On dit qu’il existe un « esprit kergristois » et qu’il se passe toujours quelque chose à Kergrist. Solidarité et bien-vivre ensemble sont les fondements du développement voulu pour cette localité du Centre Bretagne, à proximité de Pontivy et Loudéac.
Onze éoliennes à la ronde, un lotissement communal éco-construit, l’abandon de tout produit phytosanitaire dans l’entretien des espaces verts… Le vent du développement durable souffle sur Kergrist, commune rurale située à 8 km de Pontivy et 16 km de Loudéac. Bruno Servel, son maire depuis 2008, préfère, lui, parler de « développement local ». « Quand on pense durable, on pense à la protection de l’environnement, aux économies d’énergie, mais ce n’est pas que cela, martèle-t-il. On peut certes avoir des équipements répondant à des normes écologiques, mais sans le maintien de l’économie, d’une activité culturelle ou associative, cela ne sert à rien car tout est lié ! »
L’évolution de sa démographie illustre bien le dynamisme de Kergrist. La localité morbihannaise compte aujourd’hui 715 habitants, soit 50 de plus en cinq ans. Une population par ailleurs rajeunie : son école accueille 55 élèves, pour seulement une petite vingtaine au début des années 2000. De nouvelles constructions expliquent ce renouvellement. La situation géographique de Kergrist aussi, ni trop près, ni trop loin des bassins d’emplois pontivyen et loudéacien. « L’ouverture de la déviation nord rend plus accessible la partie sud de Pontivy, même si nous devons encore davantage désenclaver notre commune », observe Bruno Servel.
Pour favoriser l’intégration de ses nouveaux habitants, Kergrist peut s’appuyer sur un tissu associatif des plus actifs. La commune recense ainsi une dizaine d’associations locales, dont le comité des fêtes et son fameux festival de musique rockabilly, les clubs de foot et de cyclos…
Maintien vital des commerces
L’une des forces de Kergrist repose dans la vitalité de ses commerces de proximité. Un garage automobile, deux cafés-restaurants et une épicerie–dépôt de pain animent le bourg. La dernière vient même de trouver des repreneurs : un jeune couple installé dans le bourg succèdera à Marie-Christine Lorillec, gérante depuis 38 ans de l’établissement. « Le maintien de cette épicerie était essentiel pour la commune. Les repreneurs vont y développer un nouveau concept. En tant que municipalité, c’était important de les accompagner dans leur projet », souligne le maire.
L’attractivité du bourg : le nerf de la guerre pour Bruno Servel et sa municipalité. Ainsi, au moment de doter la commune d’une salle multifonctionnelle, qui soit à la fois un lieu de culture, de rencontres et de convivialité, le choix s’est porté sur la réhabilitation d’anciens locaux techniques proches de la mairie, « pour favoriser la synergie avec les commerces ».
La salle Kaméleon est en service depuis 2014. Elle abrite la bibliothèque, gérée par « Les amis du livre », et met une salle partagée à la disposition des associations et de la paroisse. Elle accueille également des spectacles et des résidences d’artistes. Sa programmation est confiée à la toute jeune association culturelle, Koca, créée sur l’impulsion de la municipalité et à laquelle est allouée une subvention spécifique. « Les spectacles ont souvent lieu le mardi soir et les artistes en résidence sont invités à « consommer local » afin de générer des retombées pour l’activité du bourg », souligne Bruno Servel.
2 M€ investis lors du mandat précédent
Évidemment, l’écologie a été au cœur de la construction de cette salle et de son équipement : laine de chanvre pour l’isolation, bardage bois, chaudières à granulé mutualisées avec la mairie. Non sans impact dans les investissements portés par la commune. « Nous avons globalement investi 2 M€ sur l’ensemble du mandat précédent. Pour autant, nous connaissons un endettement raisonnable voire même légèrement inférieur à celui des communes de notre taille parce que nos choix de « développement durable » nous ont permis d’obtenir des subventions pour des projets innovants », précise Bruno Servel.
Dans les prochains mois, c’est en faveur de la jeunesse kergristoise que les élus veulent travailler. Un terrain multisports, à proximité de l’éco-lotissement, « sera opérationnel dès l’été prochain », annonce Bruno Servel.
À moyen terme, la municipalité projette aussi de racheter une maisonnette du centre-bourg pour la transformer en local jeunes. Des jeunes, enfants ou adolescents, qui eux aussi s’impliquent dans la vie de la commune. Via le « conseil municipal jeunes » regroupant les 11-12 ans ou un « groupe d’ados », « ils ont beaucoup de propositions à faire », se réjouit Bruno Servel. L’avenir de Kergrist est bien l’affaire de tous…
INTERVIEW : Bruno Servel, Maire de Kergrist
Natif de Kergrist, Bruno Servel, 59 ans, est maire depuis 2008. Il mène son deuxième mandat à la tête d’une équipe municipale renouvelée. Une municipalité qui accorde une très grande importance à associer les habitants à ses actions et projets.
Favoriser le « bien vivre ensemble » à Kergrist est l’une de vos priorités et a conduit à la rédaction d’une charte. Pourquoi cette charte ?
Nous sommes une commune avec une forte activité agricole qui, à certains moments de l’année, peut être factrice de nuisances : transport, bruit… Or, nos nouveaux arrivants ne sont pas forcément issus du monde rural et ne connaissent pas son fonctionnement. Notre volonté est que chacun apprenne à mieux se connaître et se tolérer. En mettant en place cette charte, la commune voulait veiller à ce que les intérêts des uns et des autres soient respectés.
Au-delà de cette charte, votre municipalité s’efforce également de rencontrer régulièrement les habitants ?
Nous avons décidé d’aller sur le terrain à la rencontre des Kergristois dans les villages et les quartiers du bourg : pour les écouter, pour qu’ils nous fassent part de leurs problèmes là où ils habitent ou à l’échelle de la commune. C’est informel et la parole est libre. On vient avec le café ou avec l’apéritif et pour certains voisins qui se voient peu, c’est l’occasion d’échanger et de mieux se connaître.
Quelles seraient les améliorations à apporter pour ce bien-vivre ensemble ?
Nous devons être encore plus proactifs envers les nouveaux arrivants, les inviter à s’impliquer davantage dans la vie locale, à s’inscrire au sein des associations, à donner leur avis sur ce que l’on met en place. Nous nous efforçons d’ailleurs d’avoir une démarche participative pour nos projets, en associant les habitants à la réflexion. Cette manière de faire, c’est aussi une manière d’impliquer les Kergristois dans la vie de la commune.