Et pourquoi pas le moineau ? Nous, on l’aime bien, le Titi des cités. Alors, on a naturellement songé à lui pour figurer dans le trio de tête de notre  nouvelle rubrique « Nos amis les animaux ».

Appétit de moineau, vilain moineau, drôle de moineau, sale moineau, tête de moineau, épouvantail à moineau, volée de moineaux… Les expressions courantes sont nombreuses qui évoquent notre volatile commun. Tellement commun, tellement courant qu’on en arrive à ne plus le voir, le gentil moineau, à ne plus le calculer dirait notre jeune voisin.

Il est vrai que son plumage ne saute pas à l’œil. La petite boule de plumes sautille mais ne chatoie pas. Robuste et trapu, le moineau s’habille beaucoup de ternitude : dos brun strié de noir, épaulettes châtain, ailes brunâtres, croupion gris, queue gris-brun foncé, poitrine et abdomen gris, tête foncée à calotte grise.

Mais attention, pour la grande occasion, la parade nuptiale, le mâle sort le grand jeu. Enfin, à sa manière : il s’offre une bavette noire ! Son smocking à lui.

Mais c’est en tenue de « tous les jours » que, début janvier, le moineau délimite son territoire du haut d’un toit, d’une gouttière ou d’un autre point haut. Un territoire qu’il aime à partager avec le nôtre. Il squatte ainsi volontiers des surfaces sur lesquelles nous avons laissé une empreinte pas forcément heureuse : fermes, zones résidentielles, zones herbeuses… « Tchip-tchip » piaille-t-il, comme pour justifier son surnom argotique de « piaf ».

Très grégaire, il niche souvent en colonie de plusieurs couples dans des sortes de cités, un peu comme des appart’s HLM aménagés sous un même toit de tuile, ou dans des creux, voire des trous. Il adore aussi les dortoirs collectifs où lui et sa grosse bande de potes se rassemblent à plusieurs centaines, serrés les uns contre les autres. Pas pour un slow langoureux, juste pour le dodo.

En mars, il construit son nid dans une cavité, à bonne hauteur : sous les tuiles d’une maison, sur un lampadaire ou dans le lierre d’un mur. Les moins bâtisseurs jouent parfois le coucou dans les nids d’hirondelle dont ils n’hésitent pas à éjecter les occupants. La femelle pond de trois à huit œufs que les deux parents couvent durant deux semaines.

 

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Fidèle mais pas trop…

D’abord nourris de larves et d’insectes, les bébés ont ensuite droit aux graines amoureusement ramolies dans le jabot des parents. Un régime sacrément protéiné qui permet aux ados de quitter le nid à 17 jours. Peu après, les parents nichent une nouvelle fois. Ils remettront le couvert pour élever jusqu’à quatre couvées dans l’année.

Une fois adulte, le discret moineau reste omnivore. Aux larves et insectes de sa prime enfance tout juste ajoute-t-il quelques araignées et force bourgeons de fruits, histoire de justifier la présence des épouvantails.

La parade nuptiale donne lieu à de fréquentes bagarres entre mâles qui conquièrent ainsi de haute lutte le droit de se mettre en couple pour… une seule saison. Celle d’après, ils ressortent leur superbe bavette noire et remontent sur le ring à la conquête de la femelle tant convoitée. Et c’est reparti pour un nouveau nid qu’ils protègent avec hargne de tout intrus.

Attaché à son chez soi, le moineau ne migre pas. À l’automne, il se balade simplement dans ses proches environs. Toujours en bande et jamais loin des hommes qui, pourtant, ne le calculent même plus.