Regroupant plus de 200 associations et comptabilisant près de 22 000 adhérents, la toute nouvelle confédération des cercles celtiques Kenleur affiche le dynamisme de la danse traditionnelle bretonne. Une vitalité bien présente dans le Centre Bretagne qui compte tout de même une demi-douzaine de cercles.

C’est à Paris, en 1911, qu’est créé le premier cercle celtique ! L’exode des Bretons vers la capitale a été massif et au début du XXe, les Bretons de Paris sont nombreux et ils multiplient les grandes fêtes bretonnes. Après une période de sommeil pendant la Grande Guerre, le cercle va s’étoffer dans les années 1920-1930. Son président, Eugène Régnier, explique alors : « le but des cercles celtiques est de faire prendre conscience aux Bretons de leur valeur et de la place qu’ils ont à remplir au sein de la civilisation occidentale. » De Nantes à Rennes en passant par Guingamp, Quimperlé ou encore Pont-l’Abbé, de nombreux cercles sont créés pendant l’entre-deux guerres. « Un autre but des cercles est de révéler au public, en général et aux Bretons, en particulier, la richesse de notre folklore », expliquent les pionniers. En septembre 1930, la première fédération des cercles celtiques est même fondée, à Guingamp. Après la Seconde Guerre mondiale, le terme de cercle celtique ne désigne plus, sauf exception, que les associations qui pratiquent la danse bretonne dans un esprit de perfectionnement pour donner des spectacles de haut niveau. Un groupe musical breton, appelé bagad, leur est parfois, associé. Ils se regroupent au sein d’une fédération constituée en 1950 à Quimper et baptisée Kendalc’h (« Maintenir », en breton). Selon leur niveau, les cercles sont classés en différentes catégories : de l’Excellence à la 4e catégorie. Chaque année, leurs prestations sont jugées lors de concours organisés à Vannes, Quimper ou Saint-Brieuc, et un système de montée et de descente permet à chacun d’évoluer. Le titre de champion de Bretagne est décerné lors d’une finale qui regroupe les huit meilleurs cercles, organisée dans le cadre des fêtes de la Saint-Loup, au mois d’août, à Guingamp. Au milieu des années 60, une scission va donner naissance à une seconde confédération baptisée War’l Leur (« Sur le sol », en breton). Celle-ci entend réaffirmer « son attachement à une mise en scène de la danse plus respectueuse de la tradition, ainsi que des chorégraphies techniquement pointues, mais évitant une théâtralisation excessive. » Ici, pas de concours pour classer les cercles. À chacune de ses représentations en spectacle devant un public, le cercle est susceptible d’être visionné et évalué. En fin de saison, les « visionnages » sont analysés afin de déterminer le classement, lui aussi décliné en différentes catégories.

Après la scission, la fusion !

Pendant plusieurs décennies, on comptait donc deux champions de Bretagne, un pour chacune des confédérations ! Ce ne sera désormais plus le cas. « Après mûre réflexion, et faisant fi des vieilles histoires de famille, Kendalc’h et War ‘l Leur ont décidé d’unir leurs forces, leurs savoir-faire et leurs passions pour mettre en valeur le patrimoine de leur pays, la Bretagne. » En juin 2020, les deux confédérations ont en effet voté pour la fusion de leurs associations et créer une confédération baptisée Kenleur. « Chance extraordinaire, le nom Kenleur conserve le meilleur de chaque confédération tout en créant un nouveau mot breton qui a du sens : partager le sol, la scène ! », peuton lire sur le site de l’association qui tiendra son assemblée générale le 10 décembre prochain, à Pontivy. Pour l’heure, les cercles du Centre Bretagne (pages 6 à 14), viennent de reprendre le chemin des salles de danse pour préparer les grands rendez-vous de l’année 2023.


Kerlenn Pondi

UNE EXIGENCE D’EXCELLENCE

Premier groupe de Bretagne à associer les musiciens d’un bagad avec les danseurs d’un cercle, la Kerlenn Pondi fêtera son 70e anniversaire l’an prochain. Innovant et précurseur, le cercle se distingue depuis quelques années par des performances de qualité dans la catégorie « Excellence », le plus haut niveau de la discipline.

