Le groupe de copains du lycée Joseph-Loth de Pontivy enflamme toujours les salles des fêtes de la cambrousse bretonne et du monde entier. Retour sur un succès hors norme, avec Franck Jégoux, le fondateur du groupe.

À première vue, ils n’ont de Sud-Américain que le nom. Fervents défenseurs du cochon, de la galette-saucisse et du pâté Hénaff, ils sont de purs produits du terroir. « Los Glochos », c’est le nom que s’était donné une bande de copains du lycée Joseph-Loth il y a 40 ans, alors qu’ils étaient un peu plus chevelus et un peu plus fans de musique des Andes…

Ce que les gamins de Saïgon ne trouveront pas dans leurs souliers au pied du sapin à Noël (allez savoir pourquoi…*) , c’est le dernier album du groupe. « L’actualité n’est pas drôle, mais plutôt que de pleurnicher, Les Glochos préfèrent la tourner en dérision », justifie la jaquette du CD. « Tout fout l’camp », ça parle de programme électoral, de la valse de l’ordi, de la sécu, du camping-car, avec en bonus, un « El Condor pasa » sorti du grenier. Ils ne sont pas nostalgiques, Franck et sa bande de copains, « mais 40 ans, ça fait quand même un bail », semblent dire les yeux rieurs de Franck Jégoux. À croire qu’ils ne les ont pas vu passer ces années… Forcément, quand on réussi à prolonger un rêve d’ados pendant quatre décennies…

L’emballage,  marque de fabrique

Première clé du succès : ne jamais le chercher ! Bien malgré eux, Les Glochos l’ont trouvé. En 1997, après 20 ans de voyages en Amérique du Sud et de concerts aux accents péruviens, Franck commence à poser des paroles en français sur sa musique, en y ajoutant un rythme d’an dro. « Dans la foulée, on a commencé à enregistrer un CD deux titres dont le thème était le mélange des genres. » Et pour emballer ce détonnant cocktail, le conditionnement se fait dans une boîte… de camembert ! Après de premiers passages sur des radios locales (dont France Bleue), le groupe vend 20 000 exemplaires de ce premier opus.

« Les festivals se sont ensuite enchaînés, on mettait nous-même nos CD en boîte qu’on faisait venir de Normandie ! » En un seul été, le succès fut énorme. « Les maisons de disques nous appelaient, on multipliait les concerts aux quatre coins de la France…». 

Malgré les milliers de boîtes de Pont-L’Évêque, de saucisson et de camembert vendues, le groupe ne cèdera jamais au chant des sirènes. Les pieds bien arrimés « dans le lisier », il produira lui-même ses albums. « Ce qui nous met aujourd’hui à l’abri d’un rythme imposé par une maison de production. »

Parce que Les Glochos, ils chantent quand ça leur chante. C’est ça, le vrai luxe. « L’argent n’a jamais été notre moteur. Nous nous sommes toujours tenus en marge du circuit traditionnel, ce qui nous a permis de ne jamais être censurés ! » Hors de question d’avoir des comptes à rendre à qui que ce soit. Toutefois, la qualité n’a jamais pâti de cette indépendance. « Faire sérieusement sans se prendre au sérieux », c’est aussi leur crédo. « On a tous un boulot, mais quatre musiciens professionnels nous accompagnent, car il a parfois fallu pallier l’indisponibilité de certains membres. » 

Proximité et complicité avec son auditoire : c’est aussi ce qui anime le groupe. Cet été, ils étaient plus de 300 spectateurs à n’avoir pu entrer au palais des congrès, alors que Les Glochos s’y produisaient dans le cadre des Jeudis de Pontivy.

glochos2Toujours grinçants, jamais méchants

Parce que les Bretons, ils l’aiment leur « bagad du Pérou » qui chante tout haut ce qu’ils pensent tout bas. Ces touristes du mois d’août qui nous
« d’gueulent dessus et nous prennent pour des cons » ; ces patrons devant lesquels « on baiss’ra pas not pantalon » ; les partis politiques qui « zont un œil sur ton oseille et le deuxième sur ton chéquier » et même le chasseur qui « sur la d’gueule s’peint du noir pour faire comme les commandos »

« Les gens nous aiment car notre territoire de chasse à nous, ce sont les petits patelins. Quand on joue dans une salle des fêtes de cambrousse, on attire tout de suite entre 400 et 500 personnes. On nous demande aussi de jouer pour des baptêmes, des mariages, l’anniversaire de la grand’mère… »

Les Glochos, ils font partie de la famille.

Mais comme c’est souvent le cas en famille, on sait aussi se dire des vérités. «  J’avais commencé à écrire une chanson sur les bonnets rouges, mais quand j’ai vu que ça commençait à déraper, j’ai un peu changé ma façon de traiter le sujet… »

Le nouvel album sera également sans concession et n’aura rien à envier aux précédents. « On tire un peu dans tous les sens,  explique Franck. Sur la femme qui compare son mec à un acteur de cinéma, sur la sécu, sur les cyclos…» Leur retraite d’artiste ? Ils n’y pensent même pas… « On arrêtera quand on n’aura plus rien à dire. »  Que les fans se rassurent, à priori, ce n’est pas pour demain….

Crédits photos : Jean-Marc Moinard et Jacques Tripon

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