Il n’y a pas que des champs en Centre Bretagne, il y a aussi de la culture, celle du spectacle vivant. Avec Mil Tamm on prend le temps de produire, de créer et de s’éduquer à l’art. 45 communes font partie du projet culturel, pour le pire et surtout le meilleur.

Originaire du Centre Bretagne, Sylvie Tiger, responsable du projet Mil Tamm et chargée de mission culture au Pays de Pontivy a grandi au milieu des terres et a ressenti un manque culturel. Dès son adolescence elle s’est investie dans des associations militantes et s’est rapprochée des scènes musicales, à travers le festival des Tertres à Saint-Gouëno et des Transmusicales à Rennes. Elle a toujours travaillé dans le milieu culturel en territoire rural, avec des scènes conventionnées, c’est-à-dire subventionnées par le ministère.

Lorsqu’en 2009 il est question de donner naissance à Mil Tamm, Sylvie Tiger est sur les rangs, elle y voit l’opportunité de développer l’art en campagne et en Bretagne, chez elle. « Les spectacles vivants sont le reflet de la société, on parle de nous, enfin, s’enthousiasme-t-elle. Les artistes se nourrissent de nous, ils savent écrire, mettre en scène et nous procurer des émotions. »

Le projet Mil Tamm a un rôle d’accompagnement auprès des élus dans leur réflexion sur la place de la culture au sein de leur politique ou en les conseillant sur des rénovations voire des constructions de lieux culturels. « On peut aider à définir des projets, sans pour autant être le donneur d’ordre », résume Sylvie Tiger.

Une éducation à l’art

Pour le volet culturel, des artistes sont invités en résidence pendant des périodes plus ou moins longues, allant de quelques jours à trois années. Des stages sont également organisés avec des artistes venant de la région ou de toute la France, souvent en lien avec les écoles et les associations qui bénéficient d’une vraie éducation artistique.

Mil Tamm participe à la programmation du territoire. Pour cela, Sylvie Tiger et le comité de programmation font leur marché lors de festivals spécifiques ou lors de représentations dans les théâtres régionaux et au festival d’Avignon. Durant une semaine à Avignon, le comité assiste à près d’une trentaine de spectacles et effectue une sélection.

Les choix artistiques s’orientent plus vers l’écriture contemporaine sous différentes formes, danse, marionnettes, cirque, théâtre…

La première compagnie invitée en résidence sur le territoire de Mil Tamm était la Cie La Valise associée au metteur en scène et auteur, Joël Jouanneau, à l’origine du festival des arts de la rue de Port-Louis : Avis de temps forts. « Ce temps de présence sur le territoire n’a duré que deux ans, on s’est rendu compte que trois ans c’était plus confortable », souligne la responsable du projet. Ainsi, les élèves d’écoles primaires du territoire ont pu suivre le processus de création d’une pièce de théâtre de marionnettes de A à Z, avec notamment des rencontres autour des séquences d’écriture et de mise en scène.
À l’arrivée, le spectacle a eu son petit succès. Il a été donné sous des yourtes et a tourné 180 fois.

La deuxième résidence « Ralentir enfance » était un travail sur le « moi » intérieur et en parallèle sur les bagnes d’enfants. « Sur le territoire de Pontivy on disait aux enfants pas sages, qu’ils iraient au bagne de Belle-Île ». En 1934, les enfants du bagne de Belle-Île, se sont rebellés contre les mauvais traitements subis et se sont échappés. Tous ont été retrouvés, sauf un.

Dans le cadre de cette aventure artistique, un projet participatif Chœur d’enfance est né pour dénoncer les bagnes pour enfants, afin que jamais plus on ne parle de maltraitance d’enfant. Un projet incroyable qui a rassemblé 150 choristes du pays de Pontivy et autant du pays Lannion-Trégor, enfants et adultes autour d’un CD.

Les arts populaires entrent en scène

Depuis 2017, place aux circassiens de Galapiat cirque de Langueux (Côtes d’Armor). Le collectif conventionné par la Drac (Direction régionale des affaires culturelles) fait appel à des acrobates, des jongleurs, des clowns, des musiciens, des plasticiens et autres spécialistes, soit une quarantaine d’artistes.

Actuellement un projet se développe autour du quartier pontivyen de Bolumet. « C’est un quartier dont ne parle pas souvent, justifie Sylvie Tiger. Habité par différentes communautés. » Après avoir passé une semaine en caravane sur le site, les artistes vont impulser une création avec les habitants en créant une véritable rencontre. Projet à l’initiative d’un dispositif culture/santé du département du Morbihan, associant les travailleurs sociaux de Pontivy, d’associations et de la ville de Pontivy et Mil Tamm.

Dans un autre style, une création est en cours avec le cercle celtique de Cléguerec, pour mêler des techniques de cirque à des gestes et des pas de danses traditionnelles.

Sans oublier l’accompagnement des créations du collectif Galapiat avec « Un homme penché » de Lucho Smit et « L’Herbe tendre » de Jonas Séradin et Sébastien Wodjan.

D’autres surprises créatives devraient sortir du chapeau des Galapiat puisqu’ils sont en résidence jusqu’en 2020.

 

Un puzzle culturel

En breton, Mil Tamm veut dire puzzle, voire mille morceaux. Le nom du projet culturel a été trouvé par un habitant du territoire. Un nom qui sonne bien puisque Mil donne une référence numérique et Tamm un écho musical, comme un tam-tam. Pour bien quadriller le territoire, culturellement parlant, les pièces sélectionnées d’esthétiques diverses sont données dans les communes. Les salles polyvalentes sont transformées en véritable théâtre afin de maintenir un équilibre géographique.

D’ailleurs une programmation mutualisée, « Le spectacle s’invite chez vous », comprend entre 25 et 30 représentations par an sur le territoire. Les partenaires sont : le centre culturel Perenne de Cléguérec, l’Espace la Maillette de Centre Morbihan Communauté, le Quatro de la ville de Baud, l’association dans tous les sens, les jeudis de Quelven, l’Espace Kenere de Pontivy et le conservatoire de Pontivy communauté.

 

L’école de spectateurs

À partir de septembre, l’école de spectateurs reprend du service. Afin de dépasser le simple « j’aime/j’aime pas », Sylvie Tiger accompagne des personnes aux spectacles et propose un débriefing à la fin des représentations. Une démarche éducative visant à sensibiliser davantage le public.

 

Les inscriptions seront possibles en ligne sur le site 

www.pays-pontivy.fr/comprendre-le-pays/mil-tammà partir de septembre.