Quelque 25 danseurs forment le groupe scénique de Kerlenn Pondi. Du haut de ses 65 ans, ce cercle entend respecter les racines de la danse traditionnelle tout en s’ouvrant au monde. En 2018, il est devenu vice-champion de Bretagne de la confédération Kendalc’h.

Entre tradition et modernité. La formule consacrée résume bien l’esprit de Kerlenn Pondi. Tant pour le bagad que pour le cercle, l’un n’allant d’ailleurs pas sans l’autre. Du haut de ses 65 ans, cet ensemble culturel est l’un des plus anciens de Bretagne. Pour autant, « nous avons une réelle volonté d’ouvrir la culture bretonne à l’extérieur », insiste Jonathan Le Guennec, penn-danseur. « Nous tenons à respecter nos racines mais sans rester figés dans un vieux monde. L’idée, c’est de montrer que l’on sait aussi évoluer avec notre temps et non plus dans l’entre-soi. »

Non seulement elle la définit bien, mais cette formule réussit aussi à Kerlenn Pondi. La preuve, avec le titre de vice-champion de Bretagne décroché en avril 2018 lors du championnat national de danse bretonne organisé par la confédération Kendalc’h. Un classement historique et une ascension fulgurante pour les danseurs pontivyens. « Il y a encore cinq ans, nous étions un bon groupe de deuxième catégorie. Atteindre le niveau « Excellence » en 2016 était déjà une étape. Cette deuxième place, que l’on ne visait d’ailleurs pas particulièrement, est très gratifiante. Elle prouve que le travail et le sérieux payent », se satisfait Jonathan Le Guennec.

Duo d’artistes, choc des cultures

Il faut dire que ce chorégraphe en titre ne manque pas de suite dans les idées. Pour la création 2018, intitulée « Tarzh ar vuhez » (éclat, jaillissement), il s’est adjoint les services de deux pointures… chacune dans leur domaine. Le chanteur traditionnel Yann-Fanch Kemener, considéré comme l’une des plus belles voix de Bretagne, et le danseur contemporain Alban de la Blanchardière. Un choc des cultures. Mais, la magie a opéré. La création fait référence aux différentes étapes de la vie. « Nous nous sommes penchés sur nous-mêmes, notre existence, notre évolution. En costume de travail du pays Pourlet, les danseurs se sont laissés guider par le poème de Yann-Fanch Kemener, comme un parcours de vie », décrit Jonathan Le Guennec. Autre pilier essentiel de ces dernières créations, le duo Couriaut-Lotout, saxophone-accordéon, qui vient magnifier le travail de composition et d’ensemble.

On ne change pas une formule qui gagne. Les mêmes artistes ont été de nouveau sollicités pour la création 2019. On n’en saura rien de plus pour l’heure. Si ce n’est que : « on devrait encore faire parler de nous », promet le chorégraphe.

Les répétitions de cette nouvelle suite démarrent en ce mois de janvier. En parallèle à la préparation du concours Tradi’Deiz, qui se déroulera le 14 avril à Vannes. Les danseurs de Kerlenn Pondi se retrouvent ainsi chaque week-end, le vendredi ou le samedi, selon les semaines, dans les locaux associatifs situés au collège Saints-Anges. Ils sont 25 à former le groupe « scénique », toujours accompagnés de la trentaine de musiciens du bagad.
Comme dans la plupart des cercles bretons, les filles sont largement majoritaires. À 20 ans, Gurvan, lui, fait partie de la troupe scénique depuis deux ans. « J’ai intégré le cercle enfants à 8 ans. À la base, ce sont mes parents qui m’ont inscrit », raconte le jeune homme. Passionné, Gurvan ne manque aujourd’hui pas une répétition. « J’aime ce qu’on nous fait danser, y compris en traditionnel. »

Le laridé-gavotte sauvé de l’oubli 

En l’occurrence, le laridé-gavotte est la principale danse du pays de Pontivy. Une danse très vive, la plus rapide de Bretagne. Presque tombée dans l’oubli, elle a été remise au goût du jour dans les années 1960 par Kerlenn Pondi, sous l’impulsion de l’abbé Blanchard, alors son dirigeant. Les danseurs pontivyens aiment aussi à puiser dans le répertoire du terroir Pourlet, et se lancer dans une gavotte pourlet. Les sauts des hommes, impressionnants, font toujours leur petit effet sur le public.

Parades, concerts, spectacles, animations, festou-noz… Les danseurs de Kerlenn Pondi ne manquent  pas une occasion pour partager leur passion. Portant même très loin les couleurs du costume du pays de Pontivy, reconnaissable au gilet blanc des hommes. Ces quinze dernières années, l’ensemble culturel s’est ainsi produit en Chine, au Népal, au Portugal, en Italie, en Pologne… Ici ou ailleurs, leur prestation est aussi marquée par la bonne ambiance qui règne entre les danseurs et les musiciens. 
« C’est le ciment de notre groupe, ce qui fait qu’on y reste »
, assure Gurvan. « On a vraiment du plaisir à danser ensemble, on s’entend bien et on est l’un des groupes où cela se transmet sur scène », abonde Jonathan Le Guennec. Avant de conclure, non sans fierté : « C’est d’ailleurs souvent un compliment qui nous est fait. » 

 

Quelques dates clés

1932 : Un groupe de jeunes Pontivyens passionnés, désireux de faire connaître Pontivy, ses costumes, danses et chants, créent le groupe des « Moutons Blancs » dont l’existence est interrompue par la guerre.

1953 : L’aventure est relancée avec la création de l’association Kerlenn Pondi. Le bagad est formé dès cette première année. Le cercle voit le jour un an plus tard.

1968 : Le bagad et le cercle, qui évoluaient jusque là séparément, innovent en présentant pour la première fois un spectacle commun. 

Fin des années 1960 : Un important travail de recherches permet au groupe de sauver de l’oubli la danse du pays de Pontivy : le « laridé-gavotte ». 

1978 : Kerlenn Pondi change ses statuts et devient
« Ensemble culturel breton ».

2010 : Parmi les nombreux déplacements de Kerlenn Pondi à l’étranger, comme ambassadrice de Pontivy, celui au Népal restera le plus marquant. 

2016 : Le cercle de danseurs adultes accède à la catégorie « Excellence » de la confédération Kendalc’h. 

 

La Kerlenn Pondi en bref

200 adhérents dont 25 danseurs scéniques et 30 musiciens pour le bagad.

• Cours de danses : éveil à la danse pour les 3-6 ans (le vendredi après-midi), kerlennig pour les 6-12 ans (le vendredi soir), cercle « ados » pour les 12-18 ans (le samedi matin) ; danse loisirs pour les adultes (le jeudi soir, tous niveaux).

• Le groupe scénique adultes accueille tout nouveau danseur souhaitant participer à des concours. 

• Spectacle annuel en novembre, dans le cadre des Gouelioù Kerlenn Pondi.

Crédit photos article : © Guy Jegoux

 

Pratique

Site internet :  www.kerlennpondi.bzh

Facebook : Kerlenn Pondi

Renseignements au 06 28 29 17 40 ou par e-mail à contact@kerlennpondi.bzh

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