À une dizaine de kilomètres de Loudéac, la petite commune de Grâce-Uzel entend cultiver l’art du bien vivre. Une recette gagnante qui semble d’ailleurs contribuer à son développement et son dynamisme.
Grâce ! Pendant longtemps c’est ainsi que l’on nommait cette commune des Côtes d’Armor. Née du démembrement de la paroisse de Cadélac, elle tire son nom de l’ancienne chapelle Notre-Dame de Grâce. Un décret du 12 novembre 1890 va finalement lui accoler le nom d’une commune voisine pour composer celui que l’on lui connaît aujourd’hui : Grâce-Uzel. Dynamisée par l’industrie de la toile de lin, alors florissante, la commune affiche tout de même près de 2 000 habitants au milieu du XIXe siècle. Mais le déclin de la toile de lin dite Bretagne, va entraîner une baisse constante de la population de cette commune rurale. À la fin du XXe siècle, elle était même tombée au-dessous des 400 habitants. La courbe s’est toutefois inversée depuis. Lentement mais régulièrement, la population augmente d’année en années pour atteindre aujourd’hui 450 habitants. « Lors des deux dernières années nous avons même enregistré 14 naissances sur le territoire de la commune », se réjouit le maire, Sébastien Gillot.
Des noms pour les rues
Bénéficiant d’une situation privilégiée, en bordure de la RD 700, à 10 km de Loudéac et 30 km de Saint-Brieuc, la commune attire de nouveaux résidents. C’est le résultat attendu d’une politique d’urbanisation engagée, il y a quelques années, par la création du lotissement du Clos Mayot. Les neufs lots proposés au prix de 16,50 € le m2 ont assez rapidement trouvé preneurs. D’ici quelques mois, des travaux de viabilisation vont donc être engagés à la sortie nord du bourg pour la création d’un nouveau lotissement. « Dans un premier temps il ne comptera que cinq lots, mais nous nous donnons la possibilité d’en doubler la capacité si le besoin s’en fait sentir », précise le maire.
Parallèlement, le centre bourg semble susciter un intérêt grandissant. « Une étude réalisée en 2014 faisait apparaître 28 logements vacants, explique Sébastien Gillot. Depuis cinq d’entre-eux ont été réhabilités et sont désormais habités. » Ces nouveaux résidents n’auront pas l’occasion de goûter très longtemps à une spécificité communale : l’absence de noms de rues ! D’ici la fin de l’année des plaques vont en effet être posées et 14 rues seront alors baptisées. « Pour trouver des noms, nous n’avons pas fait appel à la population, c’est le conseil municipal qui a tranché, précise le maire. On n’a rien inventé. Nous avons repris les noms de lieux-dits et nous n’avons pas souhaité retenir des noms de personnalité. »
Bientôt la fibre optique
D’une superficie de 795 hectares, Grâce-Uzel demeure une commune rurale. On y dénombre aujourd’hui 12 exploitations agricoles tournées vers l’élevage (vaches laitières et cochons) et la polyculture. Signe encourageant, la tendance est au rajeunissement puisque de jeunes agriculteurs reprennent les anciennes exploitations.
Si la commune ne compte pas de grandes entreprises, elle dispose toutefois d’un tissu économique regroupant des artisans (peintre, électricien, garagiste…), et de petites sociétés spécialisées dans l’agriculture, le solaire ou encore l’imprimerie, qui rayonnent au-delà des frontières régionales. Des professionnels qui pourront bientôt profiter de l’arrivée de la fibre optique, attendue avec impatience pour le début de l’année prochaine.
Commercialement, si le restaurant l’Olliada bénéficie d’une solide réputation, il demeure le seul commerce du bourg. L’avant-dernier, un bar-épicerie, a fermé ses portes il y a trois ans. « Nous avons un projet de réhabilitation de la salle des fêtes », explique le maire. Il a fait l’objet d’une large consultation auprès de la population et devrait voir le jour en septembre prochain.
Si un espace devrait être dédié au commerce, l’équipement fera également une large place aux associations. Car si elles ne sont pas très nombreuses, elles affichent en revanche un réel dynamise qui contribue assurément à la vie de la commune. « Il ne se passe pas un mois sans animations », assure Sébastien Gillot.
3 questions au maire, Sébastien Gillot
Élu conseiller municipal en 2008, à l’âge de 32 ans, Sébastien Gillot est devenu premier magistrat de la commune après les élections de 2014. Il a remplacé Louis Jouanny, qui assurait les fonctions de maire depuis 1995.
Vous êtes encore un jeune maire mais vous n’avez visiblement pas éprouvé de difficulté à endosser le costume de premier magistrat de la commune ?
Lorsque j’ai été élu pour la première fois en 2008, le maire m’a immédiatement proposé le poste de premier adjoint. Il souhaitait préparer sa succession et nous formions alors une équipe alliant la jeunesse et l’expérience. J’adore la gestion et j’ai donc pris le poste d’adjoint aux finances. Si on ne peut pas être expert dans tous les domaines, on est au courant de tout. En 2014, la transmission s’est faite d’autant plus naturellement que huit élus de l’ancienne équipe ont été reconduits. Car notre travail est d’abord celui d’une équipe. On ne peut certes pas plaire à tout le monde mais nous privilégions toujours l’explication et le dialogue.
Ce mandat s’achèvera dans un peu plus d’un an, quel bilan pouvez-vous d’ores-et-déjà en tirer ?
On a fait avec nos moyens, même si souvent nous aurions aimé faire plus. Le projet de rénovation de la salle des fêtes sera sans doute l’un des éléments marquants de notre mandat. Au quotidien, nous avons également accordé une grande importance à la voirie. Nous avons tout de même 22 km de route à entretenir et chaque année, un budget d’environ 50 000 € a été investi pour en refaire une partie. En 2020, les projets que nous avions lors des élections seront terminés et nous laisserons des finances saines.
On connaît les difficultés auxquelles doivent faire face les petites communes. Nous n’avez jamais été tenté par un rapprochement avec vos voisins ?
Je pense que la commune demeure un échelon qu’on ne pourra jamais supprimer. Mais il est aujourd’hui important d’avoir des regroupements de communes. Dans un passé récent nous avons travaillé avec Uzel, Saint-Hervé et Allineuc, pour la création d’une commune nouvelle. Malgré l’envie de beaucoup, nous n’avons pas pu la concrétiser. Je pense que la création d’une commune à l’échelle du canton serait un projet cohérent.