Installé à Bieuzy-les-Eaux, l’atelier CoRéum œuvre à la conservation et la restauration du patrimoine ancien. Son équipe, composée d’une dizaine de techniciens qualifiés en menuiserie, sculpture, dorure, décor-peint… intervient dans tout le grand Ouest. Essentiellement sur des édifices et objets religieux.
Par petite touche, tout en délicatesse, Solenn reprend les lacunes du décor polychrome du gradin de l’autel de la chapelle de Mangolérian de Monterblanc. Dans ses mains, une assiette où se mêlent plusieurs couleurs. « Cela permet de mieux mélanger les nuances, de leur donner un aspect « moins neuf », explique la peintre-décoratrice.
« À chaque fois que je pose une couleur, je ne sais jamais si ce sera la bonne. Là, vous voyez, c’est un peu trop clair, il faut que je corrige un peu. » Au même moment, dans l’atelier menuiserie, Caroline et Anthony réassemblent le plateau. L’estrade sur lequel reposera désormais ce mobilier, elle, est complètement neuve…
Huit semaines auront été nécessaires pour redonner son lustre à cet autel datant du XVIIIe siècle. « L’ensemble était disparate. Abimé par l’humidité de la chapelle, il menaçait de s’effondrer sur lui-même. Il a fallu le démonter entièrement, traiter les problèmes qui ont conduit à sa dégradation (zones infestées d’insectes, auréoles de corrosion…), restituer ses parties manquantes…», détaille Vincent Chérel, dirigeant de l’Atelier CoRéum.
Discrètement installée dans l’ancienne école de Bieuzy-les-Eaux, cette société œuvre à la conservation et la restauration du patrimoine ancien. Une double activité sur laquelle insiste son dirigeant. « Nous sommes des techniciens au service de la transmission de ce patrimoine. Notre rôle consiste d’une part à éviter qu’il ne s’abime davantage et d’autre part à en redonner une lecture complète. »
Chaque cas est particulier
Créé en 1986 par Gibert Le Goël, repris à son départ en retraite en 2009 par ses collaborateurs, l’atelier CoRéum emploie une dizaine de personnes qualifiées et expérimentées dans les métiers d’art : menuisiers, ébénistes, sculpteurs, doreurs, restaurateurs de décor-peint. Signe de l’excellence de son savoir-faire, CoRéum a obtenu, il y a deux ans, le très sélectif label
« Entreprise du patrimoine vivant », décerné par l’Institut National des Métiers d’Art. Son expertise repose sur sa compétence à allier techniques traditionnelles et innovantes. « Chaque intervention demande que nous fassions des recherches en archives et in situ, que nous établissions un diagnostic des altérations pour proposer le meilleur protocole de conservation et de restauration. Chaque cas est particulier. Parfois on s’arrache les cheveux, mais on apprend aussi tous les jours », observe Vincent Chérel.
L’atelier CoRéum intervient sur tout le grand Ouest, essentiellement sur du patrimoine religieux. Et pour cause… Paris mis à part, la Bretagne est la première région de France en nombre d’objets protégés au titre des monuments historiques. « Et en l’occurrence, c’est le patrimoine religieux qui prédomine ici. Imaginez : quelque 300 communes par département, soit près de 1 200 communes dans toute la région, avec chacune leur église et trois ou quatre chapelles… Ça fait des milliers et des milliers d’édifices et d’objets à sauvegarder ! », compte le patron de l’atelier centre breton.
120 à 150 éléments par an
La diversité c’est aussi ce qui rend passionnant le travail de CoRéum. 120 à 150 éléments passent chaque année entre les mains des experts de Bieuzy-les-Eaux. « Dans notre métier, on voit de toutes les époques, de toutes les natures. Des petits éléments de piété populaire présents dans les chapelles de campagne comme des grands ensembles en matériaux nobles des édifices des grandes villes. Réparer en trois jours une petite statue en plâtre, cassée par maladresse lors de l’entretien d’une chapelle peut être tout aussi émouvant que la restauration complète d’un retable néo-gothique qui va nous occuper plusieurs mois », assure Vincent Chérel.
Dans le lot, CoRéum se voit confier quelques pièces « rares ». À l’image de ce catafalque (estrade funéraire) dont le décor « tête de mort » retrouve… vie dans l’atelier restauration décor peint. Datant de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, il fait partie du patrimoine de la chapelle de Gorvello, à Sulniac. « C’est un objet dont on n’a plus du tout usage aujourd’hui mais qui mérite d’être sauvegardé pour son intérêt historique. C’est cela aussi la conservation du patrimoine », souligne Vincent Chérel.
Quelques chantiers ont évidemment marqué les esprits. La restauration complète du retable du rosaire de l’église Saint-Ronan de Locronan, par exemple, qui a mobilisé toute l’équipe pendant quatre mois plein. Un ensemble de 7,15m de haut sur 4m de large, datant du XVIIe siècle, en grande partie attaqué par les insectes. Il y a deux ans, les techniciens de CoRéum se déplaçaient également à Hœdic dans le cadre de la réfection de l’église Notre-Dame La Blanche. « Huit mois, coupés du monde », se souvient Vincent Chérel. Ce qu’il en retient : l’accueil des Hœdicais. Car, derrière les œuvres à restaurer, il y a des hommes et des femmes. « Des vrais passionnés du patrimoine qui sont autant de belles rencontres. »
Pratique :
Atelier CoRéum
Conservation et restauration d’objets et de mobiliers d’art
Le Resto, à Bieuzy-les-Eaux
02 97 27 73 52