Désireux de faire connaître Pontivy, ses costumes, ses danses et ses chants, un groupe de jeunes pontivyens créent le groupe des « Moutons Blancs ». C’était en 1932 ! Son existence est interrompue par la guerre, mais dès 1953 quelques anciens membres relancent l’aventure avec une nouvelle équipe. L’association dont l’objectif est « l’étude du folklore régional (musique, danse, théâtre, chant, conférence…), ainsi que la formation culturelle et artistique des adultes et des jeunes gens », prend le nom de Kerlenn Pondi. À l’époque l’ensemble culturel est le premier groupe de Bretagne à associer les musiciens d’un bagad avec les danseurs d’un cercle.

Vice-champion en 2018 et 2019

Depuis, l’ensemble culturel n’a jamais cessé d’être un ambassadeur de la culture du pays de Pontivy et ce, au plus haut niveau des hiérarchies, dans le domaine des cercles comme dans celui des bagadoù. Sacré champion en 2001, le bagad évolue toujours en 1ère catégorie et termine régulièrement dans la première partie de tableau à l’issue du concours organisé dans le cadre du Festival Interceltique de Lorient. Depuis son accession au niveau « Excellence », en 2016, le cercle multiplie les bonnes performances. Vice-champion en 2018 et en 2019, il a terminé sur la troisième marche du podium lors de l’édition 2022. La rigueur des recherches, que ce soit en matière de costume ou dans l’élaboration des suites chorégraphiées, explique cette réussite. La créativité et l’esprit d’ouverture du chorégraphe, Jonathan Le Guennec n’y est pas non plus étrangère. Il y a quelques années, le cercle s’était ainsi adjoint les services de deux pointures : le chanteur traditionnel Yann- Fanch Kemener et le danseur contemporain Alban de La Blanchardière. Le choc des cultures était réel mais la magie avait opéré. « Cette année, nous avons proposé un spectacle différent sur le thème de la société de consommation qui mène au chaos, explique le jeune président de la Kerlenn, Efflamm Louis. C’est une réflexion sur l’individualisme et un questionnement sur le retour à la nature. »

Si comme nombre d’associations, la crise sanitaire a fait fondre les effectifs, la reprise a été effective cette année. L’école de formation qui offre un éveil à la danse aux enfants, dès l’âge de trois ans, mais également un groupe pour les adolescents ou la danse loisir, compte aujourd’hui près d’une centaine de danseurs. « Le maintien au plus haut niveau est un travail de longue haleine, explique le président. Nous avons la chance de bénéficier d’un effectif qui permet le renouvellement du cercle ».

La fête en juillet 2023

Bien décidé à conserver sa place parmi l’élite, le cercle de la Kerlenn est aussi l’un de ceux qui se produit le plus souvent à l’extérieur. Cette année, de l’Interceltique à Lorient aux Filets bleus à Concarneau, en passant par le festival d’Arvor à Vannes, il a en effet effectué près d’une vingtaine de sorties. Et la saison est encore loin d’être terminée ! Comme chaque année, elle s’achèvera par la traditionnelle fête de novembre : Gouelioù Kerlenn Pondi. Du 11 au 13 novembre, soirée irlandaise, concours de batteries et de cornemuses, fest-noz et bien sûr spectacle, seront au programme. Un avant-goût des fêtes qui marqueront le 70e anniversaire de la Kerlenn, au début du mois de juillet prochain, avec notamment un défilé de nombreux cercles celtiques de Bretagne, dans les rues de la ville.


Krollerion Mourieg

LES DANSEURS DE MORÉAC

Créés il y a plus de 35 ans, les Krollerion Mourieg évoluent aujourd’hui en 1ère catégorie du championnat de danse bretonne. Ici, le brassage des générations apparaît comme une évidence pour les grands-parents et les petits-enfants qui se côtoient sur scène.

Si le cercle celtique de Moréac se caractérise aujourd’hui par son dynamisme et sa jeunesse, ce sont pourtant les anciens de la commune qui sont à l’origine de sa création, en 1985. « Ils ne dansaient pas tous de la même façon et ils avaient une soif d’apprendre », se souvient Jean-Yves Joannic. Déjà membre d’un cercle celtique, il accepte de relever le défi. Un premier spectacle sur le thème des noces bretonnes est même monté et présenté à la kermesse de l’école. L’engouement est total et le succès immédiat. Le groupe est même sollicité pour participer à une fête dans le Perche, pendant l’été ! « Les anciens n’en revenaient pas qu’on puisse les payer pour voyager et danser, sourit le président-fondateur. Tous étaient heureux de pouvoir présenter leur culture dans d’autres régions. »

