Au travers d’objets issus des fouilles menées sur le site néolithique de Quelfénec, la Maison de l’archéologie de Plussulien présente les méthodes d’extraction et de façonnage de la métadolérite pour en faire des haches polies. Dans une toute nouvelle muséographie.
« Le miracle de Quelfénec ». « C’est ainsi que le célèbre paléontologue breton Yves Coppens parle de la découverte du filon de métadolérite dans les environs de Plussulien », rapporte Danielle Le Gall, comme pour mieux insister sur l’importance archéologique du site. Affleurant au sommet de la colline de Quelfénec, cette pierre éruptive au grain fin et serré, d’une belle couleur gris-bleu, a longtemps et largement été exploitée par les hommes du néolithique. Durant plus de 2 000 ans, entre 4 200 et 2 000 avant JC, « ce sont entre deux et trois millions de haches polies et herminettes, des outils indispensables aux premiers paysans, qui ont été fabriquées ici », explique la présidente de l’association Les Chemins de l’archéologie. Mise au jour en 1964 par le jeune archéologue Charles-Tanguy Le Roux, la carrière de Plussulien est même aujourd’hui considérée comme l’un des plus grands sites européens de production de lames de haches en pierre polies. Une véritable usine !
Depuis sa création en 2006, l’association Les Chemins de l’archéologie est chargée d’animer ce site d’exception ainsi que la Maison de l’archéologie de Plussulien. Aménagée au rez-de chaussée de la mairie, cette dernière présente à la fois les méthodes d’extraction et de fabrication des haches polies à l’époque du néolithique et les fouilles qui y ont été menées plus de six millénaires plus tard. « Dans une toute nouvelle muséographique », annonce avec enthousiasme Danièle Le Gall.
Des échanges commerciaux jusqu’en Angleterre
Sous de grandes vitrines sont ainsi exposés de nombreux artéfacts retrouvés à Plussulien, « mais aussi à Saint-Nicolas-du-Pélem ou Plélauff, des sites voisins portant des traces majeures de l’époque néolithique », indique Danielle Le Gall. On y observe plusieurs haches polies bien sûr, mais aussi des céramiques de type pot de fleurs, des petites perles en chlorite, des ciseaux en fibrolite, des poignards… À même le sol sont posées des meules en granit qui étaient utilisées pour moudre les grains récoltés. Des fac-similés d’emmanchement « aident à comprendre comment l’homme néolithique se servait de ces haches », indique Danielle Le Gall.
Les grands panneaux pédagogiques permettent de mieux voyager jusqu’à l’âge de pierre, en détaillant la technique de fabrication et de polissage de ces haches. Selon les chercheurs, l’industrie des haches de Plussulien aurait représenté le travail de trois à quatre personnes sur l’année, ou plus vraisemblablement, de dix à vingt travailleurs saisonniers, en morte saison agricole.
« Certaines ont été retrouvées jusqu’en Belgique, Allemagne, et même au Sud de l’Angleterre », retrace Danielle Le Gall. C’est dire l’ampleur des échanges commerciaux dont elles ont fait l’objet…
Le « couloir du temps »
En l’aidant à la déforestation et pour la construction d’habitats, ces hâches ont largement contribué à la sédentarisation de l’homme néolithique. Comme on peut le lire sur une grande frise chronologique, « remontant de l’époque paléolithique à nos jours, avec des focus locaux », indique Danielle Le Gall. Dans ce « couloir du temps » comme s’amuse à l’appeler la présidente des Chemins de l’archéologie, une autre frise retrace, elle, l’aventure géologique de la Bretagne et la formation de la métadolérite de Quelfénec.
Comme chaque été, en plus des visites guidées sur le site de Quelfénec, des ateliers participatifs seront proposés aux petits et aux grands. Au programme de la saison 2016 : fabrication de sifflets globulaires en argile, polissage de cailloux pour en faire des pendentifs, montage d’une maquette de maison néolithique et aussi démonstrations de creusement de pirogue avec des outils en pierre et d’allumage de feu. Histoire de parfaire sa culture préhistorique !
Rando et expo pour les journées nationales de l’archéologie
La 7e édition des Journées nationales de l’archéologie aura lieu les 17, 18 et 19 juin prochains. Comme chaque année, les bénévoles des Chemins de l’archéologie de Plussulien se mobilisent pour l’occasion. Dimanche, 19 juin, c’est le site de Saint-Nicolas-du-Pélem qui sera mis à l’honneur.
Plusieurs randonnées accompagnées, de 1,5 à 9,5 km, amèneront à la découverte des menhirs du néolithique mais aussi des mottes castrales (fortifications de terre) du Moyen-Âge. Rendez-vous au Point I de Saint-Nicolas-du-Pélem : le matin à 9 h 15, pour un départ à 10 h de toutes les randonnées (prévoir un pique-nique pour celle de 9,5 km) ; l’après-midi à 14 h, pour un départ à 15 h, pour les randonnées courtes uniquement.
Parallèlement, une exposition présentera au bureau du tourisme plusieurs objets trouvés dans la commune, laissant à penser qu’il y a eu une occupation des lieux au néolithique mais aussi au mésolithique. Parmi ces artéfacts, issus de la collection Michel Connan, un soc d’araire en dolérite : « c’est l’ancêtre de la charrue, il n’en existerait que deux exemplaires connus en dolérite », note Danielle Le Gall. Visite de l’exposition de 9 h 15 à 12 h et de 14 h à 17 h 30.
Quelfénec, un livre ouvert sur l’histoire et les paysages
Les néophytes n’y verront qu’un simple rocher. C’est pourtant plus de 6 000 ans d’histoire qui vous contemplent du haut de la colline de Quelfénec… et une jolie balade qui vous attend ! Culminant à près de 310 m au centre d’une ligne de crête allant de Laniscat à Merléac, les carrières de Plussulien ouvrent une large fenêtre sur les paysages du Centre Bretagne mais aussi sur l’histoire néolithique de l’Ouest de la France. Depuis le parking, un parcours balisé de 1 300 m serpente à travers sous-bois de feuillus autochtones, prairies pâturées, chemins bocagers, friches… avant d’arriver sur le lieu de travail des premiers paysans de l’histoire de l’humanité.