Retritex conjugue retour à l’emploi et valorisation des déchets. Spécialisée dans le tri des textiles, elle traite 4 000 tonnes de vêtements, chaussures et autre linge de maison par an et emploie quelque 75 salariés, dont la majorité en insertion professionnelle.

La mécanique est bien huilée dans les 3  400 m² de locaux de Retritex, zone de Pontivy-Sud. Une fois déchargés des camions, les sacs sont d’abord pesés, puis ouverts par les « craqueurs » qui « pré-trient » les vêtements un par un pour alimenter le tapis de tri. Les trieuses entrent ensuite en action, distinguant les pièces en très bon état qui, après un contrôle qualité, seront vendues en boutique, ou au contraire celles dont la matière sera recyclée. Au bout de la ligne, un dernier bac capte le « mêlé ». Autrement dit, des vêtements de mi-saison qui, une fois compactés, partiront vers l’Afrique.

4 000 tonnes de pantalons, pulls, robes, blousons, chaussures, linge de maison mais aussi articles de maroquinerie sont ainsi traitées chaque année dans cette entreprise spécialisée dans le tri du textile. « Retritex a été créée en 2004 par les communautés Emmaüs du Grand Ouest qui n’arrivaient alors plus à faire à face au flux important de textiles. Sa vocation est de gérer ce surplus, tout en proposant un projet d’accompagnement social », explique Frédérique Prosper-Paul, directrice adjointe. « Notre objectif est de permettre à des personnes éloignées de l’emploi, parfois
« cassées par la vie », de retrouver le chemin de l’employabilité.
»

Monter en compétences

Retritex compte ainsi actuellement quelque 75 salariés, dont plus de 60 % sont en insertion professionnelle. Ceux-ci sont embauchés en contrat à durée déterminé de 4 à 24 mois, au maximum. « Collecte, tri, manutention, logistique, vente… chaque poste est accessible à des personnes sans qualification et leur permet de développer des compétences ensuite transposables dans de nombreux métiers », insiste Frédérique Prosper-Paul. Chaque employé teste plusieurs activités. Aad, 33 ans et arrivée en mai 2014 au sein de l’entreprise, dit ainsi « avoir appris beaucoup de choses », et surtout « avoir repris confiance en moi ». En fin de contrat, la jeune femme pense s’orienter vers une formation d’auxiliaire de vie. « C’est aussi notre volonté de remobiliser les plus jeunes vers des formations qualifiantes. Dans le contexte économique actuel, les sorties en emploi restent compliquées », souligne Frédérique Prosper-Paul.

Si la crise n’a pas épargné la filière du textile, l’activité de Rétritex, elle, « se porte plutôt bien », indique la directrice-adjointe. En 2014, l’entreprise a réalisé 2,8 M€ de chiffre d’affaires. « Nous savons que nous répondons à un besoin, tant sur le plan de l’insertion qu’au niveau écologique ». Sur les 4 000 tonnes de vêtements valorisés chaque année (dont la moitié provient des communautés Emmaüs et l’autre des dons de particuliers via les 450 containers Relais, disséminés de Lannion à Quiberon), 50 % sont recyclés en isolants pour le bâtiment ou chiffons d’essuyage, 45 % partent à l’export en Afrique et 4 % sont vendus dans les quatre boutiques Emmaüs situées à Pontivy, Lorient et Auray. À l’image de celle de Pontivy, qui arbore des couleurs chatoyantes, leur aspect a d’ailleurs été particulièrement travaillé pour les rendre attractives, plus professionnelles et valoriser leur stock régulièrement renouvelé. « Nos clients peuvent ici se faire plaisir en achetant des vêtements de marque ou de qualité à prix défiant toute concurrence, tout en effectuant un geste éco-citoyen », observe Martine Maugan, coordinatrice du pôle vente.


Diversification dans le deux-roues

Dix ans après sa création et après les textiles, Retritex s’intéresse aujourd’hui à d’autres filières. « Comme toute entreprise, on se doit d’innover », lance Frédérique Prosper-Paul. En l’occurrence, Retritex envisage de se diversifier dans les deux-roues. « Nous avons le projet d’ouvrir un magasin de vélos électriques neufs, avec prestation d’entretien et de réparation, à Lorient. L’idée est de proposer un commerce de proximité pour ce type de produit que l’on trouve généralement dans des magasins situés en périphérie des villes. Nous voulons aussi permettre à nos employés d’acquérir des compétences de vélocistes. » On le voit, l’objectif est là aussi de faire rimer insertion sociale et développement durable.

Retrilog, la petite sœur

Fondée en 2008, également basée à Pontivy, Retrilog est la petite sœur de Retritex. Entreprise de logistique, Retrilog assure le transport du textile venant des communautés Emmaüs du Grand Ouest pour le compte de Retritex, mais son activité principale repose sur la collecte et la massification des déchets d’équipements électriques et électroniques (D3E) pour le compte d’Écosystème. Ceux des particuliers, surtout, et, dans une moindre mesure, des professionnels. Rétrilog emploie 50 collaborateurs sur ses trois plateformes de Ploufragan, Lorient et Saint-Avé. « Nous prévoyons de regrouper d’ici un an Saint-Avé avec Lorient, qui deviendra alors le 3e plus important site de regroupement D3E en France », annonce Frédérique Prosper-Paul. Retrilog, elle aussi, se diversifie. Elle propose ainsi et à la carte la valorisation de tous types de déchets tertiaires (armoires métalliques, meubles, cartouches, ordinateurs…). Chaque année, Rétrilog gère 15 000 tonnes de déchets.