LA CHAPELLE DE L’HÔPITAL

À la fois imposante et discrète, la chapelle de l’hôpital raconte l’histoire de la complexe cohabitation entre science et croyances. Aujourd’hui désacralisée, elle est toujours le coeur historique de l’édifice, pour lequel les habitants éprouvent un attachement particulier.

Avant d’axer son action sur la médecine, l’hôpital est avant tout une organisation liée à la vie religieuse des villes médiévales. Il ne s’agit d’ailleurs pas de soigner à proprement parler, mais d’offrir l’hospitalité aux pèlerins de passage, aux pauvres et aux indigents. L’institution voit le jour à Pontivy grâce aux Rohan. Dès la fondation de leur Vicomté en 1124, cette puissante famille bretonne finance l’hôpital. À la fin du XVe siècle, alors que la vicomté est à son apogée, le vicomte Jean II fait rédiger un texte dans lequel sont mentionnés deux hôpitaux à Pontivy. La charge politique et religieuse de l’institution est importante : Jean II veut afficher clairement son rôle protecteur auprès des habitants. En témoigne la très élégante statue de saint Adrien de Nicodémie, aujourd’hui exposée à l’ouest de la monumentale porte de Carhaix, encastrée dans l’aile sud de l’édifice. L’oeuvre est précieuse, réalisée en calcaire, non pas en bois comme dans la plupart des chapelles. La finesse des traits et la délicatesse de ses mouvements permettent de penser qu’elle est issue d’ateliers Picard, comme pour le retable de La Houssaye, à Pontivy. Elle était exposée dans la première chapelle de l’hôpital. Jean II de Rohan affirmait ainsi son statut de mécène de haut rang et offre à l’hôpital la représentation d’un saint protecteur contre de la peste noire, fléau dont le territoire a été victime une dizaine de fois au XVe siècle. 200 ans plus tard, au XVIIe siècle, brille quotidiennement dans la chapelle un cierge portant les armoiries des Rohan, à la demande de la duchesse Marguerite, afin de souligner les bienfaits que sa famille confère à l’institution. Celle-ci avait dès le XVIIe siècle alerté sur la vétusté des locaux de l’hôpital. Son fils, Louis de Rohan-Chabot donne suite à cette alerte et fait raser l’hôpital en 1714. Il est reconstruit en trois ans, sur les plans d’Olivier Delourme, architecte vannetais à l’origine du château de Porhman à Réguiny et de Kerguéhennec à Bignan. Il propose à Pontivy un bâtiment sobre, sur plan rectangulaire, dont l’abside de la chapelle vient arrondir l’extrémité est. Il choisit le style classique qui s’impose à cette époque et marque chaque entrée par des frontons triangulaires. Malgré la modernité de l’édifice, la médecine reste rudimentaire et les remèdes expérimentaux. La « Thériaque » par exemple est une tisane faite de 55 plantes, racines et fruits, agrémentée d’une forte dose d’opium. Par la suite au XIXe siècle, face à une épidémie de choléra foudroyante, les recommandations à la population semblent dérisoires : « se tenir chaudement, surtout le ventre et les pieds et éviter de poser les pieds nus sur le carreau. ». Avec si peu de moyens pour soigner les malades, la religion est un recours pour les croyants. Il est alors facile de comprendre pourquoi la chapelle occupe la moitié de l’espace dans le bâtiment. Par ailleurs, les religieuses ont également tenu une place centrale dans la vie de l’hôpital. Les soeurs de Saint-Thomas, venue de Lamballe de 1666 à 1844, puis les soeurs de Jésus Kermaria, venues de Bignan ont veillé sur le quotidien des malades, des pauvres et des orphelins pendant plus de 300 ans. Même lors de la laïcisation de l’hôpital en 1907, les soeurs, de plus en plus formées aux soins infirmiers, restent jusqu’en 1995.

Claire Tartamella
cheffe de projet
Pays d’art et d’histoire des Rohan


« De l’ancien hôpital au siège de la collectivité », Coup de Coeur de la Région Bretagne pour les journées Européennes du Patrimoine

Entièrement réhabilité entre 2013 et 2022, l’ancien hôpital et sa chapelle sont pour de nombreux habitants, des lieux où se sont joués des moments clés de leur vie. Pour tous il est aujourd’hui le lieu où sont travaillées et prises, les décisions qui font le quotidien des habitants de Pontivy Communauté. Les Journées Européennes du patrimoine seront le moment privilégié pour découvrir ces deux vies de l’édifice. Visite guidées gratuites, sans réservation, samedi 16 septembre de 14h à 18h ; dimanche 17 septembre de 10h à 18h. RDV Place Ernest Jan, devant la porte de Carhaix. Départ toutes les 15 minutes.