Passionnés d’histoire, Gilles et Françoise Le Breton ont collecté durant des années, documents, photos et objets relatifs à la Seconde Guerre mondiale. Dont de précieux postes TSF, meilleurs alliés des soldats et résistants. Un trésor qu’ils ont choisi de partager avec le grand public au sein du musée « Les Sanglots Longs » à Réguiny. Au-delà des objets, c’est aux héros de la période, célèbres ou anonymes, que l’on rend ici hommage.   

Son nom fait bien sûr référence au message codé, diffusé le soir du 4 juin 1944 sur les ondes de la radio britannique. Sa commune d’accueil a été, elle, un plateau tournant de la résistance en Centre Bretagne et le théâtre de nombreux et douloureux événements lors de la guerre 39-45. Les symboles sont éloquents autour du musée « Les Sanglots Longs » de Réguiny, qui depuis 1994, veut garder la mémoire vive de la Seconde Guerre mondiale et de sa meilleure alliée, la radio.

slCe musée présente avant tout le fruit d’une vie de recherches menées par un couple de passionnés d’histoire, Gilles et Françoise Le Breton. De longues années durant, ils ont collecté documents, photos, objets à la faveur de rencontres avec les témoins de l’époque, sur les étals de brocantes et antiquités, parfois même dans des dépôts d’ordures… « Nous pouvons dire que nous avons sauvé nombre d’objets », se satisfait Françoise Le Breton. Une collection riche d’un millier de pièces, qu’ils ont souhaité partager avec le grand public dans un vrai devoir de mémoire. « Derrière chacun de ces objets, il y a des hommes et des femmes qui ont été acteurs de l’histoire et ont permis que nous vivions libres aujourd’hui ! », martèle Françoise qui anime avec enthousiasme ce musée.

300 postes TSF

Nous la suivons au travers des 350 m² d’exposition, avec les voix de de Gaulle et Churchill en fond sonore, comme pour mieux s’imprégner de l’ambiance. Le parcours commence par les postes TSF, plus de 300 exemplaires, du poste à galène jusqu’aux années 50, en passant par un poste « Biscuit », « appelé aussi poste de la dernière chance puisqu’il ne permettait pas d’émettre, seulement de recevoir », précise Françoise Le Breton en désignant celui qui a appartenu à Pierre Tournay, Locminois engagé comme agent secret au sein du BCRA (Bureau Central de Renseignement et d’Action)  de Londres.

Scénographies avec les objets de la vie quotidienne alternent avec faits historiques et armes de guerre. D’une vitrine à l’autre, on découvre ainsi aussi bien l’uniforme des N°4 commando du commandant Kieffer qu’un gilet de corps dit d’évasion car tricoté avec 10 m d’un cordage unique ou une bouteille de Coca retrouvée sur la plage normande d’Utah Beach. Ici, des fragments de l’avion dans lequel s’est crashé John T. Clifford et retrouvés aux alentours de Réguiny. Là, des cartes-foulards, bouton-boussole ou encore les premières lunettes Ray-Ban fabriquées à la demande  de l’US Air Force durant la Seconde Guerre mondiale. Françoise n’hésite pas à enrichir son discours d’anecdotes et de détails « pour alléger un peu le poids de l’histoire et parce que c’est souvent ce qu’on retient aussi ».

Hommage aux résistants locaux

Au milieu du musée, une vitrine est consacrée aux résistants du secteur. Dont les 25 martyrs de Locminé exécutés au fort de Penthièvre, Auguste Nicolas torturé à Josselin puis à Locminé et retrouvé mort à Réguiny ou encore la jeune Annick Pizigot, pour laquelle Françoise Le Breton montre une affection particulière. « Une jeune femme incroyable. Fille des gérants de l’Hôtel des voyageurs de Locminé, elle était engagée volontaire, agent du BOA (Bureau des Opérations Aériennes). Responsable de parachutages, en lien avec Londres, elle a été dénoncée, capturée, torturée, déportée. Libérée de Mauthausen par la Croix-Rouge en avril 1945, elle est décédée en Suisse le 26 novembre 1945. Annick a obtenu le grade de lieutenant à titre posthume. Elle fait partie des femmes que nous devons aujourd’hui sortir de l’ombre », retrace Françoise le Breton.

Une page de l’histoire locale que Gilles et Françoise Le Breton veulent, au travers du musée « Les Sanglots Longs », faire perdurer dans l’esprit des habitants de Centre Bretagne et des touristes en villégiature à Réguiny, labellisée station verte de vacances. « Et plus encore à une nouvelle génération de parents qui favorisent beaucoup les activités ludiques. Or, les enfants amenés à connaître le passé de leur localité sont toujours très réceptifs, ont toujours l’esprit curieux. À nous de leur donner l’envie de découvrir. »

John T. Clifford, un pilote de la RoyalAir Force enterré à Réguigny

john clifford bretagneUne plaque à l’entrée du cimetière de Réguiny rappelle la présence d’une tombe militaire britannique. C’est ici que repose le lieutenant John T. Clifford, pilote de la Royal Air Force dont l’avion s’est écrasé le 28 juillet 1944, dans un bois de sapins, au lieu-dit « Bel Orient », entre la route menant de Josselin à Pontivy et le bourg de Réguiny. « Il est l’un des acteurs qui ont marqué de leur courage l’épisode de la libération dans notre région », observe Françoise Le Breton, incollable sur le parcours de ce pilote auquel le musée rend un hommage appuyé.
« John T. Clifford avait six ans d’expérience dans la Royal Air Force. Avec le Squadron 611, lors de l’opération « Rhubarbe », il avait pour mission de survoler la Bretagne et de détruire tous les objectifs militaires allemands. En attaquant une camionnette de l’organisation Todt (organisation du bâtiment allemand), son avion a cisaillé la cime d’un arbre et a perdu l’extrémité de son aile droite », relate Françoise. À force de recherches, avec l’aide d’amis français et britanniques, Gilles et Françoise Le Breton ont retrouvé les deux frères de ce pilote anglais. En 1992, Ronald et Geoffrey Clifford découvraient ainsi pour la première fois, et non sans émotion, le lieu du crash.

Site internet : www.musee-lessanglotslongs.eu