100 % des foyers bretons raccordés à la fibre optique en 2030 ! Tel est l’objectif du projet Bretagne Très Haut Débit, porté par le syndicat mixte Mégalis. Un projet particulièrement ambitieux dont le coût total est estimé à 2 milliards d’euros.

« La Fracture numérique serait une catastrophe pour les territoires ruraux. » Les élus locaux des zones rurales sont de plus en plus nombreux à afficher clairement leurs inquiétudes devant l’allongement des délais de mise en place de la fibre optique. Une perspective qui a amené certains à monter au créneau, lors des récents conseils des communautés de communes, de Loudéac comme de Pontivy.

Sur le papier pourtant, les pouvoirs publics affirment vouloir tout mettre en œuvre pour limiter la fracture numérique entre les territoires. Mais dans les faits, elle est déjà bien réelle ! Lancée il y a quelques années, l’initiative privée s’est en effet concentrée sur les seules agglomérations bretonnes. De Brest à Rennes, en passant par Saint-Malo, Vannes ou encore Saint-Brieuc… les grandes villes bretonnes ont été les premières à bénéficier de la fibre optique. Financée par le privé, cette initiative ne concerne toutefois que 40 % de la population bretonne et seulement 10 % du territoire.

Pour les autres, soit tout de même 60 % de la population et 90 % du territoire, ce sont les collectivités territoriales qui vont devoir mettre la main au portefeuille. Pour piloter ce projet, un syndicat mixte a même été créé. Baptisé Mégalis Bretagne, il regroupe la région, les quatre départements bretons et 59 établissements publics de coopération intercommunale (EPCI), pour un total de 1 233 communes.

Plusieurs phases de travaux

Dès 2013, le maître d’ouvrage a donc arrêté une programmation en plusieurs phases. La première, lancée en 2014 et qui devrait s’achever en 2018, se décompose elle-même en deux tranches.

De 2014 à 2016, la première tranche de travaux prévoyait le déploiement de la fibre optique pour environ 70 000 locaux (foyers, entreprises et sites publics), situés pour moitié dans quatre villes moyennes (Auray, Carhaix, Lamballe et Redon) et pour l’autre moitié dans 28 zones rurales dont Locminé, Baud, Saint-Thélo ou encore Saint-Connec.

Si la première tranche n’est pas encore totalement achevée, une seconde a été lancée pour la période 2016-2018. Cette deuxième tranche de travaux prévoit ainsi le déploiement de la fibre optique pour environ 170 000 locaux (foyers, entreprises et sites publics), situés pour moitié dans 9 villes moyennes (Dinard, Landerneau, Pontivy, Dinan, Quimperlé, Ploërmel, Paimpol, Loudéac et Châteaulin) et pour l’autre moitié, dans 91 zones rurales au nombre desquelles on recense notamment Grâce-Uzel et Hémonstoir.

À chaque fois, la construction de ce nouveau réseau est bien évidemment précédée par une phase d’étude. Une phase essentielle, qui permet d’effectuer un décompte des locaux concernés à travers un relevé de boîtes aux lettres ; d’identifier les infrastructures mobilisables avant de définir les travaux à réaliser et d’en déterminer le coût.  La phase de travaux, c’est à dire le déploiement de la fibre optique à proprement parler, peut ensuite démarrer en mobilisant au maximum les infrastructures existantes, aériennes ou souterraines. Plus de 7 000 prises sont ainsi prévues pour Loudéac et un peu plus de
10 000 pour Pontivy. Les particuliers, comme les professionnels, devront toutefois patienter jusqu’à la fin de l’année 2018, voire le début de l’année 2019, avant de pouvoir enfin bénéficier du très haut débit.

La seconde phase du projet Bretagne Très Haut Débit aura pour objet le déploiement de la fibre optique, entre 2019 et 2023, pour 400 000 foyers, entreprises et sites publics.

L’identification des zones de déploiement prioritaires de cette phase n’a pas encore été arrêtée. Les représentants du syndicat mixte Mégalis devraient  le faire début de l’année prochaine.

Enfin, la troisième et dernière phase du projet Bretagne Très Haut Débit, aura pour objet le déploiement de la fibre optique, entre 2024 et 2030, pour plus de 600 000 foyers, entreprises et sites publics. Une dernière étape qui devrait permettre de clore cet ambitieux projet visant à offrir la fibre optique à 100 % des foyers bretons, à l’horizon 2030.

« Le privé assure une connexion à la fibre optique pour 40 % de la population bretonne mais seulement 10 % du territoire. Le public va permettre à 60 % de la population installée sur 90 % du territoire, de bénéficier de la fibre optique. »

 

La fibre optique, c’est quoi ?

