En croisade contre le frelon asiatique
Apiculteur amateur à Noyal-Pontivy, depuis une dizaine d’année, Loïc Marteil est aussi un infatigable chasseur de frelons asiatiques. Président de l’Association Centre Bretagne pour la sauvegarde des abeilles bretonnes (ACBSAB), il détruit les nids et forme des bénévoles à la lutte contre ce redoutable prédateur.
« C’est comme si j’avais reçu un coup de marteau sur le nez ». Des piqures de frelons, Loïc Marteil en avait déjà été la victime. À plusieurs reprises même, sur les bras ou les jambes ! Mais celle-là demeure assurément la plus douloureuse. Et il n’est pas près de l’oublier. Mais pas de quoi le faire renoncer à la véritable croisade qu’il mène depuis des années pour combattre la prolifération des frelons asiatiques. Un combat en fait aussi ancien que sa passion pour l’apiculture. À l’heure de la retraite, celui qui a effectué une grande partie de sa carrière professionnelle dans une usine de production de film plastique, solde son compte personnel de formation. « Je suis proche de la nature et j’avais d’abord opté pour l’élevage d’escargot », se souvient-il. Il n’est toutefois pas convaincu par ce qu’il a vu. Il suit finalement un stage chez un apiculteur professionnel, au Faouët, et en repart avec un essaim offert par son formateur. C’était il y a un peu plus de dix ans. Depuis, il a notablement développé son activité et possède aujourd’hui une cinquantaine de ruches. Miel de printemps, d’été ou encore de sarrasin… il en produit annuellement près de 500 kg, commercialisés à son domicile et dans différents commerces de la région pontivyenne. Dès son installation, l’apiculteur amateur a dû composer avec un redoutable prédateur : le frelon asiatique. Ce frelon invasif dont la présence a été signalée pour la première fois en 2004, aurait été introduit en France dans des poteries importées de Chine par un horticulteur du Lot-et-Garonne. Depuis, il s’est répandu sur l’ensemble du territoire. Avec les pesticides et la monoculture, il est même considéré comme l’une des causes majeures de la surmortalité des abeilles. Et pour cause ! L’insecte asiatique ne fait pas dans le détail… Il décapite sa proie avant d’en dévorer le thorax, riche en protéines. « Quand il y a un nid à proximité d’une ruche, ça peut être un véritable carnage », assure Loïc Marteil.
Destruction et piégage
Pas question de rester les bras croisés ! Il décide de se former à la destruction des nids de frelons avant de monter l’Association Centre Bretagne pour la sauvegarde des abeilles bretonnes (ACBSAB). « Aujourd’hui, elle compte une soixantaine de membres et nous en accueillons régulièrement de nouveaux », se félicite-t-il. Il est vrai que le travail ne manque pas ! « En 2021 nous avions détruit 700 nids, l’an dernier nous avons comptabilisé plus de 2 000 interventions, dont près de 400 pour la seule ville de Pontivy », précise Loïc Marteil. Des interventions facturées 40 E aux particuliers, qui peuvent néanmoins bénéficier d’un remboursement par la commune et la communauté de communes. Si l’activité principale de l’association demeure la destruction des nids, les bénévoles ne ménagent pas leur peine pour intervenir en amont. L’apiculteur amateur a en effet confectionné un piège sélectif, agréé par l’Institut de l’abeille, permettant d’attirer et de tuer les frelons asiatiques mais pas les autres insectes. Un piège réalisé à partir de deux bouteilles d’eau imbriquées et facile à fabriquer(1), que chacun peut ensuite accrocher à la branche d’un arbre de son jardin. « J’invite tous ceux qui le peuvent à le faire ou à venir en retirer un auprès de l’association, insiste-t-il. C’est essentiel pour la survie des abeilles. »
(1) Les instructions pour construire un piège à frelons asiatiques sont disponibles sur le site de la mairie de Noyal-Pontivy.
L’Abeille Clémence
Boclemence, Noyal-Pontivy
06 87 03 31 30