Dès l’automne, l’association est créée et affiche déjà près de 80 danseuses et danseurs. Dans la foulée et pour constituer un vivier, un groupe « enfants » vient compléter le groupe « adultes ». « On a démarré sur les chapeaux de roue avec une vingtaine d’enfants, précise Jean-Yves Joannic. À l’époque, il y avait même plus de garçons que de filles… Cela fait bien longtemps que ce n’est plus le cas. » L’engouement suscité par la création du cercle ne retombe pas. Bien au contraire ! Dès sa première participation aux concours, l’année suivante, les Krollerion Mourieg parviennent à se classer en deuxième catégorie à la confédération Kendalc’h. La progression va être continue et régulière. Dans le milieu des années 2010, ils s’invitent même dans le club très fermé des meilleurs cercles de Bretagne en accédant à la catégorie « Excellence ». « C’est un niveau très exigeant en matière de qualité et cela demande un temps de répétition énorme », explique Jean-Yves Joannic. Redescendu depuis en 1ère catégorie, le cercle de Moréac est aujourd’hui bien installé dans la première moitié du tableau.

Brassage des générations

S’il conserve une préférence pour la laridé de Baud, la danse de son terroir, le cercle travaille sur tous les styles et tous les répertoires. Côté costumes, c’est l’authenticité qui prévaut. Très sobre, la robe de velours noir met en valeur un tablier richement brodé. Par sa beauté et la finesse de son exécution, la coiffe de grande cérémonie ou « Kornek » est une véritable oeuvre d’art. Plus simple, le capot ou raie, était la coiffure la plus fréquemment portée. Avec le chapeau à ruban, la veste et le gilet de velours noir caractérisent le costume des hommes. Mais l’ensemble Krollerion Mourieg se démarque aussi et surtout par ses créations scéniques mêlant innovation et respect de la tradition. Depuis plusieurs années, ils présentent des spectacles surprenants, vivants et créatifs. Après une création traitant de la pollution et du gaspillage, il a, cette année, présenté un spectacle particulièrement remarqué sur l’origine du langage et son évolution. À chaque fois, ces créations permettent de mettre en avant l’une des particularités des Krollerion Mourieg : le brassage des générations. Côte à côte, grands-parents et petits-enfants sont unis dans cette même passion de la danse pour former un ensemble plein de force, de délicatesse et d’émotion.


 

Danserien bro Klegereg

PRENDRE LE TEMPS DE CRÉER

Membre du monde très fermé des meilleurs cercles de danse bretonne, Danserien Bro Klegereg va s’octroyer une pause. Avec une volonté clairement affirmée de s’ouvrir à d’autres disciplines artistiques, l’association souhaite se donner le temps, et deux ans, pour créer un nouveau spectacle.

Fondé en 1991 par un collectif de danseurs et de musiciens, Danserien Bro Klegereg s’est fait remarquer dès son arrivée dans le monde de la danse bretonne. Les danseurs du pays de Cléguérec se sont en effet imposés dans les concours, tant pour leurs prestations traditionnelles que pour leur partie scénique. En 2018, ils se sont ainsi hissés dans le cercle très fermé des meilleurs cercles celtiques de Bretagne : la catégorie « Excellence ». Une ascension qui ne doit rien au hasard. « Depuis quelques années, nous avons décidé de nous ouvrir à d’autres disciplines artistiques », explique Lénaïck Jouanno, coprésidente de l’association. Le cercle s’est en effet octroyé les conseils de la compagnie Galapiat, spécialisée dans les arts du cirque. « Nous avons entamé ce projet en 2017, il s’agissait d’intégrer d’autres codes, de prendre confiance en soi, d’adapter nos mouvements, nos postures, et puis surtout c’est l’apprentissage de l’écoute de l’autre. Ce regard extérieur au cercle nous a apporté un rapport au corps différent, il nous a permis de déstructurer la danse. » Source d’inspiration, cette rencontre avec un autre univers artistique a aussi permis au cercle de développer son inventivité et sa créativité. Les thèmes abordés dans les productions scéniques, basés sur l’actualité ou l’histoire locale, renforcent encore la spécificité des créations des danseurs du pays de Cléguérec. Et le résultat a été à la hauteur de leurs espérances. Avec son dernier spectacle intitulé « Les gens du coin » et narrant l’histoire de personnalités qui ont marqué l’histoire de la commune, le cercle s’est tout de même classé 4e lors du concours qui s’est déroulé à Quimper.

