ANNE-MARIE A LA FIBRE

Depuis près de 30 ans, Anne-Marie Charles élève des chèvres angora dans son exploitation de La Garenne Morvan, au Haut-Corlay. Particulièrement soyeux, le mohair produit permet de fabriquer des pelotes, des pulls ou encore des couvertures d’une qualité exceptionnelle.

« Un coup de foudre inexpliquable ! ». C’était il y un peu plus de 30 ans. L’association qu’elle préside organise la visite d’un élevage de chèvres angora, près de Guingamp. Elle en revient bouleversée mais déjà conquise. Femme d’agriculteur et mère de quatre enfants, Anne-Marie Charles cultive aussi une envie de développer sa propre activité. D’abord peu disposé à l’idée de se lancer dans un domaine encore considéré comme atypique, Bernard, son mari, finit par se laisser convaincre. En 1994, elle achète une dizaine de chèvres angora et se lance dans l’aventure. Mais la qualité des fibres n’est pas au rendez-vous. Celle qui est aussi titulaire d’un diplôme universitaire en agronomie ne renonce pas et acquiert des bêtes de pure race : un bouc baptisé Popeye (« Le père fondateur »), et une demi-douzaine de femelles. Achats, ventes, croisements en évitant toute consanguinité… l’élevage se développe et la qualité s’affirme. Aujourd’hui plafonné à un peu plus de 150 têtes, le cheptel de Corlay bénéficie d’une confortable qualité de vie. « D’avril à novembre, elles sont dans le champ toute la journée, mais rentrées le soir pour éviter les prédateurs, explique Anne-Marie. De décembre à mars, c’est-à-dire jusqu’à la mise-bas, elles restent à la bergerie ». Les chèvres broutent sur des prairies naturelles et en matière de soins apportés aux animaux, ici le préventif prime sur le curatif. D’ici quelques jours, de la mi-mars à la mi-avril, Anne-Marie et ses trois salariées, vont comme chaque année, devoir faire face à une intense activité. En un mois, l’élevage va en effet s’agrandir d’une soixantaine de jeunes chevreaux. Pour stabiliser l’effectif du cheptel, une cinquantaine de chèvres sera vendue. « Aucune ne part à l’abattoir, insiste Anne-Marie. Elles sont vendues à des éleveurs, en France mais également en Espagne, en Suisse ou en Belgique ».

2 kg de laine mohair par tonte

Il faudra patienter quelques mois pour récolter la laine particulièrement soyeuse de ces jeunes chevreaux. « Nous effectuons deux tontes par an : une en février et l’autre au mois d’août », précise l’éleveuse. Chaque bête produit en moyenne 2 kg de laine par tonte, soit une production totale annuelle d’environ 600 kg. Une fois la chèvre déshabillée, il faut procéder au tri des toisons. « Toutes les fibres n’ont pas la même finesse, explique Anne- Marie. La qualité varie en fonction de l’âge et le mohair des petits est différent de celui des adultes ou des vieilles bêtes ». Pour garantir la traçabilité d’une production d’exception, Anne-Marie a intégré un groupement composé d’une cinquantaine d’éleveurs qui s’est doté d’une charte et d’un seau de qualité : « Mohair de nos chèvres ». Toute la production de l’élevage de Corlay prend la direction d’une structure de transformation basée à Castres, dans le Tarn. Lavé, filé et teint, puis tissé ou tricoté, le mohair va être transformé en pelotes, en écheveaux, ou encore en pulls, bonnets, chaussettes, écharpes, couvertures… Estampillés « Mohair du Pays de Corlay », tous les articles sont vendus dans la boutique particulièrement colorée qui jouxte l’exploitation. Une exploitation qu’il est d’ailleurs possible de visiter, sur rendez-vous, pour mieux comprendre les secrets de fabrication de ce produit d’exception. Tous les articles sont également disponibles sur la boutique en ligne.

Mohair du Pays de Corlay
La Garenne Morvan – Le Haut-Corlay
02 96 29 44 18 – 06 07 02 02 08

www.mohair-pays-corlay.com