avec le cornouaillais, le léonard et le trégorrois. »

Et c’est bien là, l’une des particularités de cette radio morbihannaise qui affiche clairement son bilinguisme. Sur les ondes de RBG (1), 60 % de la programmation sont déclinés en langue bretonne. Le reste l’est en français, bien sûr, mais la grille des programmes fait également une place au gallo et même à l’anglais.

Une cinquantaine de bénévoles

Autre particularité et non des moindres, RBG a, dès l’origine, choisi de ne pas diffuser de publicité. Pour boucler son budget, elle peut compter sur le soutien de différentes institutions et collectivités locales aux titres de l’expression radiophonique de proximité et de l’utilisation de la langue bretonne. Régulièrement, elle propose également ses services aux particuliers, aux associations ou aux collectivités, pour des animations diverses, des émissions spéciales ou encore des festivals. Actrice de son territoire, la radio met quotidiennement en lumière les actions et les projets locaux. « C’est une radio faite par ceux et pour ceux du territoire », insiste le directeur. Pour réaliser ses émissions, reportages et interviews, traitant aussi bien de la vie économique, sociale, politique ou culturelle, l’association s’appuie sur une demi-douzaine de journalistes et d’animateurs salariés. Mais elle peut aussi et surtout compter sur une équipe composée d’une cinquantaine de bénévoles particulièrement investis. « Ici, il y a une osmose complète entre les salariés et les bénévoles, assure Gaël Le Du. Les premiers accompagnent et forment les seconds car cette radio entend demeurer ouverte à toutes et à tous. » Sociale et solidaire dans son fonctionnement au quotidien, RBG a bien évidemment souhaité ouvrir son antenne aux initiatives locales dans le domaine de l’économie sociale et solidaire. Depuis près de deux ans, elle le fait au travers d’une émission mensuelle : Quess. Invités, reportages et chroniques… ce rendez- vous permet d’apporter des réponses concrètes à ceux qui se demandent encore ce que recouvre cette notion d’économie sociale et solidaire.

Radio Bro Gwened travaille aussi en lien avec ses radios amies en échangeant des émissions quotidiennes en breton avec Radio Kreiz Breizh, Radio Kerne, Arvorig FM et Radio Naoned et des émissions hebdomadaires en gallo avec Plum FM. La programmation musicale est, à l’image de RBG, proche et curieuse. Des musiques de Bretagne bien sûr avec une grande ouverture sur les musiques actuelles et du monde… fidèle à la volonté de Radio Bro Gwened d’être un média alternatif.

(1) 92,6 à Pontivy, 94,8 à Vannes ; 97,3 à Lorient ; 101,7 dans le nord Morbihan.

 

Retritex, les salariés associés à la gouvernance

Retritex
RETRITEX

Spécialisée dans le tri des textiles, Retritex conjugue retour à l’emploi et valorisation des déchets. Sociale et écologique, l’entreprise pontivyenne souhaite aujourd’hui promouvoir une organisation plus démocratique en associant les salariés à la gouvernance.

Créée au milieu des années 2000 par les communautés Emmaüs du grand Ouest, l’entreprise Retritex, installée dans la zone d’activité sud de Pontivy, est spécialisée dans le tri et la valorisation des textiles. Pantalons, pulls, robes, blousons, chaussures ou encore linge de maison… 4 400 tonnes sont traitées ici chaque année. « Retritex a été créée pour soulager les communautés Emmaüs qui n’arrivaient plus à faire face au flux important de textiles. Sa vocation est de gérer ce surplus, tout en proposant un projet d’accompagnement social, explique Frédérique Prosper-Paul, directrice. Notre objectif est de permettre à des personnes éloignées de l’emploi, parfois « cassées par la vie », de retrouver le chemin de l’employabilité. » Sur les 75 salariés que compte aujourd’hui l’entreprise, 60 % sont en insertion professionnelle. Ils sont embauchés en contrat à durée déterminé de 6 à 24 mois, au maximum. « Collecte, tri, manutention, logistique, vente… chaque poste est accessible à des personnes sans qualification et leur permet de développer des compétences ensuite transposables dans de nombreux métiers », insiste la directrice.

Au-delà de sa mission d’insertion, l’entreprise affiche également très clairement sa fibre écologique. Sur les 4 400 tonnes de vêtements valorisés chaque année (dont la moitié provient des communautés Emmaüs et l’autre des dons de particuliers via les 450 conteneurs relais disséminés en Bretagne), 40 % sont recyclés en isolants pour le bâtiment, l’industrie automobile ou chiffons d’essuyage, 45 % réutilisables partent à l’export en Afrique, près de 5 % sont vendus dans les quatre boutiques Emmaüs situés à Pontivy, Lorient et Auray et environ 10 % non recyclables sont transformés en CSR (Combustible Solide de Récupération).

