Pas vraiment nés sur une terre d’escrime, les Spadassins de Loudéac se sont lancés à l’assaut du territoire il y a quatre ans. Le public est là et l’envie fait mouche.

« En garde ! Défends-toi ! » Dans le petit gymnase du complexe des Livaudières à Loudéac, le maître d’armes Fabrice Patin donne un cours particulier à Tristan. Le jeune escrimeur de six ans et demi, tient un fleuret, une arme légère faite pour l’étude. Masque solidement vissé sur la tête, les jambes en fente et une main dans le dos pour ne pas se prendre un coup de lame, Tristan avance timidement vers son instructeur.

Un pas après l’autre. Pas question de croiser les jambes. L’escrime respecte des codes et des règles strictes qui s’enseignent dès le plus jeune âge. « On doit être poli, loyal et courtois », détaille le maître d’armes. Dit comme cela, ça fait un peu vieille France.

L’art de s’affronter

L’escrime est un sport de combat, ou l’art de s’affronter en duel est de toucher l’adversaire avec la pointe. « Une incivilité en compétition peut coûter un carton noir, et priver l’escrimeur de championnat pendant une saison », explique Fabrice Patin. Le carton jaune c’est pour l’avertissement et le rouge c’est la sanction lorsqu’on attrape la lame du concurrent. Cela lui octroie un point supplémentaire.

Chez les adultes, les tirs se jouent en 15 points. Un match dure trois fois trois minutes. Et pour les zones à toucher, tout dépend de l’arme choisie. Le fleuret ne doit entrer en contact qu’avec la veste (mais pas les manches). L’épée, un peu plus lourde, autorise la touche de la tête au pied. C’est l’arme des mousquetaires. « La touche au pied était d’ailleurs la favorite de Laura Flessel, ponctue le maître d’armes. C’est pour cela qu’on la surnommait la guêpe.»

Enfin, il y a le sabre, une arme de cavalerie qui n’est pas enseignée chez les Spadassins de Loudéac. Interdiction de toucher en-dessous de la ceinture, car on estime que le sabreur est sur un cheval.

Rapière, dague et sabre laser

Fabrice Patin a plus d’une arme dans sa besace. Féru de spectacle et ancien chorégraphe de combats, il a mis en place une section artistique. Le maître d’armes intervient également auprès des escrimeurs pontivyens à qui il enseigne aussi l’art de la rapière, de la dague ou encore le maniement du bouclier… « Le but n’est pas de toucher son partenaire, mais le cœur du public », justifie-t-il. Les Spadassins se sont déjà donnés en spectacle pour des fêtes médiévales, ou à l’occasion de la sortie du dernier volet cinéma de Pirates des Caraïbes.

Nouvelle discipline récupérée par la fédération d’escrime : le sabre laser. Oui, le même que celui des chevaliers de la force, dans les films de Star Wars. On peut donc être maître d’armes et maître Jedi. Les Loudéaciens ont présenté une démonstration au Quai des images, pour la sortie du Dernier Jedi, en décembre.

Loin de Luke Skywalker et Yoda, les huit jeunes élèves de Fabrice Patin se défient sur les pistes de tir du petit gymnase. Ils apprennent la précision, l’esprit fair-play, la coordination et à gérer leurs émotions derrière le masque.

« Poignée cross, le pouce à midi, indique l’instructeur. À vos lignes. Pointe au sol. On salue. 1, 2, 3…Allez ! » Leurs fleurets ont des bouts en mousse, il est encore trop tôt pour croiser le fer.

C’est quoi un Spadassin ?

En italien spada signifie épée. Un épéiste, un amateur de duel, un mercenaire, un tueur à gages… Les définitions du spadassin sont multiples. 

Le club d’escrime de Loudéac, les Spadassins, entame sa quatrième année. Il a été crée par le maître d’armes Arnaud Bellanger, qui a depuis rejoint des contrées plus exotiques, à Tahiti. C’est son compagnon de promotion, Fabrice Patin qui est venu le remplacer en 2016. À la tête d’un groupe de 35 licenciés, le président Damien Hénon est escrimeur depuis la création des Spadassins. 

La botte secrète

Cette expression est empruntée à l’escrime. Elle fait état d’un coup d’épéiste ou de fleurettiste imparable et inattendu. Petit glossaire pour mieux comprendre les amateurs de fers.

Assaut : opposition entre deux tireurs.

Attaque : offensive initiale exécutée en allongeant le bras, la pointe menaçant le duelliste.

Battement : frapper sur la lame de l’adversaire.

Faire tomber dans le vide : mettre l’attaque en échec.

Parade : détourner un coup de pointe ou bloquer un coup de tranchant de l’adversaire avec son arme.

Le Maitre d’armes

Fabrice Patin avait toujours rêvé d’enseigner l’art des duels. Il a fallu un licenciement économique pour qu’il se décide à passer son diplôme. « Mon épouse m’a dit, tu en as toujours eu envie, c’est l’occasion ! Il n’a pas fallu me le dire deux fois ! »
En effet, 15 jours plus tard il endossait la fonction de maître d’armes. 

Ancien régleur de combats dans le domaine artistique, il baignait déjà dans cet univers. Il travaillait notamment dans le cadre d’animations de rues et de spectacles historiques dans la région de Metz, en Lorraine. Depuis qu’il est arrivé en Bretagne, il « s’amuse », et à 45 ans, il enseigne pour la sixième année, avec toujours autant de plaisir.

Infos pratiques

Les entraînements 

– Lundi : baby (à partir de 4 ans), de 17 h 15 à 18 h ; jeunes, de 18 h à 19 h et adultes de 19 h 30 à 21 h 30 au gymnase des Livaudières. 

– Jeudi : jeunes, de 18 h à 19 h ; artistique de 19 h 30 à 21 h 30 au petit gymnase des Livaudières.

Les cotisations 

Baby 121, 50 €, école d’escrime 169 €, jeunes 192 €, adultes 219 €.
Le matériel est prêté par le club : armes, masques, cuirasses, pantalons, sous-pantalons et gants.

Contact : spadassins.loudeac@gmail.com, page Facebook, 

https://escrime-loudeac.jimdo.com/