Le développement des usages du numérique dans tous les domaines, amène à échanger de plus en plus rapidement avec des volumes de données et d’informations toujours plus importants. Les capacités du réseau cuivre ne répondront bientôt plus à cette demande croissante, et atteignent dans beaucoup d’endroits d’ores et déjà leurs limites. C’est la raison pour laquelle la fibre optique va progressivement se substituer à la technologie cuivre.

La fibre optique est un fil en verre ou en plastique très fin, qui a la propriété de conduire la lumière et transmettre des informations.

Contrairement au cuivre, la fibre optique permet :

• la rapidité : elle transmet des données à la vitesse de la lumière.

• la continuité : elle permet d’apporter un débit identique aux usagers, quel que soit l’éloignement de leur lieu d’habitation ;

• la symétrie : elle permet de recevoir et aussi d’expédier des données à un débit identique (l’envoi de fichiers est aussi rapide que le téléchargement).

C’est pourquoi la fibre optique va progressivement se substituer à la technologie cuivre.

Principes du déploiement

Le déploiement d’un réseau de desserte (ou bloucle locale) a pour objectif de raccorder les locaux (foyers, entreprises et sites publics) au réseau de collecte.

Pour chaque zone concernée, Mégalis Bretagne déploie la fibre optique :

• en desservant, à partir des nœuds principaux de réseau (NRO), des points de mutualisation (PM) ; ce que l’on appelle le transport optique.

• en desservant, depuis les PM, des points de branchement (PBO) situés dans les parties communes des immeubles ou à proximité immédiate des locaux (pour les logements individuels) ; ce que l’on appelle la distribution optique.

• ce sont les opérateurs/fournisseurs d’accès internet qui raccordent leurs abonnés en fibre optique du point de branchement optique (PBO) jusqu’à la prise terminale optique (PTO), à l’intérieur du logement, chez l’abonné.

 

Un réseau à exploiter et à commercialiser

À travers une délégation de service public, les collectivités bretonnes, réunies au sein de Mégalis Bretagne, ont décidé de confier à la société THD Bretagne le soin d’exploiter et de commercialiser, pendant une durée de 17 ans, le réseau public en fibre optique dont elles assument la construction à l’échelle de la région.

 

Déploiement de la fibre optique :

un chantier générateur d’emplois

La mise en œuvre du projet Bretagne Très Haut Débit est génératrice d’emplois et requiert des savoir-faire spécifiques. Pour pallier à un manque de main d’œuvre qualifiée dans le secteur, une nouvelle offre de formation est proposée.

L’une des raisons souvent avancées pour expliquer le retard pris dans le déploiement du réseau de fibre optique en Bretagne, est le manque de personnel compétent et formé. Dès 2015, des places de formations, financées par Pôle emploi et la région Bretagne, ont été spécifiquement ouvertes, au plus près des besoins dans les territoires. Au départ, il s’agissait principalement de formations de  « monteurs télécom » (soudeur de fibre optique, installateur de câbles souterrains et aériens…). Une belle dynamique s’est ainsi enclenchée. Mais, au fur et à mesure de l’avancée du chantier, de nouveaux besoins se sont exprimés et qu’il est absolument nécessaire de combler.

Mieux identifier les besoins

Concrètement, les différents partenaires qui ont signé une feuille de route au mois de juin dernier, (région, Pôle emploi, Mégalis, fédération des travaux publics…), souhaitent anticiper les processus de recrutement et de formation par un travail partenarial mené le plus en amont possible. Une volonté qui sera organisée autour de deux grands axes : l’accompagnement des entreprises et l’accompagnement des personnes.

En mars dernier, une enquête réalisée auprès des entreprises a permis de recenser les métiers sur lesquels existe déjà, ou est pressentie, une tension en terme de recrutement : monteur télécom, conducteur de nacelle, technicien réseaux, dessinateur projeteur… De nombreuses compétences nécessaires au déploiement d’un tel projet et qui n’avaient pas toutes été identifiées au départ. Un travail renforcé de diagnostic emploi-compétences permettra de mieux répondre aux besoins de l’économie régionale. Forts d’une connaissance plus fine et d’une meilleure anticipation des évolutions attendues en matière d’emploi, de métiers et de compétences, il sera possible de proposer une offre de formation cohérente et coordonnée et d’accompagner les entreprises dans leur phase de recrutement.

S’agissant de l’accompagnement des personnes, une information sera faite sur les métiers de la fibre optique, les formations et les entreprises du secteur auprès des professionnels de l’orientation et du conseil en évolution professionnelle, ainsi qu’auprès du public.