Chapelle Saint-Mériadec

À cinq minutes en voiture depuis le centre-ville de Pontivy, à l’ombre d’ifs multiséculaires et d’un majestueux cèdre du Liban, Saint-Mériadec de Stival paraît avoir toujours été l’église du village.

Son histoire est cependant plus mouvementée qu’il n’y paraît. Il y eu d’abord l’église Saint-Pierre au XVe siècle, à côté de laquelle la chapelle Saint-Mériadec fut érigée. La première fut détruite au milieu du XIXe siècle et céda le titre d’église à la seconde. Presque aussitôt un autre lieu de culte dédié à Saint-Pierre fut construit à l’emplacement de la première église, mais sa présence fut de courte durée puisqu’il fut détruit en 1931. Au total, pas moins de trois édifices furent construits entre les murs qui délimitent aujourd’hui le placître de Saint-Mériadec. Comme souvent au Pays des Rohan, les chapelles ne sont pas uniquement des lieux de cultes, elles portent un sens politique et artistique majeur. À ce titre Saint-Mériadec est un exemple marquant. L’architecture est sobre. Quelques ornements gothiques flamboyants nous ramènent à la fin du Moyen Âge, au tournant des XVe et XVIe siècles, du temps où le château de Pontivy est en cours de construction et au moment où les Rohan veulent à tout prix obtenir le titre de duc de Bretagne. La bataille est rude, il leur faut des arguments. Démontrer qu’ils sont affiliés à l’évêque Mériadec, descendant lui-même de Conan Mériadec, premier roi de Bretagne peut jouer en leur faveur. La chapelle fut donc érigée à la demande d’Alain IX de Rohan, à l’endroit où, au VIe siècle de notre ère, Mériadec s’installa en ermite avant de devenir évêque de Vannes. Elle devint alors le principal lieu de culte dédié au saint à l’échelle régionale. Son fils, Jean II y ajouta les sublimes peintures aujourd’hui conservées dans le choeur de l’église. Elles sont réparties en deux ensembles de part et d’autre de la maitresse vitre. Elles se lisent comme un livre, de gauche à droite et racontent la vie de Mériadec en 12 épisodes. Au-delà de la simple histoire, les six scènes à droite du choeur sont d’une grande qualité picturale empreinte d’influences flamandes, au même titre que deux oeuvres majeures commandités par les Rohan : les lambris peints au XVe siècle sur les voûtes de la chapelle Notre-Dame de Carmès en Neulliac et les sculptures en calcaire de Notre-Dame de la Houssaye en Pontivy. Par ailleurs, la composition des scènes et certains codes de représentation rappellent les oeuvres d’art conservées dans les palais florentins, que les Rohan ont probablement vues lors de leurs déplacements. Enfin la 11e scène, place à elle seule la chapelle au coeur de la vicomté de Rohan avec une représentation du château de Pontivy saisissante de réalisme.

Claire Tartamella
Animatrice de l’architecture et du patrimoine
Pays d’art et d’histoire des Rohan

 

Cloche et bonnet

L’une des peintures du choeur de la chapelle représente Mériadec debout, apposant sur la tête d’une femme en prière un couvre-chef jaune. Il s’agit en fait de la représentation d’une cloche à main, faisant partie des objets de culte de la chapelle. Ce type d’instrument était utilisé par les moines irlandais au début du Moyen Âge, pour appeler à la prière. À Stival, la cloche participa également à la popularité du pardon de la chapelle car elle était connue pour soigner les fidèles atteints de surdité. L’officiant devait simplement la poser sur la tête des malades, comme Mériadec l’aurait fait en son temps. Cet usage lui valut le surnom de « Bonnet de Mériadec ». Un certain mystère entoure toujours cet objet rare : est-ce une véritable cloche à main du haut Moyen Âge, ou une copie du XVe siècle, créée à la demande des Rohan pour renforcer la popularité du lieu de culte ? La question reste posée…