On le voit peu. Au point qu’on a longtemps cru qu’il était solitaire. Simplement parce que, comme Christophe, le papa d’Aline et des Mots bleus, il vit essentiellement la nuit.  Qui ? Ben, le blaireau, tiens.

Attention. Pas d’ambiguïté. Quand on dit blaireau, on ne l’écrit pas avec une majuscule. C’est pas de Bernard Hinault qu’on cause. Non, notre blaireau ne fait pas de vélo. Il ne s’agit pas non plus de votre voisin. Celui que vous nous présentez habituellement d’une formule dont on doute qu’elle exprime admiration ou simple respect. « Vous le connaissez pas ? Ben vous ne perdez rien. C’est un gros blaireau. »

Ni champion cycliste donc, pas plus que voisin moyennent apprécié… notre blaireau  à nous est aussi appelé « meles meles ». C’est le plus balèze des mustélidés d’Europe. Trapu et court sur pattes, il mesure 70 cm de long (90 avec la queue), atteint une trentaine de cm au garrot et peut peser jusqu’à 20 kg (12 kg en moyenne). Bref, un beau bébé !

Son pelage est gris sur le dos, noir sur les pattes et le ventre. N’était sa queue touffue, on pourrait presque le prendre pour un petit ours…. avec un masque (presque) de zèbre. Son museau blanc est en effet zébré de bandes longitudinales noires couvrant les yeux et se prolongeant jusqu’aux oreilles.

Super terrassier

En France, le blaireau vit un peu partout, jusqu’à 2 000 mètres d’altitude. Sauf en Corse. Là-bas, y’en a pas. Pourquoi ?.. On s’interroge : l’ourson zébré serait-il jugé trop moche pour l’île de beauté ?

Chez nous, il apprécie les forêts et, en terrain découvert, les bordures de bosquet ou de haie épaisse. Il vit en groupe, essentiellement la nuit. Assez joueur, il apprécie les bousculades et les courses poursuites ponctuées de morsures à la nuque. Ses vocalises rappellent de petits rires et son registre sonore est vaste : il couine, grogne, souffle et singe même le chat en ronronnant.

Question logement, il lui arrive de squatter un terrier existant, celui d’un renard par exemple. Mais il se fait souvent piquer le sien par des bestioles moins bien équipés que lui pour creuser : renard, chat forestier, lapin, putois…

Faut dire que notre blaireau est, lui, super-adapté. Grâce aux solides griffes terminant ses pattes robustes et sa petite tête conique, il creuse comme une pelleteuse. Et il ne rechigne pas à la tâche, l’animal. Jusqu’à 40 tonnes de terre, il peut déplacer pour aménager son logis principal. Oui, 40 tonnes !

Rien d’étonnant quand on sait que le bestiau fouisseur aime à prendre ses aises. Creusée dans un sol en pente, la galerie-terrier peut en effet atteindre 2 000 m2. Le «super-loft » est aménagé sur plus de 300 m de long et plusieurs niveaux. Avec chambre pour accoucher et allaiter, chambre à coucher où les couples passent leurs journées dans des alcôves de feuille, mousse et fougère… dont la literie est fréquemment changée. Constitué de deux à cinq blaireaux et d’un à trois jeunes, le clan familial soigne son hygiène et son confort.  Il aime aussi la facilité d’accès, le logis principal comptant entre 30 et 40 entrées. On ne sait si toutes sont équipées d’une sonnette.

À l’occasion, il réserve une pièce à son repas dont le menu varie selon les saisons et ses envies. En hiver, il grignotte force lonmbrics.  Au printemps, il se tourne vers les insectes (coléoptères, hannetons, guêpes, sauterelles…) et les champignons. Parfois, il croque un lapereau, une grenouille, un crapeau ou un serpent…

En hiver, il n’hiberne pas, mais se repose. Et ne mange presque plus rien. Il vit sur ses réserves de graisses.

Comme un bon gros blaireau.

Non, on n’a pas dit comme votre voisin…