LA COMMERÇANTE DÉCARBONÉE

Au coeur de la campagne centre-morbihannaise, Locminé garde le dynamisme de la ville commerçante qu’elle a toujours été. Depuis dix ans, elle s’est engagée sur la voie du développement durable, visant le « zéro carbone » à grands renforts de projets innovants et exemplaires.

9 h, un jeudi matin d’octobre, commerçants et producteurs déploient tranquillement leurs étals autour de l’église Saint-Sauveur et de la chapelle Notre-Dame du Plasker. « Les marchés, à Locminé, ont toujours été importants, qui drainaient toute la population du Centre Morbihan. Celui du jeudi reste dynamique, avec une quarantaine de marchands, alimentaires ou non. L’été, il attire 2 000 à 2 500 personnes », observe Grégoire Super, maire.

Marché Locminé
Le marché du jeudi reste un élément moteur du dynamisme de la ville. Il accueille une quarantaine de marchands, alimentaires ou non.

Historiquement commerçante, Locminé continue de l’être avec près de 140 enseignes recensées. La position géographique centrale de la commune lui ouvre une zone de chalandise de quelque 20 000 personnes. Boucherie, boulangerie, cave à vin, habillement, pharmacie, presse, bricolage, fleurs… on trouve de tout, au fil des rues locminoises. Une qualité d’offre commerciale de proximité que la municipalité s’efforce de contribuer à maintenir. Des aides aux loyers et à l’installation sont, par exemple, versées aux nouvelles boutiques qui ouvrent en centre-ville. Si le confinement a bien réussi à certains commerces, une opération inédite vient d’être lancée pour relancer l’activité et favoriser les achats locaux : « nous avons décidé d’investir 35 000 € distribués sous forme de chèques cadeaux d’une valeur de 10 € et à dépenser auprès des adhérents de Locminé Commerces, à tous les habitants majeurs de la commune ». La population locminoise est relativement stable. Faute de biens à vendre et avec peu d’hectares disponibles, la ville peine à accueillir les jeunes couples. « Ce qui compte, c’est qu’ils s’installent dans les communes alentour et viennent travailler et consommer ici », estime Grégoire Super. En l’occurrence, l’agroalimentaire reste le plus grand pourvoyeur d’emplois : 3 500 directs et indirects. Un secteur dont « les usines et entreprises ont continué à travailler pendant le confinement, ce qui d’une certaine façon, est assez rassurant pour l’économie du bassin », fait remarquer le maire de Locminé.

Écologie pragmatique, non dogmatique

Depuis près de 10 ans, la petite cité centre-morbihannaise a entamé sa transition énergétique. Principale vitrine de cette tendance écologique « pragmatique et non dogmatique » : Liger. Ce Centre de production d’énergie renouvelable valorise aujourd’hui 60 000 tonnes de déchets organiques (collectés auprès d’entreprises, d’exploitations agricoles et aussi des boues de la station d’épuration) en électricité, chaleur, engrais et aussi en carburant non polluant. Trois ans après la mise en service de la première station BioGNV de Bretagne, Karrgreen, la SAS Liger BioConcept entend bien déployer la marque un peu partout en France : 150 stations-service devraient ainsi ouvrir à l’horizon 2025.

Inaugurée il y a trois ans, la station-service Karrgreen devrait essaimer un peu partout en France d’ici 2025.

Collecte de biodéchets, intégration d’outils numériques dans la production d’énergie photovoltaïques pour la médiathèque… sont d’autres expérimentations et innovations vertes, qui suscitent la curiosité d’autres territoires « et donne une image valorisante à notre ville », se satisfait son premier édile. Dans la poursuite de son objectif « zéro carbone », Locminé doit pour autant composer avec un point noir : la circulation. 14 000 véhicules transitent chaque jour par son centre, au grand dam de Grégoire Super qui « regrette que l’aménagement de la déviation ait pris un an et demi de plus de retard ». À terme, la volonté est de favoriser les liaisons douces et le partage des rues entre piétons, vélos et voitures.

En Bref
Population : 4 544 habitants
Superficie : 486 hectares
Gentilé : Locminois, Locminoise

 

TROIS QUESTIONS A GRÉGOIRE SUPER, MAIREGrégoire Super

Marié, 65 ans, Grégoire Super est attaché de gestion retraité. Aux affaires municipales depuis 1989, ce natif de Moustoir-Ac a succédé en 2007, dans le fauteuil de maire, à Gérard Lorgeoux qui ne pouvait plus cumuler les mandats. Il vient d’être reconduit dans ses fonctions pour un troisième mandat. « Le dernier » assure-t-il. Grégoire Super est par ailleurs vice-président chargé des affaires économiques à Centre Morbihan Communauté et président du SITTOMMI.

Dans quel état d’esprit abordez-vous ce troisième et dernier mandat de maire ? Le même que celui qui m’anime depuis le début, avec l’objectif de développer Locminé, d’améliorer et favoriser le bien-vivre dans la commune, tout en restant à l’écoute des citoyens et proches d’eux. Je compte bien continuer à faire le job comme il le faut, sans le laxisme ou la démesure qui pourrait accompagner le fait que ce soit le dernier mandat. Les finances sont saines, avec une capacité d’autofinancement intéressante, ce qui nous ouvre des opportunités sans avoir recours à des emprunts.

Quels seront les dossiers emblématiques de ce mandat ? Structurellement, nous avons fait ce qu’il fallait faire, il ne reste plus d’énormes besoins. Nous prévoyons quand même la construction de nouveaux vestiaires pour le foot. Le sport se féminise et l’équipement actuel ne permet pas cette mixité. Au programme aussi, l’extension du cinéma Le Club, avec l’ajout d’une petite salle. Continuer à développer les liaisons douces reste un axe essentiel. Et sinon, nous allons continuer évidemment à travailler dans le sens du développement durable. Nous avons notamment le projet d’un verger pédagogique, qui devrait aider à sensibiliser nos jeunes à être proches de la nature…

Comment avez-vous vécu le confinement et que vous a inspiré cette période inédite ? Deux choses m’ont marqué. Déjà, les gens se sont aperçu qu’ils avaient des voisins. À Locminé, cela s’est traduit par une entraide significative, notamment à l’égard des personnes âgées. Les Locminois ont aussi pu se rendre compte de la richesse de leur commune en commerces de proximité. Ces derniers ont plutôt bien fonctionné pendant cette période. J’espère que ce réflexe d’achat local va perdurer. Je préfère que les Locminois dépensent leur argent dans les boutiques de la ville plutôt que sur Amazon !