L’économie verte comme élément de développement du territoire ! De Locminé à Collinée, ils sont aujourd’hui de plus en plus nombreux à considérer que la transition énergétique peut être une chance pour le Centre Bretagne. Et ils le prouvent par le lancement de nombreux projets.

Du 30 novembre au 11 décembre prochain, la France va accueillir la 21e conférence des Nations-Unies sur les changements climatiques : la COP 21. Rassemblés pendant une dizaine de jours, les représentants de tous les états de la planète devront décider ensemble des mesures à prendre pour baisser leurs émissions de gaz à effet de serre, responsables du dérèglement climatique. Et l’objectif est ambitieux puisqu’il vise à protéger le climat et à contenir le réchauffement climatique à + 2° C !

Pour tenter d’y parvenir, tous s’accordent aujourd’hui sur la nécessité d’engager une transition énergétique. En clair, il s’agit de remplacer les énergies fossiles (limitées, non renouvelables et polluantes) par un bouquet énergétique basé principalement sur des ressources renouvelables et non polluantes. En France, la réflexion qui s’est engagée à la suite du Grenelle de l’environnement a abouti au vote d’une loi pour la transition énergétique et la croissance verte, au mois de juillet dernier.

Une meilleure maîtrise de la consommation et le recours à des énergies propres et sûres devraient permettre à la fois de réduire la facture et la dépendance énergétique.

Une économie créatrice d’emploi

Dans le Centre Bretagne de nombreux acteurs du territoire se sont déjà engagés dans la voie du développement durable. Dans l’entreprise, sur l’exploitation agricole ou au domicile privé, beaucoup ont pris des mesures pour consommer mieux et moins.

Depuis déjà longtemps pour certains et un peu moins pour d’autres, des élus ont souhaité engager une politique volontariste dans ce domaine. Car si la mise en place d’une politique de développement durable contribuera à maintenir une certaine qualité de vie, elle peut aussi s’avérer économiquement profitable et contribuer à la création d’emplois.

Avec la « Route des énergies », initiée il y a une dizaine d’années, c’est d’ailleurs ce que souhaite mettre en place la communauté de communes du Mené (Pages 6 et 7). Plus au sud du territoire, c’est également l’objectif d’un projet innovant et ambitieux baptisé Locminé innovation et gestion des énergies renouvelables (Pages 8 et 9). Du côté de Loudéac et plus généralement de la Cidéral, ce même objectif s’est déjà concrétisé par des réalisations et des projets d’envergure (Page 10). Sans oublier la partie la plus visible pour les habitants du Centre Bretagne, le développement constant des parcs éoliens qui traduit bien une volonté de développement dans le sens du vent.

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Le Mené innove : LA ROUTE DES ÉNERGIES

Depuis maintenant une dizaine d’années, la communauté de communes du Mené(1) s’est engagée dans la voie du développement durable en milieu rural. Plusieurs écosites jalonnent une « Route des énergies » avec pour ambition de parvenir à l’autonomie énergétique à l’horizon 2025.

« Faites le plein d’énergie. » Le slogan de la communauté de communes du Mené, n’a assurément pas été choisi au hasard. Dans le domaine des énergies, et plus spécialement pour les renouvelables, elle mène une politique volontariste qui lui a d’ailleurs permis d’être lauréate de l’appel à projet « Territoire à énergie positive pour la croissance verte », lancé par le ministère du Développement durable.

Au fil des années, elle a ainsi développé un bouquet énergétique de production de chaleur et d’électricité par la valorisation des ressources locales. Exemplaire et novateur, le projet a même donné naissance à une « Route des énergies », qui permet à la fois de sensibiliser le public et de développer une destination de tourisme industriel durable.

Dans un territoire à dominante agricole, la communauté s’est d’abord attaquée aux problématiques environnementales, plus spécialement au traitement du lisier. La biomasse animale est aujourd’hui valorisée au sein d’une unité de méthanisation collective Géotexia, qui regroupe 35 agriculteurs et traite 45 000 tonnes de lisier et 35 000 tonnes de coproduits. Par le biais de la cogénération, cette unité permet la production de 13 800 Mwh/an d’électricité et 14000 Mwh/an de chaleur.

Seconde étape du parcours, l’huilerie de colza, gérée par la coopérative Ménergol et qui regroupe aujourd’hui 65 exploitants agricoles. La production d’environ 1 400 tonnes par an, est à la fois utilisée comme biocarburant pour les engins agricoles et l’alimentation des bovins avec les tourteaux de colza. L’huile est également mise en bouteille pour la consommation et est même utilisée comme mode de chauffage du relais des services publics, à Collinée.