Une année sabbatique

Une performance qu’ils n’ont pourtant pas pu confirmer lors de la finale du festival de la Saint-Loup, à Guingamp, en terminant à la 8e place. « Nous aimons bien participer à cette finale, mais nous savons que les conditions de la compétition, organisée en plein air, ne nous sont pas favorables, explique la coprésidente. Notre spectacle, plus intimiste avec un gros travail sur la lumière, est davantage fait pour la salle. » Pas de quoi entamer pour autant la volonté farouche de ces acteurs vivants de la culture traditionnelle et leur persévérance pour créer des spectacles alliant danse, poésie et propos interrogeant le public. Aujourd’hui pourtant, le cercle qui vient tout juste de fêter son 30e anniversaire, souhaite prendre un peu de recul en s’octroyant une année sabbatique. « Nous voulons prendre notre temps et monter un spectacle sur deux ans, précise Lénaïck Jouanno. Nous souhaitons sortir de la salle, monter un spectacle qui nous parle et qui nous plaît ». Un travail de réflexion et de création, que le cercle entend bien évidemment développer avec des artistes venant d’univers différents. La vie continue néanmoins, car au-delà du cercle de danse, Danserien Bro Klegereg demeure une association aux ambitions bien plus larges. De l’éveil à la danse pour les plus jeunes (à partir de 4 ans), au groupe loisir qui rassemble des personnes de tous les âges, débutants ou confirmés, en passant par les cours de chant et de musique… L’association affiche aujourd’hui plus d’une centaine d’adhérents. Une association conviviale au sein de laquelle l’esprit est resté très familial et où il n’est pas rare de voir les grands-parents, les parents et les enfants se côtoyer dans une même danse.


 

Breizh Nevez

LE CINQUANTENAIRE SE PORTE BIEN

Breizh Nevez (« Bretagne nouvelle », en breton), le cercle celtique de Guerlédan a fêté son 50e anniversaire, à la fin du mois de juin. Le cinquantenaire se porte bien et continue d’oeuvrer pour le développement de la culture bretonne, dans le domaine de la danse, bien sûr, mais également dans celui de la musique, du chant, de la langue ou encore de la couture.

Spectacle, fezt-noz, 24 heures de la galette, fresques géantes sur les murs de bâtiments municipaux… Tout au long de l’année 2022, le cercle celtique de Guerlédan a multiplié les événements pour fêter dignement son 50e anniversaire. Au début des années 70, c’est en plein renouveau de la culture celtique que le cercle a vu le jour. Mais il a d’abord et surtout été l’oeuvre d’un couple : Robert et Françoise Raulo. À l’époque, le professeur d’histoire et l’institutrice veulent créer une section de danse bretonne. Derrière cette création, il y a la volonté clairement affirmée de contribuer à « la reconnaissance de l’histoire et de la culture bretonne. » Très vite, l’activité de l’association se développe pour proposer également des cours de chant, de musique, de breton et même de couture.

En 1976, quatre ans seulement après sa création, le cercle participe à son premier concours et accède rapidement à la 2e catégorie. Mais le groupe ne semble pas très porté sur la compétition. Pendant plus de deux décennies, ils ne vont d’ailleurs plus participer aux concours organisés par la confédération Kendalc’h. Au début des années 2000, la jeune génération souhaite toutefois renouer avec la compétition et se confronter aux autres cercles celtiques. « En cinq ans, Breizh Nevez passe de la 4e à la 1ère catégorie », rappelle Guillaume jan, coprésident de l’association. Si le couple fondateur passe la main en 2007, tout en demeurant toujours des membres actifs, le cercle poursuit sa progression. Du travail bien sûr, mais aussi des recherches sur l’histoire locale vont leur permettre de monter des spectacles originaux. Les gueules bleues, ces ardoisiers du pays de Guerlédan ou les bagnards qui ont creusé le canal de Nantes à Brest, font partie des thèmes qui sont alors abordés. L’audace paye ! En 2012, Breizh Nevez décroche son billet pour la catégorie « Excellence », et s’invite dans le groupe très fermé des meilleurs cercles de danse bretonne. Un niveau auquel ils vont pouvoir se maintenir pendant quelques années, avant de redescendre en 1ère catégorie, en 2018. « Aujourd’hui, c’est un niveau qui nous convient parfaitement », assure Guillaume Jan.

