En 56 av. J.C., les Vénètes, peuple gaulois vivant sur un territoire correspondant à peu de choses près à l’actuel département du Morbihan, se rebelle contre l’autorité de Rome. Le célèbre général romain Jules César organise alors une contre-offensive navale qui lui permet de soumettre l’ouest de la Gaule.

Les sources historiques concernant l’histoire de l’ouest de la Gaule, que l’on appelle l’Armorique au Ier siècle av. J.C., sont relativement peu nombreuses pour la fin de la Protohistoire et le début de l’Antiquité. Il faut faire confiance au plus auguste des témoins : Jules César lui-même ! Ce dernier raconte, dans le troisième livre de sa Guerre des Gaules, le soulèvement des Vénètes en 56 av. J.C. et la manière dont il le réprima.

Tout partit d’une famine en Anjou au début de l’année —56. César fit envoyer des tribuns militaires et des préfets dans les régions voisines pour recueillir du blé afin d’assurer l’approvisionnement des légions qui y étaient stationnées. Les Vénètes, mécontents d’avoir dû faire allégeance à Rome l’année précédente, prennent les émissaires en otages et parviennent à soulever toute la façade nord-atlantique de la Gaule. Ce peuple gaulois (cette cité comme disent les historiens) est, d’après César, l’un des plus puissants de la façade atlantique. L’archéologie a d’ailleurs pu montrer que les Vénètes avaient des liens commerciaux avec Rome avant la conquête par Jules César : on trouve ainsi de nombreuses amphores italiques parmi les vestiges découverts par les archéologues.

Pour contrer le soulèvement, le général romain ordonne la construction d’une flotte de navires de guerre sur la Loire et se rend lui-même sur place, vraisemblablement à partir du printemps —56. Il juge d’ailleurs la menace suffisamment sérieuse pour répartir des troupes partout en Gaule : il barre la route aux Germains sur le Rhin, des troupes sont envoyées en Aquitaine, en Normandie et chez les Osismes (dans l’actuel département du Finistère) pour les maintenir en respect et éviter qu’ils n’envoient des renforts aux Vénètes. Il fait aussi venir des Gaulois poitevins et saintongeais, fidèles à Rome.

Les Vénètes utilisent la position maritime de leurs villes et la puissance de leur flotte pour résister un temps à César. Celui-ci précise qu’ils disposent de plusieurs centaines de navires (mais le nombre est peut-être un peu exagéré) dotés de fond plat pour éviter les hauts fonds et les récifs et construits en chêne pour qu’ils soient suffisamment robustes pour résister aux terribles tempêtes de l’Atlantique.

L’affrontement entre les flottes romaine et vénète a lieu au large des côtes, vraisemblablement dans la baie de Quiberon, bien que la Guerre des Gaules ne précise pas le lieu exact de la bataille. Les légionnaires romains se servent de grandes faux pour couper les gréements des bateaux gaulois, qui ne sont pas pourvus de rames à la différence des galères romaines, et les immobiliser. D’après César, le combat décime les jeunes Vénètes et réduit la flotte à néant. Privées de moyens de défense, les villes se soumettent au général romain qui les châtie sévèrement pour l’exemple : les dirigeants sont mis à mort et leurs biens sont confisqués et vendus.

Comme souvent, l’histoire retient la date de la bataille comme celle d’une nouvelle ère pour l’Armorique. Pourtant, l’intégration de la cité des Vénètes à l’empire romain s’étale sur plus d’un siècle : les successeurs de César mettent en place des chefs-lieux administratifs dans toute la Gaule, dont Vannes dans le cas des Vénètes. Les cités armoricaines sont ensuite intégrées dans une circonscription administrative plus vaste : la province de Lyonnaise dont la capitale est Lyon. Par ailleurs, jusqu’en 43 apr. J.C. (date à laquelle l’empereur Claude conquiert l’actuelle Grande Bretagne), l’Armorique constitue les confins occidentaux de l’empire romain. Les profondes mutations qu’entraînent ainsi la soumission des Vénètes par Jules César en 56 av. J.C. ne se font ainsi pas du jour au lendemain mais s’étalent sur une période relativement longue, englobant les Ier siècle av. et Ier siècle apr. J.C.

 

À retenir

 

58 À 52 AV. J.C. : 

Conquête des Gaules par Jules César.

57 av. J.C. :

Les Vénètes se soumettent à Rome, représentée par le général Crassus. Ils lui donnent des otages pour garantir leur bonne foi.

56 av. J.C. : 

Soulèvement des Vénètes et défaite navale face à César.

Pour aller plus loin : 

CESAR, Guerre des Gaules, Paris, Belles Lettres, 2 vol., 1978-1981 [voir le livre 3 notamment].

Yvan MALIGORNE, L’architecture romaine dans l’ouest de la Gaule, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2006.

Patrick NAAS et Loïc LANGOUËT, Histoire rurale des Vénètes armoricains (Ve s. av. J.C. – IIIe s. apr. J.C.), Saint-Malo, Centre Régional d’Archéologie d’Alet, 1999.

Louis PAPE, « L’Armorique dans la Gaule. Éclipse et renaissance », Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, tome 105, numéro 2, 1998, p. 11 à 27.

 

Article rédigé par Victorien Leman, Historien généalogiste

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