C’est l’histoire d’un mec, passionné de la Bretagne et de sa culture qui décide de lui consacrer un spectacle humoristique. Loin des clichés bretons habituels, dans son One Breizh show, Simon Cojean remet « les pendules à l’heure ».

Pendant dix ans il a baladé les touristes dans toute l’Armorique. Et il en a entendu sur les Bretons. Simon Cojean s’est inspiré de son expérience de guide conférencier pour écrire son premier spectacle intitulé « Nous n’avons plus les chapeaux ronds ». L’envie de poursuivre cette aventure l’a gagné au point de lui faire plier bagage, à 30 ans, pour rejoindre la Ville Lumière.

Il est passé par la Comédie de Paris et le Point-Virgule et surtout l’École du rire, enfin celle du One man show. Au bout de deux ans, il a complété sa palette par celle d’une formation de clown, sans blagues.

À la rencontre du public, à vélo

À 33 ans, le Breton est revenu sur ses terres et s’est lancé un pari : un Tro Breizh de l’humour. À vélo, accompagné de son ami Manu Caro, ils ont pédalé à travers toute la Bretagne de place en place. 

L’été 2017, au départ des Vieilles Charrues à Carhaix, le 17 juillet, jusqu’au Festival Interceltique à Lorient, le 4 août, les deux acolytes ont parcouru 1 200 km, soit 14 étapes. Loin du folklore poussiéreux l’humoriste a voulu rencontrer la Bretagne plurielle, celle de la vallée des Saints, de Kernascléden en passant par Saint-Gonnery. 

Et chaque soir une centaine de spectateurs venait le voir sur scène. 

Après une semaine avec son metteur en scène, Sébastien Chambres, Simon Cojean a joué gratuitement son deuxième spectacle « 100 % beurre salé ». Il a pris le temps de l’affiner et aujourd’hui à travers la gavotte, la mer, le Gwen ha du, la pluie, le fest-noz et autres réjouissances, il dresse un portrait personnel de « sa » Bretagne, loin des clichés. 

« Il y a déjà pas mal de sketchs sur la Bretagne mais sans forcément une recherche documentaire sérieuse… Kenavo, ça veut dire au revoir, pas bonjour.» Les stéréotypes bourrés d’erreurs ont la dent dure. Rire de la Bretagne et de ses Bretons, d’accord, mais si on peut en profiter pour en apprendre sur les us et coutumes locales, c’est mieux non ?

Tel un homme orchestre, l’artiste se glisse dans des personnages qu’il a créés de toutes pièces, joue de l’accordéon et danse. Il y a justement Jean-Michel, le professeur de danse bretonne qui préfère qu’on l’appelle Gwendal, mais aussi Yoann, expatrié de Loudéac qui a du mal à s’intégrer à Spézet, où il vient de s’installer. Sans oublier, Monique, la guide dépressive du musée de la musique bretonne.

« On ne peut pas plaire à tout le monde »

« Je joue un peu sur les faits de société mais ce n’est pas le but premier, précise l’humoriste. J’incarne un curé dans un de mes sketchs, ça a déjà choqué des gens. Mais à l’inverse quinze bonnes sœurs étaient mortes de rire. On ne peut pas plaire à tout le monde, et heureusement. » 

Pour nourrir toutes ses histoires, Simon Cojean, diplômé d’études celtiques a fait beaucoup de recherches et s’est entouré de relecteurs scientifiques pour valider ses blagues. « La moindre information historique demande des sources sûres pour être exonérée de toute polémique, qu’il s’agisse de Nantes en Bretagne, de l’alcoolisme ou du nombre de millimètres de pluie à l’année à Saint-Gonnery, je n’ai pas le droit de dire des mensonges… et en plus ça doit être drôle ! »

Est-ce qu’il pleut toujours en Bretagne ?

C’est vrai ça, est-ce qu’il pleut toujours en Bretagne ? Nantes, est-elle bretonne ? Qui est Nolwenn Leroy ? Des questions auxquelles le spectateur du spectacle « 100 % beurre salé » trouvera la réponse. Grace à l’auto-dérision, Simon Cojean détricote ces idées toutes faites sur la Bretagne. Et attention tout est vrai, « il y a deux mensonges… mais je le dis », promet l’intéressé.

3 questions à Simon Cojean

De quoi ne parlez-vous pas dans votre spectacle ? 

De politique. Sinon j’aborde de nombreuses thématiques qui fâchent comme par exemple : « Est-ce que je suis Breton ou Français ». Au cours du spectacle on se rend compte que la réponse c’est « on s’en fout » ! Mais il y a tellement de clichés sur notre région que j’ai de quoi écrire un deuxième spectacle, je crois !

Quel humoriste vous fait rire ?

Comme tout le monde je suis admiratif du travail de Gad Elmaleh que ce soit dans l’écriture ou le jeu, il est impressionnant, tout comme Alex Lutz ou Julien Schmidt dans la nouvelle génération. Mais mon modèle c’est Alexandre Astier, il réussit à la perfection à démocratiser des sujets hyper pointus en étant extrêmement drôle, c’est très fort ! 

Sur l’affiche vous êtes à moitié en costume, à moitié en tenue de ville…

Si on regarde de près, je combine plusieurs éléments traditionnels, la veste est celle du pays de Quimper, le chapeau de Lorient et le gouriz (ceinture) du Léon. Pour ceux qui s’y connaissent c’est un déguisement, les autres ne le notent pas. Ça traduit la double lecture du spectacle : je m’adresse aussi bien à ceux qui connaissent des éléments de la matière Bretagne et souhaitent une « mise à jour » qu’à quelqu’un qui veut simplement passer une bonne soirée de rigolade. 

Les prochains spectacles :

6 octobre, à Jans (Loire-Atlantique) ; 9 janvier, à Loudéac.