Votre magazine lance une nouvelle série sur les cercles celtiques du Centre Bretagne. Le Krollerion Mourieg, qui évolue en catégorie « Excellence », ouvre le bal… Fondé en 1985 par Jean-Yves Joannic, le cercle de Moréac se distingue notamment par des créations scéniques toujours surprenantes. 

Un peu en retrait, Jean-Yves Joannic ne perd pas une miette de ce qui se passe sur la piste de danse. La musique s’arrête… « Quand vous faites vos saluts, faites des petits pas, ne vous écartez pas trop vite de votre partenaire », lance le président du Krollerion Mourieg aux danseurs. « Sur le tourniquet, vos bras doivent être bien tendus, j’insiste là-dessus ! », ajoute, de son côté, Gwénolé Le Quintrec, l’un des six chorégraphes du cercle celtique de Moréac. 

En ce vendredi soir de juillet, les danseurs du Krollerion Mourieg répètent la « dérobée »
de Guingamp. Une danse qui enchaîne six figures et qu’ils exécuteront un mois plus tard, lors du festival de la Saint-Loup, en finale du championnat national de danse bretonne organisé par la confédération Kendalc’h. Sans grande illusion… « On y va surtout pour se faire plaisir et pour passer un bon moment avec les autres groupes », observe Gwénolé Le Quintrec. L’épreuve est réservée aux huit meilleurs cercles celtiques de Bretagne, une élite que le Krollerion Mourieg a rejointe en décrochant une 7e place lors de la deuxième partie du championnat, en juin dernier à Quimper. Encore un peu « jeunes » dans cette catégorie Excellence, les danseurs moréacois savent leurs chances infimes. N’empêche, « avec 4 000 spectateurs attendus, ce sera notre plus gros spectacle de l’année, on doit présenter une prestation qui tienne la route »,
motive leur chorégraphe. Et cela a été le cas puisque le 19 août dernier à Guigamp, le cercle a tout de même décroché la 6e place.

45 danseurs, 15 musiciens, 20 brodeuses

Quelque 45 danseurs composent ce cercle, fondé en 1985. À l’époque, les anciens de la commune voulaient apprendre les danses bretonnes. Jean-Yves Joannic avait les bases… Une première prestation est donnée lors de la kermesse d’une école privée. Le cercle est créé dans la foulée, un groupe
« adultes » d’abord, suivi très vite d’un groupe « enfants » pour constituer un vivier. Près de 35 ans plus tard, les petits-enfants des premiers danseurs leur ont emboité le pas.
« Notre dernière création scénique rassemble quatre générations de danseurs issus de la même famille, c’est dire si on est un cercle multi-générationnel et familial », sourit Jean-Yves Johannic, président-fondateur.

Au fil des ans, le Krollerion Mourieg s’est étoffé. En plus des danseurs, il compte aussi une quinzaine de musiciens et une vingtaine de couturières/brodeuses chargées de confectionner les coiffes, cols, manchettes, tabliers et autres éléments de parures des costumes du pays de Baud. « C’est une vraie volonté de l’association d’être autonome et d’impliquer au maximum ses membres dans son fonctionnement. Aujourd’hui, le groupe est suffisamment bien structuré pour tenir durablement en catégorie Excellence », espère Jean-Yves Joannic. Ce niveau avait déjà été atteint par le Krollerion Mourieg en 2012, mais « nous n’étions alors pas prêts, observe le président. Nous arrivons à une sorte de maturité mais cela va aussi être exigeant. Nous devons rester concentrés et vigilants sur la qualité de nos créations. » 

Provoquer des émotions

Une fois de plus, c’est un spectacle surprenant, voire déroutant, que le cercle moréacois a présenté en 2018. « On aime sortir des sentiers battus, proposer des créations scéniques différentes de ce à quoi on peut s’attendre en concours de danse bretonne. Nous voulons provoquer des émotions », souligne Gwénolé Le Quintrec. L’actualité est source d’inspiration. Après les migrants en 2017, le réchauffement climatique a été exploré en 2018. Le spectacle « (Di)Eiltro » – « (Ir)Réversible » en français – se décompose en deux parties. La première, qui évoque le temps de l’insouciance, se veut harmonieuse avec des postures droites, des visages souriants, des costumes propres. Dans la seconde, plus sombre, les tenues sont post-apocalyptiques, les hauts du corps s’avachissent, « ce qui n’est pas banal car en danse bretonne, les bustes sont relativement peu utilisés », note Gwénolé Le Quintrec. Dans le public comme dans le jury, cette création a divisé. « Certains n’ont pas du tout aimé, mais nous avons eu aussi des retours très positifs, comme nous n’en avions encore jamais eus…». La surprise est la marque de fabrique du Krollerion Mourieg, ce qui lui a permis de se faire un petit nom dans le milieu. « On le sait, on est attendus avec curiosité », se satisfait Jean-Yves Joannic.

Saint-Loup à Guingamp, Fêtes d’Arvor à Vannes et d’autres rendez-vous honorés à Melrand, Surzur, Pluméliau, Guéméné-sur-Scorff… L’été a été chargé pour les danseurs du cercle moréacois qui profite d’une pause en septembre. Les répétitions reprendront dès le vendredi 5 octobre pour le groupe déjà en place. Une autre saison démarrera officiellement en novembre, avec une nouvelle création au programme. On n’en saura rien… « Dans le milieu des danses bretonnes, on s’observe beaucoup. On essaie de garder nos idées pour nous le plus longtemps possible pour ménager l’effet de surprise ! »

Les Krollerion Mourieg en bref

• 130 adhérents.

• Trois groupes de danseurs : adultes, ados et enfants. 

• Répétitions : le mercredi soir pour les enfants,
le vendredi soir pour les ados et les adultes, salle du Parco à Moréac.

• Six chorégraphes.

• Quatre stages « galettes » par an. 

 

 Élodie Trégouët, Reine d’Arvor 

Élodie Trégouët, a été élue Reine d’Arvor à Vannes le 15 août dernier. La jeune femme de 28 ans a présenté un costume d’artisane de Locminé datant des années 20 : un costume de mariée. « C’est une grande fierté pour moi. Ce costume est peu connu et, jusqu’à présent, a fait très peu l’objet de recherche dans l’histoire de la culture bretonne », indique Élodie. Pour reconstituer ce costume, elle s’est appuyée sur les pièces prêtées par Annette Le Saux, petite-fille d’une marchande de chapeaux de Locminé. Sa coiffe, elle, est d’origine.