C’est forcément lui que célèbre la célèbre chanson. Celle sans laquelle un bal de noce reste une banale soirée dansante. « La danse des canards », c’est forcément celle des colverts, le plus commun de nos anatidés. Et qu’est-ce qu’il est beau !

« C’est la danse des canards 

Qui en sortant de la mare 

Se secouent le bas des reins 

Et font coin-coin… »

Allez, ne faites pas le ou la coincé.e. « Y’a pas de mal à se faire du bien », comme dit le médecin du bien-être qui nous a prescrit une cure de ritournelle entêtante pour nous aider à retrouver le joli sourire dont nous a gentiment dotés dame Nature. Celui que l’absence prolongée de soleil tout cet hiver a ôté de nos jolies lèvres.

Qui n’a pas entonné, fredonné ou siffloté, au moins une fois, La danse des canards n’est pas du Centre Bretagne où l’on a, naturellement, l’amour de la nature et celui de la fête chevillés au corps, notamment au popotin. Alors, on arrête de chipoter :

« Fait’s comme les petits canards 

Et pour que tout l’monde se marre 

Remuez le popotin 

En f’sant coin-coin … »

C’est vrai, on vous le concède… elle est un peu longuette, l’intro du colvert. Mais c’est pas notre faute. Elle nous est venue tout naturellement sur le clavier. Comme si les jolis doigts palmés rouge-orangé du colvert s’étaient emparé des manettes. Alors, on lui cède donc volontiers les commandes en ouvrant les guillemets :

« Alors oui, OK, elle est entraînante, la jolie danse. Mais bon, tant qu’à me célébrer en musique, autant intituler mon ode « La danse des colverts ». C’est plus précis et, surtout, plus flatteur pour ma pomme. Et je le vaux bien.

Je suis en effet un superbe canard. Le Phénix des hôtes de ces étangs, mares, lacs, rivières ou estuaires. Il m’arrive même de m’aventurer dans les baies côtières quand elles sont abritées, protégées des vagues et vents mauvais. J’aime bien barboter peinard, m’ébattre tranquillou dans l’eau salée ou douce.

Ma pomme sur les panneaux !

Je n’hésite pas à profiter d’un rayon de soleil orienté sur moi comme un projecteur de théâtre pour faire admirer mon joli corps gris à la poitrine brun-lilas rappelant un miroir irisé… bordé de blanc sur les ailes. Oui, j’ai vraiment, incontestablement, fière allure.

Surtout, je la joue jeune premier. Je profite de la belle lumière pour mettre en valeur l’éclat du superbe vert, irisé lui aussi, de mon admirable tête supportée par mon cou de déesse du même métal. Oui, je suis beau et j’aime à me la péter sous votre regard et vos onomatopées aussi sincères qu’admiratifs.

Je suis super beau et pile-poil à la mode, en plus. Mieux :
super tendance ! Bien avant beaucoup, je suis en effet végétarien. Pas complètement, mais « d’abord » et c’est déjà énorme. Je me nourris essentiellement de graines variées que j’agrémente de quelques insectes, mollusques, petits poissons, têtards, escargots et œufs de poisson. Je casse la graine (mais pas que) à la surface de l’eau tout en barbotant. Sans pour autant m’interdire d’aller brouter sur le sol ou glaner quelques friandises dans les cultures potagères d’hiver, toujours pour marquer ma végétarienne attitude.

Sinon, malgré ma taille avantageuse j’ai le vol rapide et remarquable. Je décole quasi à la verticale et aime à pousser des pointes jusqu’à la vitesse très prochainement autorisée sur nos belles départementales : 80 km/h !

Une belle manière de me rappeler à votre souvenir, non ? Au point que la Prévention routière serait bien inspirée de remplacer le 80 des futurs panneaux par une bellle image de moi. Et pour ne pas risquer la contre danse, celle des radars, fredonnez, lentement, tranquillou, ma mienne, la plus belle, La danse des colverts. »