Chapelle Saint-Fiacre

Il y a 4 000 ans, un tumulus de l’âge du bronze marquait déjà la vie spirituelle du lieu-dit. La chapelle Saint-Fiacre quant à elle fut construite il y a 500 ans pour répondre au besoin cultuel des habitants. Aujourd’hui, elle participe aussi à la vie culturelle du territoire en accueillant l’été, le festival L’art dans les chapelles.

À Saint-Fiacre, le village s’est installé à flanc de colline, le long d’une ancienne voie romaine. Les habitations se sont organisées autour de la route et la chapelle a trouvé sa place sur une hauteur, au centre de l’ensemble. Quelques indices architecturaux éclairent son histoire. Le portail ouest est de style gothique flamboyant, propre à la fin du Moyen Âge. Par ailleurs à l’intérieur, un blason figure les armes des Rohan, alliées à celles de la famille des Ducs de Bretagne. Il apporte plus de précision quant à la date de construction de la chapelle car Jean II de Rohan, marié à Marie de Bretagne, fit construire l’édifice alors qu’il était devenu Vicomte, au tournant des XVe et XVIe siècles. Le blason est aujourd’hui caché derrière le retable du choeur, réalisé au XVIIe siècle. Sur ce dernier apparaissent d’autres armoiries : celles des seigneurs de Kerveno (d’azur à 10 étoiles d’argent). De fait la passation entre les deux familles nobles avait eu lieu un siècle avant la création du retable, lorsqu’Henri de Rohan céda les terres du territoire de Baud, dont Bieuzy, Pluméliau et Melrand faisaient déjà partie. D’autres évènements ponctuent l’histoire de la chapelle jusqu’à nos jours et se lisent encore dans les murs. Les grandes pierres ressortant de la paroi autour de la porte sud sont l’amorce d’un porche qui n’a jamais été construit. Puis à l’intérieur la date de 1845 gravée au sol, rappelle que le dallage a été remplacé au XIXe siècle. Enfin les vitraux du choeur ont été réalisés au XXe siècle.

Ces transformations ont préservé le chef-d’oeuvre de la chapelle : son jubé, réalisé au début du XVIe siècle. Au sommet de ce dernier étaient lus les textes, en commençant par la phrase latine qui a donné son nom à cet élément de mobilier : « Jube domine benedicere » (Daigne seigneur, me bénir). Les jubés avaient vocation à marquer une séparation entre les laïcs et le clergé. Cette répartition des espaces permet de comprendre pourquoi la représentation des apôtres était courante sur les jubés. Ces compagnons du Christ partirent après sa mort, prêcher la foi chrétienne. Leur représentation, tournée vers les fidèles devait les inciter à faire de même. Outre le message religieux, les peintures du jubé de Saint-Fiacre sont de très belle facture. Les personnages sont représentés sur fond blanc et les dessins aux traits noirs, cernent les visages et les corps avec délicatesse, comme cela pourrait être fait sur des vitraux. Par ailleurs, le lien de la chapelle avec les grandes oeuvres commanditées par les Rohan peut aussi être établi grâce aux peintures du choeur, découvertes en 1949 sous un enduit de chaux. Même si la restauration de 2021 leur a rendu de la présence, seules quelques silhouettes et les aplats de couleurs se distinguent encore. Il s’agissait du cycle de la vie de saint Fiacre, raconté sur de grands tableaux rectangulaires, répartis sur deux niveaux.

Claire Tartamella
Animatrice de l’architecture et du patrimoine
Pays d’art et d’histoire des Rohan

 

 

 

Deux discrètes curiosités…

En franchissant la porte sud à droite, le bénitier carré est divisé en de multiples alvéoles. Seuls trois autres bénitiers compartimentés ont été repérés sur le Pays des Rohan.
Il s’agit probablement du remploi de pierres dont l’usage reste à définir. Par ailleurs, la sculpture de la Vierge, sur l’autel nord devant le jubé, tend à son fils une poire donnant tout son charme et son ancrage local à cette représentation. Cette même curiosité est visible dans les chapelles de Cléguérec et de Ploërdut.