Le bois, le vent et le soleil

Trois autres étapes jalonnent le parcours de la « Route des énergies » et s’appuient sur des ressources renouvelables : le bois, le vent et le soleil. Cinq réseaux communaux de chaleur en bois énergie sont alimentés par une plateforme communautaire de stockage et de séchage de bois déchiqueté. La plupart est produit localement dans des plantations de plus de 44 ha de taillis à courte et très courte rotation.

economie-energie-bretagneSitué sur une ligne de crête culminant à près de 300 mètres, et bénéficiant d’un vent suffisant, un premier parc éolien participa- tif a été mis en service. Doté de sept éoliennes de 90 mètres de haut et de 850 kW de puissance, il est géré par la société Citeol Mené. Créée spécifiquement, elle est détenue pour 30 % par 147 ménages regroupés sous forme de club d’investissement pour une gestion alternative et locale de l’épargne solidaire. L’ensoleillement correct du territoire permet également de valoriser cette ressource. Plusieurs panneaux photovoltaïques ont été mis en service chez des particuliers ou sur des bâtiments de la communauté. Un programme de construction de 30 maisons solaires à 0 € de dépenses pour le chauffage, a par ailleurs été engagé. Les 12 premières sont d’ores et déjà proposées à la location.
Capture d’écran 2016-01-27 à 12.44.01Enfin, dans le cadre de sa compétence de développement économique, la communauté a créé une pépinière d’entreprises dans un bâtiment basse consommation, dédiée aux métiers liés aux énergies renouvelables.
D’autres projets sont encore dans les cartons. Portés par des particuliers ou par la collectivité, ils devraient permettre à la communauté de communes du Mené d’atteindre son objectif et de parvenir à l’autonomie énergétique à l’horizon 2025.

(1) La communauté de communes du Mené regroupe sept communes (Collinée, Langourla, Le Gouray, Plessala, Saint-Gouéno, Saint-Gilles-du-Mené, Saint-Jacut-du-Mené ) et compte 6 500 habitants. Elle devient commune nouvelle, Le Mené, au 1er janvier 2016 et devrait rejoindre la Cidéral le 1er janvier 2017.

 

« Liger » à Locminé : UN PÔLE INNOVANT ET AMBITIEUX

« Les territoires économiquement dynamiques de demain seront ceux qui auront la capacité de produire localement leur énergie . » Si cette prédiction se vérifie, le pôle qui se construit à Locminé et qui demeure encore unique en France, se prépare un très bel avenir…

« Quelles actions pourrions-nous engager pour réduire notre empreinte carbone ? » Depuis le Grenelle de l’environnement, les élus de la région de Locminé sont nombreux à se poser cette question. De la réflexion à l’action, il y a un pas que certains hésitent souvent à franchir. Pas ici. Dès 2011, les acteurs du territoire décident de créer une société d’économie mixte (Sem) baptisée Locminé innovation et gestion des énergies renouvelables (Liger). Avec 42 % des parts, la ville de Locminé apparaît comme l’actionnaire principal. La communauté de communes du Pays de Locminé en détient 16 % et le reste est partagé entre six actionnaires privés.

ligier-a-locmineLa composition de l’actionnariat ne laisse guère planer de doute sur le but de la démarche. Les intérêts, général et local, priment sur l’intérêt financier. « Ce projet profitera d’abord au territoire dans son ensemble et créera une valeur ajoutée réinvestie sur le territoire, assure Grégoire Super, maire de Locminé et président de Liger. Notre volonté est de conforter et de renforcer l’emploi sur le territoire et d’ouvrir des portes à nos jeunes en leur permettant d’accéder aux métiers de l’environnement, notamment, les métiers des énergies renouvelables. »

3 500 tonnes de bois par an

Innovant, le projet des élus locminois est aussi particulièrement ambitieux. À terme le site produira quatre types d’énergies : de l’électricité, de la chaleur, des bio fertilisants et du biocarburant.
« Ce sera le premier site en Europe à associer deux énergies de biomasse 100 % énergie verte : la biomasse bois et la méthanisation », se félicitent même les promoteurs.
La première étape du programme a été franchie dès septembre 2013 avec la mise en service de la chaudière bois. Forcément, pour son approvisionnement, c’est le choix du circuit court qui a été adopté. Les 3 500 tonnes de plaquettes de bois brûlées chaque année sont produites localement dans un rayon qui n’excède pas 25 km. La chaleur dégagée permet de chauffer une eau à 90° qui circule ensuite dans un circuit fermé de près de 2 000 mètres. Il assure à la fois le chauffage de certains équipements publics (centre aquatique, salle multiculturelle, lycée, collège), et de quelques industriels. Cet équipement d’un coût de 3 M€, produit aujourd’hui l’équivalent de la consommation annuelle d’une population de 1 800 habitants.

Plutôt bien engagée au départ, la seconde étape portant sur la construction d’une unité de méthanisation, s’est finalement avérée plus compliquée. À l’issue d’un appel d’offres, une société rennaise avait pourtant été retenue en 2013, avant qu’il ne soit déclaré caduc, un an plus tard. Une nouvelle procédure avait été immédia- tement lancée et c’est le groupe espagnol Hera qui va désormais assurer la construction de cette unité de méthanisation. Les travaux ont d’ailleurs été engagés il a quelques mois et la livraison est prévue pour juin 2016.

