Depuis près de huit ans, Morag Ferguson et Stuart Roe élèvent des alpagas à la ferme de Kergohy, dans la commune de Trévé. Outre la visite de l’élevage, les amateurs pourront bientôt s’initier à l’art du filage et du tissage de cette laine très prisée.
Lorsqu’au début des années 2000, l’écossaise Morag Ferguson et son ami anglais, Stuart Roe, souhaitent changer de vie, c’est dans le Centre Bretagne qu’ils décident de poser leurs valises. L’ancienne professeure de technologie de textile et le constructeur de maisons en bois achètent une demeure d’un marchand de toiles au lieu-dit Kergohy, dans la commune de Trévé.
Leur projet vise à transformer une partie des bâtiments en gîtes. « Par intérêt personnel mais également pour l’agrément des visiteurs, nous souhaitions avoir des animaux »,
assure Morag. Leur choix se porte un peu par hasard vers un animal plutôt exotique au cœur de la Bretagne et qu’ils ne connaissent que de nom : l’alpaga. « Au départ nous voulions acheter trois mâles castrés », se souviennent-ils. Finalement, ils repartent de chez un éleveur des Côtes d’Armor avec quatre femelles ! Pourquoi ce changement ?
« I don’t know », sourit simplement Stuart.
Si le projet immobilier tarde finalement à se concrétiser, l’élevage va en revanche rapidement se développer. Moins d’un an après l’arrivée des quatre femelles, une première naissance est en effet enregistrée à la ferme de Kergohy. La première d’une longue série puisque l’élevage compte aujourd’hui plus d’une cinquantaine d’alpagas.
Saillies et naissances en été
La trentaine de femelles et la vingtaine de mâles, font l’objet d’une attention quotidienne par le couple qui s’est pris de passion pour cet animal. Mais pas question de laisser la nature faire seule son œuvre. « Les mâles et les femelles vivent dans deux enclos séparés, précise Morag. La gestation étant d’un peu moins de douze mois, nous limitons les saillies à la période estivale. Cela nous permet de concentrer les naissances, l’année suivante, sur cette même période. » L’an dernier, trois petits sont nés pendant l’été. Cette année, une dizaine sont attendus.
Aujourd’hui, le couple ne veut toutefois plus agrandir un troupeau qui a atteint une taille déjà respectable. Depuis quelque temps, il a donc fallu commencer à vendre des animaux à des acheteurs qui souhaitent débuter un élevage ou des particuliers qui désirent simplement en acquérir pour le plaisir. « C’est un animal gentil, curieux et attachant. Il ne mord pas et ne crache pas… enfin, très rarement », assure Morag. Pour autant, son acquisition est soumise à une règle intangible. « L’alpaga vit en troupeau et s’il se retrouve seul, il peut mourir de tristesse, préviennent les propriétaires. Nous ne laissons jamais partir un animal seul ! L’acheteur doit au minimum en acquérir deux ou trois. » Un investissement qui peut s’avérer important, le prix d’un alpaga oscillant entre 500 € et 8 000 €.
Domestiqué par l’homme depuis plusieurs milliers d’années, ce camélidé est surtout connu pour la qualité de sa laine. À la fois fine, douce et chaude, elle est aujourd’hui considérée comme l’une des fibres les plus luxueuses du monde.
Chaque année au mois de mai, c’est un professionnel d’outre-Manche qui assure la tonte des alpagas de l’élevage trévéen.
« C’est très technique et il en profite aussi pour couper les ongles et limer les dents », explique Morag. Selon la taille et la qualité de la toison, un alpaga peut produire entre 2,5 et 5 kg de laine. Celle de meilleure qualité se situe sur le dos ; vient ensuite celle du cou et enfin celle de toutes les autres parties du corps pouvant être tondues. Pour l’instant, la plupart de la production est expédiée vers une filature en Grande-Bretagne, faute de trouver actuellement un équivalent en France. Alors que le kilo de laine brute se négocie aux alentours de 50 €, la pelote de laine 100 % alpaga de 50 g est vendue 12 € aux visiteurs de la ferme ou sur les foires et salons.
S’initier à l’art du filage
Au-delà de l’activité propre de l’élevage, Morag et Stuart ont également su développer une partie plus ludique pour accueillir les visiteurs. Écoliers, pensionnaires de maisons de retraite ou particuliers, ils sont de plus en plus nombreux à venir à la rencontre des alpagas de Kergohy. Et d’ici quelques mois, une partie des anciens bâtiments devrait être transformée en atelier afin d’y accueillir des stagiaires qui souhaitent s’initier à l’art du filage, du tissage ou encore de la teinture. Si l’alpaga va désormais remplacer le lin d’antan, cette ancienne demeure de toileux devrait renouer avec son glorieux passé.
Deux types d’alpagas : le suri et le huacaya
L’alpaga fait partie de la famille des camélidés, à laquelle appartiennent également le lama ou la vigogne, mais également le chameau et le dromadaire. D’une taille qui peut osciller entre 75 cm et un mètre au garrot, il en est le plus petit représentant.
Originaire de l’Altiplano de la Cordillère des Andes, en Amérique du sud, il peut vivre jusqu’à environ 4 500 mètres d’altitude. Aujourd’hui, l’élevage de l’alpaga s’est développé sur toute la planète, notamment en Europe de l’ouest, en Australie et Nouvelle Zélande et en Amérique du nord. Rien qu’en Bretagne, on compte plus d’une vingtaine d’élevages.
Selon le pelage qui peut se décliner en 22 coloris différents, on distingue deux types d’alpagas : le suri et le huacaya. La toison du suri est formée de poils longs qui tombent comme des mèches. Celle du huacaya ressemble plus à celle du mouton.
Pratique
Alpagas de Kergohy
Kergohy
22600 Trévé
06 06 48 96 58
Visites seulement sur réservation.
Adulte, 5 € ; enfants de moins de 12 ans, 3 €.