« Y’en a sous le capot »

Car au-delà de la compétition, les danseurs du pays de Guerlédan affichent une prédilection pour les nombreuses manifestations organisées dans la région. De la Fête des brodeuses de Pont-l’Abbé, au festival interceltique de Lorient, en passant par de multiples sorties en Centre Bretagne, le groupe voyage toujours avec autant de plaisir. « Portant aujourd’hui le costume du pays de Mûr-Loudéac, et parfois celui du pays pontivyen, c’est par sa sobriété et son élégance que le groupe se distingue… Cela n’empêche pas folie et émotions : à Mûr, y’en a sous le capot ! », précise même la confédération Kenleur sur son site Internet. Affichant plus de 200 adhérents avant la crise du Covid, l’association a vu ses effectifs notablement diminuer à la suite de cette pandémie. « Depuis, les effectifs sont à la hausse et nous devrions retrouver les effectifs d’avant la crise », assure le coprésident. Il est vrai qu’au-delà du cercle, Breizh Nevez propose des cours pour les enfants et les adolescents, mais également pour ceux qui souhaitent pratiquer la danse comme un loisir. Une offre encore étoffée par des cours de musique (biniou, bombarde, cornemuse, guitare…), des cours de chant, de breton ou encore de couture. De quoi satisfaire tous les goûts et toutes les générations.


Le Rondeau de l’Oust

DANSER EN TOUTE LIBERTE

Né il y a plus de 25 ans, le Rondeau de l’Oust écrit son histoire en marge du monde de la danse traditionnelle bretonne. Sans appartenir à la confédération régionale, il participe activement au rayonnement de cet élément du patrimoine en proposant chaque année des spectacles très appréciés.

On aime danser dans le pays d’Uzel ! Au milieu des années 90, les bals musette connaissent d’ailleurs un réel succès. Mais les danseurs s’essoufflent, ils ont une envie de changement… Aux danses du moment, certains affichent une réelle volonté de renouer avec la tradition. Ils veulent danser des laridés, des rondes ou encore des gavottes. L’idée fait son chemin et une association est créée. Sous la direction de la professeure Marie Cadoret, le petit noyau initial se développe et l’association affiche rapidement près de 90 danseurs. Désormais initiés aux danses traditionnelles, ils peuvent décliner leurs gammes, chaque week-end dans les fest-noz de la région.

Premier spectacle en 2006

Entre l’envie de créer et la volonté d’évoluer, le Rondeau de l’Oust veut rêver plus grand et imaginer un véritable spectacle chorégraphique. « Nous voulions faire autre chose que du traditionnel et mêler la danse et le théâtre », se souvient, Patricia Hamon, présidente de l’association. Écrit et mis en scène par Stéphane Hamon, un premier spectacle baptisé «Les quatre saisons», est présenté en 2006, dans la petite salle des fêtes de Saint-Hervé. La représentation est courte ! Une demi-heure… Mais le succès populaire est réel et l’engouement ne va pas se démentir. Pour autant, pas question d’intégrer la confédération qui gère les concours des cercles celtiques. « Nous n’avons pas l’esprit de compétition, reconnaît la présidente. La participation aux concours génére des contraintes et nous voulions garder notre liberté. » Depuis, le Rondeau de l’Oust trace sa route et écrit son histoire en marge du circuit traditionnel. Une volonté d’indépendance qui n’altère pas sa créativité. Chaque année, la troupe composée d’une vingtaine d’artistes propose ainsi un spectacle souvent inspiré de faits réels et locaux, et mêlant à la fois la danse et le théâtre. De l’écriture aux décors en passant par les costumes, tout est réalisé par les bénévoles. Et ça marche. Cette année, le 16e spectacle présenté par la troupe et intitulé « Un rêve mystérieux », a même fait un carton. Au mois de mai dernier, les trois soirées consécutives proposées à la salle du Kastell d’Ö ont en effet affiché complet. Si le spectacle annuel a naturellement mis en lumière l’association et a forgé sa notoriété, celle-ci n’en a pas pour autant oublié son objectif initial : l’apprentissage de la danse bretonne. Chaque mardi, membres de la troupe et danseurs qui privilégient l’activité loisir, se retrouvent pour des cours communs. « Une fois par mois nous invitons des sonneurs et des chanteurs, précise Patricia Hamon. C’est un rendez-vous intergénérationnel qui regroupe des danseurs âgés de 7 à 86 ans. »

La relève est assurée

Car ici, la gestion du présent se conjugue aussi avec la préparation de l’avenir. Le groupe des jeunes, qui accueille des enfants, dès l’âge de six ans, affiche même une motivation qui ne peut que réjouir leurs aînés. « Le groupe ados est membre de la confédération Kenleur et ils adorent participer aux rassemblements régionaux et aux compétitions », assure la responsable, Laurence Moisan. Le spectacle peut continuer… la relève est assurée.


