Flore Dalberto change les codes
Géologue de formation, Flore Dalberto a finalement renoncé à l’étude du sol pour soigner les pieds de ceux qui le foulent, les chevaux ! Devenue maréchal-ferrant, elle change les codes d’une profession longtemps réservée aux hommes.
La tête hors de son box, Émir semble hennir de plaisir. Dans la cour du haras des Pikalis, à Réguiny, Flore décharge le matériel de sa forge ambulante. L’équidé sait qu’il va bientôt changer de souliers ! Une opération qui se renouvelle tous les deux mois et à laquelle il se prête avec docilité. Pendant une heure la maréchal-ferrant va couper, tailler et rapper avant d’ajuster les fers et finalement river les clous. Âgée de 29 ans, cela fait maintenant plus de cinq ans que Flore Dalberto fait du confort des équidés, son métier. Amoureuse des chevaux et cavalière depuis l’enfance, elle n’y était pourtant pas prédestinée. Diplômée en géologie, elle débute en effet sa carrière professionnelle à l’institut technique des gaz et de l’air, à Rennes. Elle s’aperçoit rapidement que ce métier ne lui apportera pas l’épanouissement recherché. « En fait je voulais faire un métier manuel et être proche des animaux », assure Flore. Pendant plusieurs années, elle suit une formation en apprentissage et décroche les diplômes qui vont lui permettre de s’installer à son compte, du côté de Moréac. « On a trouvé une maison qui nous plaisait et il n’y avait plus de maréchal-ferrant dans le secteur… les astres étaient bien alignés », sourit-elle.
« On arrive à rien par la contrainte »
Le métier manque de bras et ses confrères débordés n’hésitent pas à la recommander. Clubs hippiques ou particuliers, elle se fait rapidement une clientèle, dans un rayon d’une trentaine de kilomètres autour de Moréac. « J’interviens pour rétablir un équilibre qui s’est rompu entre la pousse de la corne (environ un centimètre par mois) et l’usure », explique- t-elle. Un métier de précision mais qui demeure néanmoins très physique. « Les codes changent et il y a de plus en plus de femmes dans la profession », assure-t-elle. Pour autant, la maréchal-ferrant concède une certaine appréhension quand elle doit ferrer un cheval de trait ! « Je n’ai pas le gabarit pour résister, alors quand il veut poser le pied, je pose ». Quelle que soit la taille de l’animal, la jeune femme sait qu’il faut toujours prendre son temps. « On arrive à rien par la contrainte, il faut travailler dans le calme et la douceur », insiste Flore. Pour le bien-être de l’animal mais aussi et surtout pour le sien. Le métier n’est pas sans risque et elle déplore déjà quelques petits bobos… « Mais rien de grave », plaisante-t-elle. Pas de quoi freiner son enthousiasme ! Lâché dans le pré, Émir sautille comme s’il voulait tester ses nouveaux souliers avant de les montrer, sans doute un peu fier, à ses congénères qu’il rejoint rapidement !
PRATIQUE
Flore Dalberto
ZI Kerandoec – Moréac
06 85 45 98 15
flore.dalberto@wanadoo.fr