Chez Ici et Là, on aime les gens. Mais pas que. On apprécie aussi la faune et l’on a eu envie de présenter quelques uns des spécimens du cru. C’est l’étincelant martin-pêcheur qui ouvre la série.
Il ne court pas les rues de notre campagne, le martin pêcheur. Il faut savoir où chercher ou avoir un énorme bol de chance. Bonne pêche du côté de l’eau propre ! Notre alcedo atthis (son nom quand il se la pète en société) « est un bon indicateur de la qualité du milieu aquatique », confirme Wikipedia.
Relativement rare, martin n’en est pas moins résolument exhibitionniste. Une vraie boule à facettes volante : bleu étincelant dessus, roux et blanc dessous. Son corps court et trapu (16 cm pour 40 g) se termine par un bec long et fin. Martin pousse aussi la sono quand il fonce en rase-flotte. « Tchiii … » Il siffle fort et strident. Au printemps et en automne, il met le son à donf pour chasser les intrus : « ‘chri-ti-tit’ ».
Un sacré cabot
Artiste de haute voltige, m’as-tu-vu jusqu’au bout de ses ailes fluo, martin plonge bec le premier sur les petits poissons ou les insectes aquatiques qu’il a repérés depuis un perchoir-mirador, genre poteau ou arbuste. Il attrape sa nourriture tête en avant pour ne pas être incommodé par les écailles en l’avalant. Quand elle n’est pas dans le bon sens, il la jette en l’air et la rattrape comme il l’attend. Un sacré cabot. Jusque dans ses réjections, il fait le clown. Comme les rapaces, il éjecte en effet après digestion une « pelote » constituée des arrêtes des poissons et des carapaces d’insectes. Il « réjecte » par la bouche et avec classe martin, sans en avoir l’air. En accompagnant la manoeuvre d’un bâillement ostentatoire. Sans mettre la patte devant le bec.
Artiste, oui, mais pas glandeur, le martin. En période de nourrissage, il pêche jusqu’à 80 poissons dans sa journée ! Des mets de choix qu’il présente à des rejetons faisant sagement la queue dans le couloir de sa niche : chacun son tour, et pas de resquilleur au self de la famille des alcédinidés. Enfin, pas pendant la prime enfance. Ensuite, comme chez nous, c’est la loi des ados que l’on reconnaît aisément. Pour se distinguer des parents, ils sont plus vert que bleu, comme en treillis. À peine âgés de quatre semaines, ils quittent le logement.
Très vite, ils nicheront dans un terrier creusé dans la berge meuble d’un cours d’eau. Leur aménagement sera précédé d’une parade nuptiale aérienne rapide et ponctuée de sifflements métalliques aigus. Les martins se reproduisent d’avril à juillet à raison de deux à trois couvées successives. Pas des glandeurs, on vous dit !
Pas trop sports d’hiver non plus, les flèches fluo. Quand ça caille un peu trop, font leurs valises et s’offrent un séjour au sud. Toujours à proximité d’une eau propre et poissonneuse. L’histoire ne dit pas si pour choisir leur destination, ils se connectent sur le site de leurs Pavillons bleus (fluo). On ne connaît pas non plus la liste de leurs offices de tourisme ni de leurs agences de voyage. Mais ils existent. Forcément.