Bugale Melrand

LES ENFANTS ONT 50 ANS

Créé au début des années 70, Bugale (« enfant » en breton) Melrand fêtera bientôt son 50e anniversaire. Pendant un demi-siècle, le cercle n’a jamais dévié de ses objectifs initiaux. Des plus petits aux plus grands, il entend transmettre le patrimoine culturel de ses terroirs dans le domaine de la danse, de la musique mais aussi de la couture et de la broderie.

Comme un clin d’oeil de l’histoire, c’est dans la rue Guy Kervinio, fondateur du cercle celtique de Melrand, qu’est aujourd’hui situé le local de l’association. « C’était en 1973, rappelle la toute jeune présidente, Marjorie Le Goff. Le cercle est né de la volonté d’une bande de copains qui souhaitait faire vivre et promouvoir la culture bretonne. Au départ, ils ont même contribué financièrement pour faire vivre l’association. » Située à la croisée de trois terroirs (ceux de Baud, de Pontivy et de Guémené), le cercle n’a pas manqué de tirer une richesse de cette diversité. Une richesse qui se retrouve dans les créations scéniques écrites et mises en scène par la commission danse. « Pour autant, nous gardons une préférence pour la gavotte pourleth, c’est un peu la signature du cercle. », assure la présidente. Une danse pratiquée par deux couples formant une petite ronde et au cours de laquelle les hommes sautent et tapent leurs talons en l’air. Bien installé en 2e catégorie, Bugale Melrand n’a plus jamais quitté ce niveau. Un niveau qui lui convient parfaitement et dans lequel il apparaît toujours dans la première partie de tableau. « Nous n’avons pas la volonté d’accéder à l’échelon supérieur, précise Marjorie Le Goff. Nous voulons garder notre liberté et privilégier le plaisir. » S’il participe bien évidement aux différents concours organisés par la confédération Kenleur, le cercle affiche une nette préférence pour les fêtes locales. Cette année ils ont ainsi pu faire apprécier la qualité de leurs prestations à Paimpol, Vannes ou encore Concarneau. Comme de nombreuses associations, elle a dû faire face à une baisse conséquente de ses effectifs après la crise sanitaire. Depuis, ils remontent régulièrement pour atteindre aujourd’hui près d’une centaine de membres. Il est vrai qu’ici, la volonté initiale de transmission demeure une priorité. L’association propose bien évidement des cours de danse avec un atelier pour les tout-petits, un atelier pour les enfants de 7 à 14 ans et un atelier pour les adultes qui ne souhaitent pas forcément intégrer le cercle. Elle propose également des cours de musique pour une vaste gamme d’instruments : violon, guitare, percussions, batterie, biniou, bombarde, éveil musical, harmonisation…

Trois jours de fête en 2024

Mais l’une des particularités du cercle de Melrand demeure la persistance d’un atelier de couture et de broderie. « Au départ, l’association avait acheté des costumes d’origine, précise la présidente. Aujourd’hui, les couturières peuvent réaliser des copies et faire grossir la garde-robe de l’association. » Pour les femmes, c’est le costume de la région de Baud qui est privilégié. Il se compose d’une robe longue et noire, d’un tablier en soie brodée ou en soie ajourée et bien évidement d’une coiffe : le capot (la coiffe de tous les jours), ou la kornek (la coiffe de cérémonie avec deux ailes qui descendent sur les épaules). De leur côté les hommes portent le costume dit « Moutons blancs », du pays de Pontivy. Il se compose d’un pantalon noir, d’un gilet en drap de laine, d’une veste également confectionnée en drap de laine écru et d’un chapeau, « Er tok », avec des pourtours en velours noir. Outre l’organisation de deux fest-noz chaque année (le prochain aura lieu le 3 décembre), le cercle se penche déjà sur l’organisation du 50e anniversaire de l’association. Une fête programmée sur trois jours fin juin 2024, et à laquelle de nombreux groupes amis seront invités.