Là encore, pour son approvisionnement le gisement de ressources à la fois important et diversifié, dans un axe médian de 9 km, sera privilégié. Les 60 000 tonnes de matières organiques qui seront traitées annuellement seront issues de trois origines différentes : déchets industriels (48 000 tonnes), excédents agricoles (8 000 tonnes), boues et graisses des collectivités (4 000 tonnes).

Des véhicules au biométhane

La biométhanisation de ces matières organiques permettra de produire trois types d’énergies : de l’électricité par la cogénération ; du gaz qui sera injecté dans le réseau de la ville ; du biogaz qui sera transformé en gaz naturel pour les véhicules. Une partie importante des digestats sera, quant-à-elle, transformée en un engrais bio qui pourra être utilisé par les agriculteurs locaux.

S’agissant du biogaz, une station permettant d’alimenter les véhicules roulant au biométhane, a d’ailleurs été inaugurée en mai dernier. Et c’est une première en Bretagne ! En attendant que le site lance sa production, elle est alimentée par le réseau GRDF. Pour l’heure, quatre véhicules seulement s’approvisionnent à la station : deux du Liger et deux d’une entreprise spécialisée dans la messagerie qui vient tout juste de s’installer sur le site : la Tournée Verte.

Une nouvelle entreprise et 35 emplois

Une première, mais pas la seule. L’ambition de développer un territoire pilote qui permettra aux acteurs économiques de bénéficier d’avantages compétitifs et environnementaux, suscite déjà un réel intérêt. Une entreprise spécialisée dans la production d’énergies renouvelables souhaite en effet construire une usine de production d’électricité par gazéification, sur le site de l’ancienne usine Doux. Baptisée CHO Locminé, cette future usine pourrait produire annuellement l’équivalent de la consommation en électricité de 45 000 habitants. Les travaux devraient être lancés dès le début 2016, pour un lancement de la production espéré en 2018 qui devrait générer la création de 35 emplois.

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Cidéral : LE DÉCHET DEVIENT UNE RESSOURCE

Entre une chaufferie biomasse inaugurée il y a moins d’un an, le lancement des travaux de construction d’une unité de méthanisation ou encore l’installation de candélabres solaires autonomes, la Cidéral s’engage résolument dans la voie des énergies renouvelables. 

Initiés depuis plusieurs années, les projets menés par la Communauté Intercommunale pour le développement de la région et des agglomérations de Loudéac (Cidéral), dans le domaine du développement durable n’apparaissent pas révolutionnaires. N’empêche, ils traduisent la volonté de mener une politique environnementale vertueuse avec un objectif clairement affiché : zéro déchets sur les zones d’activités.

cideral-bretagneDepuis décembre dernier, c’est déjà le cas avec la mise en service d’un vaste réseau de chaleur alimenté par une chaufferie bois. Pour son approvisionnement, les besoins annuels sont estimés à 20 000 m3. Bien évidement, les circuits courts et la production locale sont privilégiés. Récupérés dans les déchèteries du territoire, les branchages et les tailles de haies, ainsi que les bois abattus par le forestier de la Cidéral, sont d’abord transformés en plaquettes. Brûlées, elles permettent de chauffer une eau qui prend ensuite la direction d’un réseau de canalisation de plus de 9 km. Des Aquatides au siège de la Cidéral, en passant par le palais des congrès, les collèges et les lycées, 15 sites de Loudéac bénéficient aujourd’hui de ce système. Outre une baisse significative du coût de chauffage (sur les deux premiers mois, il a généré 8 000 € d’économie pour la piscine des Aquatides), il va permettre une réduction notable des émissions de C02 dans l’atmosphère puisqu’il se substitue à 24 chaudières au fioul, souvent vétustes et polluantes.

Produire une énergie propre et valoriser les déchets, tel sera également l’objectif de l’usine de méthanisation, dont la mise en service est prévue pour fin 2016, à la station d’épuration de Calouët, sur la zone du Docteur Etienne à Loudéac. Là encore, pour un approvisionnement estimé à 90 000 tonnes par an, c’est la filière locale qui sera privilégiée : boues de la station d’épuration, sous-produits de l’agro-industrie, lisiers, tontes de pelouses…

Du gaz pour plus de 10 000 habitants

Son développement sera assuré par la société Fonroche, qui en sera le constructeur. Le financement et l’exploitation seront assurés par une société créée à cet effet « Biodéac » dans laquelle la Cidéral sera actionnaire à 35 %. Cette unité produira à la fois du biométhane et du digestat. Le premier sera injecté dans le réseau de gaz naturel de la ville de Loudéac. La quantité produite permettra d’assurer la consommation annuelle d’un peu plus de 10 000 habitants. Sous forme solide ou liquide, une part importante du digestat sera transformée en engrais. « Cela va libérer des capacités à la station d’épuration et permettre aux entreprises locales de grossir encore, assure Guy Le Helloco, le président de la Cidéral. De même cette unité, aura un effet bénéfique sur le plan d’épandage des agriculteurs du secteur. »

Enfin, pour s’engager encore dans la voie du développement durable, la communauté a testé six candélabres solaires autonomes, sur son pôle environnement. Essai concluant, puisque toutes les nouvelles zones vont être équipées.