LES COUPS DE COEUR de LA LIBRAIRIE « RENDEZ-VOUS N’IMPORTE OÙ »
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Pour les funestes raisons que l’on sait, la Russie est à la mode… Après Trois soeurs de Laura Poggioli, Le mage du Kremlin de Giuliano Da Empoli, Oligarque de Elena B. Morozov ou encore Les abeilles grises de Andreï Kourkov, Le numéro un est un roman qui nous permet de mieux comprendre ce grand pays à l’histoire tourmentée. Thriller à la fois sentimental et d’espionnage, ce livre est un véritable page-turner qui traverse les 30 dernières années de la Russie. Et ce « numéro un », dont le nom n’est jamais cité, que nous croisons alors qu’il n’est qu’un obscur agent du KGB, vous devinerez vite de qui il s’agit…
Marie-Hélène Lafon a remporté en 2020 le prix Renaudot avec son roman Histoire du fils. Une femme revient dans la cour désormais vide de la maison de son enfance. On replonge alors avec elle dans le Cantal des années soixante, dans une ferme isolée du reste du monde où vivent trois enfants avec leur parents ; un monde qui paraît simple, des relations humaines parfois âpres, des non-dits et des secrets, des violences. Et puis le temps qui passe… Marie-Hélène Lafon, avec sa plume agile et précise, nous ouvre les portes du monde de son enfance, un monde rural presque clos, d’apparences et de choses tues. Un texte fort et beau.
Ce premier tome amorce un fascinant et glaçant diptyque d’aventure maritime qui prend place alors que la toute puissante Compagnie Néerlandaise des Indes Orientales régnait en maître sur toutes les mers du globe, préfiguratrice du capitalisme qui allait s’imposer dans les siècles à venir. Inspirée de faits réels, l’histoire est celle du Jakarta, à bord duquel évoluent des personnages hauts en couleur : 300 hommes peu recommandables des bas-fonds d’Amsterdam, un capitaine légèrement dérangé et violent, un apothicaire amoral, une femme de la Haute société rejoignant son mari… L’atmosphère poisseuse et oppressante du huis-clos qui règne à bord du navire, où on entend le bois craquer, les cordes se tendre, où on sent de l’eau de mer, la crasse et le sang, est formidablement bien retranscrite par l’impressionnant Timothée Montaigne, dessinateur au sommet de son art dont le somptueux travail sert remarquablement bien le scénario d’un Xavier Dorison très inspiré.
Michel Pastoureau est un historien émérite, spécialiste du Moyen Âge et un vulgarisateur hors-pair ! Après des ouvrages destinés aux adultes sur l’histoire des couleurs, nous le retrouvons avec un très joli livre pour les plus jeunes, qui explique, avec des mots simples, des quantités d’exemples et les belles illustrations de Rémi Saillard, l’histoire des couleurs. On y apprend que les couleurs n’ont pas été appréciées de la même manière au fil des siècles, les Grecs et les Romains trouvaient les yeux bleus bien moins jolis que les yeux noirs ou marrons, que les italiens parlent de rouge d’oeuf et non de jaune, que souvent les petits enfants n’aiment pas le violet et choisissent plutôt des bonbons rouges ou orangés…
Il paraît qu’un grand écrivain est quelqu’un qui nous intéresse à sa liste de courses. Comment qualifier alors Grégoire Bouillier qui nous passionne pour un fait divers macabre : en 1985, un ancien mannequin est retrouvée morte un an après s’être laissée mourir de faim, tout en ayant tenu le journal de son agonie. Le livre fait 900 pages, il est pourtant trop court ! Tout à tour drôle, émouvant, passionnant, historique, sociologique,… Si le style varie souvent, le tout reste brillant à chaque page. C’est un vrai plaisir de lecture. Énorme coup de coeur !
Régulièrement, Antoine Guilloppé nous revient avec des albums poétiques de papier découpé. C’est dans la jungle que nous partons cette fois. Une jungle noire, toute en finesse, une véritable dentelle de papier qui dévoile des merveilles au fil des pages, en suivant un animal mystérieux qui se précise petit à petit. Un livre magnifique, à mettre en toutes les mains de 3 à 103 ans.