20 ans ! Il n’aura fallu que deux décennies à la petite PME de Bréhan pour devenir l’un des plus grands spécialistes internationaux des biotechnologies marines et de la chimie verte. Créée en 1995, la société Olmix est aujourd’hui implantée dans plus de 20 pays et travaille avec une centaine.

Lorsqu’en 1995, l’enfant de Saint-Étienne-du-Gué-de-l’Isle fonde sa société, dans la commune de Bréhan, à quelques kilomètres de la ferme de ses parents, ils sont sans doute très peu nombreux, à imaginer alors l’histoire que commence à écrire Hervé Balusson. Baptisée Olmix, l’entreprise qui ne compte que quatre salariés se spécialise d’abord dans le sulfate de cuivre et de fer. Importé des pays de l’Est de l’Europe, ce composé minéral est essentiellement commercialisé auprès des cimentiers.

olmix2Très vite  pourtant, l’ex-cadre de chez Roullier entend diversifier son activité. L’idée est de proposer une alternative naturelle aux produits phytosanitaires et aux antibiotiques utilisés par les éleveurs et les agriculteurs. « Si la découverte et le développement des pesticides, des engrais chimiques ou des antibiotiques ont été parmi les plus importants accomplissements du siècle passé, l’abus et le mauvais usage des bienfaits de la chimie ont produit les effets inverses à ceux escomptés, assure-t-il. Un changement de modèle est nécessaire pour que l’agriculture reste productive tout en continuant sa tâche de toujours : nourrir l’humanité avec des produits sains. »

Le projet est séduisant, reste toutefois à trouver la formule qui permettra de le concrétiser. Le terrien qu’il est se tourne vers la mer toute proche et l’une de ses richesses encore inexploitées : l’algue.
« Au large des côtes bretonnes, on peut trouver 700 espèces d’algues, soit une des plus fortes biodiversités du monde », argumente Hervé Balusson. Associée avec de l’argile de Montmorillon, dans le département de la Vienne, et à des oligo-éléments, elle va rapidement révéler d’énormes potentialités. Comme souvent, les premiers pas ne sont pas les plus aisés. Les précurseurs sont toujours moqués par ceux qui dominent alors le marché.

Olmix 3Plus de 400 salariés

Qu’importe, il persiste. Il noue d’étroites relations avec des organismes spécialisés et développe en interne, un important service de recherche et développement. Des compléments alimentaires aux produits qui débarrassent les animaux de leurs parasites, en passant par ceux qui facilitent la digestion, il développe une gamme qui ne tarde pas à s’imposer sur le marché mondial. Les effectifs s’envolent en même temps que le chiffre d’affaires. Avec plus de 400 salariés (dont 100 à Bréhan), la société Olmix est implantée dans plus de 20 pays et affiche un chiffre d’affaires de 66 M€, dont 80 % à l’export.

Et l’entrepreneur visionnaire ne souhaite pas s’arrêter là. « En 2050, il faudra nourrir neuf milliards d’hommes en conciliant de façon positive les contraintes de l’environnement et une production agricole à la fois industrielle et raisonnée, prophétise Hervé Balusson. Je suis certain que les algues marines vont y contribuer. Grâce à leurs propriétés et aux technologies développées par notre société, les algues peuvent en effet soigner plus efficacement et plus durablement les animaux d’élevage, améliorer la nutrition et la protection des plantes et même limiter l’utilisation d’additifs chimiques en agroalimentaire.»

Poulets aux algues

C’est en tous cas l’objectif  du programme lancé en 2015 et baptisé :
« One health thanks to algae ». Là encore le projet est ambitieux. À terme, il vise en effet à traiter chaque année, 60 000 tonnes d’algues vertes et rouges, récoltées au large des côtes bretonnes. Transformées dans l’usine morbihannaise, les bases technologiques composées de concentré d’algues, d’argiles et d’oligo-éléments, sont ensuite expédiées et diluées dans huit usines du groupe, pour être au plus près des marchés. Réparties en trois pôles d’activité (Plant care, Animal care et Human care), les solutions développées par la société Olmix poursuivent le même objectif : « produire mieux avec moins en améliorant la sécurité alimentaire, dans le respect de l’animal, de l’homme et de l’environnement ».

Il y a quelques mois, une première filière de poulets élevés sans antibiotiques grâce aux algues, a été lancée. Son nom : « Breizh Algae Chicken ». Une dizaine d’éleveurs du Centre Bretagne participent déjà à ce programme pilote et élèvent désormais leurs poulets sans antibiotiques mais avec des céréales auxquelles sont ajoutés des additifs naturels, conçus à partir des algues. Depuis cet été, ils sont d’ailleurs commercialisés sur les marchés, à partir de foodtrucks aux couleurs de la société Breizh Algae. Et les premiers résultats sont encourageants !

Une école unique au monde

Il faudra en revanche encore patienter pour apprécier ceux de la première école au monde, dédiée aux applications pratiques des algues : la « Breizh Algae School ». Inaugurée au mois de septembre dernier, lors des cérémonies organisées pour le 20e anniversaire de la société, elle a été aménagée dans les bâtiments de l’ancienne ferme familiale. Elle va permettre aux étudiants, aux partenaires et aux clients, de se former aux techniques modernes de production sans antibiotiques, sans pesticides ni additifs chimiques, grâce aux algues. Un nouveau champ d’expérimentation, au cœur d’un des premiers bassins agricoles et agroalimentaires français.