Une organisation plus démocratique

Si depuis un peu plus de 15 ans, l’entreprise a fait la preuve de son utilité et de son efficacité, une réflexion s’est néanmoins engagée sur la gouvernance même de la structure. « Nous avons beaucoup grandi et une gestion purement administrative apparaît parfois bien éloignée des réalités du terrain, précise Frédérique Prosper-Paul. Parallèlement, nous avons ressenti une réelle volonté des salariés de participer aux décisions qui engagent l’avenir de l’entreprise. » Ils ont été entendus. En septembre dernier, la mise en place d’une organisation plus démocratique a été actée et une assemblée générale constitutive de la nouvelle structure devrait être organisée au début de l’année prochaine. Qu’ils soient en CDI ou en CDDI (contrat insertion), tous les salariés adhérents de façon volontaire pourront ainsi participer aux trois assemblées générales programmées chaque année et même, s’ils le souhaitent, présenter leur candidature à l’élection du conseil de surveillance. « Nous passions à côté d’une dimension essentielle : la richesse des hommes et des femmes qui constituent l’entreprise, insiste la directrice. En changeant nos pratiques, nous devrions pouvoir créer une meilleure plus value pour notre système économique et pour le bien-être du personnel au sein de l’entreprise. »

BioCoop Callune, Fidèle à ses valeurs

BioCoop Callune
BioCoop Callune

Créée à la fin des années 70, par des consommateurs et des producteurs animés par la volonté de soutenir une agriculture biologique pour développer une consommation de qualité, Biocoop a, dès l’origine, affiché sa fibre sociale et solidaire. Des valeurs toujours de mise dans les 650 magasins de France, dont trois en Centre Bretagne.

« Indépendant, militant et engagé. » À Pontivy, cela fait maintenant 30 ans que le magasin Biocoop Callune met en pratique ces principes fondateurs. Depuis 1990 et l’ouverture en centreville, d’un magasin d’une cinquantaine de m2, l’enseigne s’est pourtant notablement développée en Centre Bretagne. Désormais installé en périphérie, le magasin de Pontivy affiche aujourd’hui une superficie commerciale de plus de 600 m2. Après l’implantation d’un second magasin dans le centre-ville de Loudéac, en 2011 (il devrait bientôt déménager vers la zone de Ker d’Hervé), Biocoop a ouvert un troisième point de vente, à Locminé, l’an dernier.

Les principes, eux, n’ont jamais varié. Ils se déclinent au quotidien à travers une forme d’entreprise particulière : une SCOP (Société COopérative et Participative). « Après deux ans d’ancienneté, les salariés peuvent devenir associés, explique Michel Dinard, le dirigeant. Bien plus qu’un investissement financier, il s’agit davantage d’un investissement humain de salariés qui partagent les valeurs de la société. » Ici, quel que soit le nombre de parts qu’il détient, l’associé ne dispose que d’une voix au sein du conseil d’administration.

Salariés écoutés et impliqués

Une même volonté de mettre l’homme avant le capital se traduit par une politique salariale à la fois sociale et solidaire. « Les salaires sont plafonnés et l’écart entre le plus haut salaire et le plus bas, est limité de 1 à 5, dirigeant compris, qui est lui aussi salarié », précise Harry Spreux-Omnès, le responsable du magasin de Pontivy. Les salariés sont écoutés et impliqués dans la gestion quotidienne. Le contrat à durée indéterminée est la norme. « L’emploi précaire à Callune n’a jamais dépassé les 5 % des heures travaillées depuis 1990 », précise Michel Dinard, ce qui reflète un très faible taux d’absentéisme.

À l’image des relations qu’elle entretient avec ses salariés, Biocoop a depuis toujours établi des relations particulières avec ses fournisseurs et ses prestataires. Des relations commerciales basées sur la transparence, la solidarité, l’équité et le respect. « Nous échangeons beaucoup avec nos producteurs pour payer un prix juste, assure Michel Dinard. La notion de commerce équitable ne s’applique pas qu’aux relations avec les pays du sud, elle est aussi réelle avec la centaine de producteurs locaux et régionaux présents dans nos magasins. » Une valeur, parmi d’autres, d’ailleurs toutes inscrites dans une charte de déontologie, depuis maintenant près d’une quinzaine d’années.

PRATIQUE
Biocoop Callune
2, rue Colette-Besson – Pontivy
11, bd Victor-Étienne – Loudéac
Talvern, ZA Kerforho – Bignan