Voir, comprendre et imaginer le quotidien des paysans aux environs de l’an mil… Tel est l’objectif du village médiéval de Melrand. Entre vestiges parfaitement lisibles et éléments soigneusement reconstitués, il s’agit d’un site unique à découvrir absolument.

Une occupation sur 600 ans

Rien n’explique pourquoi, au VIIIe siècle, des populations décident de s’installer sur un plateau dominant la vallée de la Sarre, affluent du Blavet, sur le territoire de ce qui deviendra la commune de Melrand. Rien ne dit d’ailleurs que les 75 habitants y soient restés en permanence jusqu’au XIVe siècle, au plus tard. En revanche, après cette date, plus de traces de ces populations dont on a bien envie de dire qu’elles sont parties conquérir la vallée, à 1 km de là, pour y fonder le bourg que l’on connaît aujourd’hui. Mais ce n’est qu’une hypothèse !

Qu’ont elles fait pendant ce Moyen Âge que certains qualifient de sombre ? On peut dire qu’elles ont vécu tranquillement, entre labeur et veillées, entre quelques déplacements sur Pontivy (le marché était indispensable) et des allers-retours entre les champs et les pâtures. Parce que ces ancêtres étaient, comme 95 % de la population de l’époque, des paysans.

Ils cultivaient principalement le seigle avec lequel on a fait du pain pendant des siècles, du blé (pour payer leurs impôts !) et de l’avoine (destiné au seigneur qui était le seul à avoir des chevaux). Une partie non négligeable de leur temps était aussi due au seigneur sous la forme de corvées. En effet, ces paysans n’étaient pas propriétaires de leurs terres. On peut estimer qu’une activité de métallurgiste animait également le quotidien de ces paroissiens tranquilles… Peut-être même pouvaient-ils faire commerce de cette activité très valorisée à l’époque ? Sans doute quelque artisanat avait-il cours car la valorisation des matériaux de la nature était courante.

Le site

Le site archéologique que l’on connaît aujourd’hui a permis de mettre au jour les vestiges de ce village d’alors. Il s’étalait sur
1,5 hectares. On y a reconnu 15 maisons (dans lesquelles vivaient humains et animaux), des « rues », des cours, un four à pain, une grange, des murs de clôtures… Les bâtiments étaient faits de murs de granite d’une hauteur moyenne de 80 cm. Le toit, qui descendait très bas et cachait d’ailleurs largement la pierre, pouvait être en paille de seigle, en fougère ou en genêt… et était réparé très souvent, quitte à mélanger les matériaux en fonction de ce qui était disponible.

À l’intérieur, le meuble principal était le coffre et, parfois, certains lits étaient mieux construits et s’amélioraient d’un bâti de bois. Outils, vêtements remisés dans le coffre ou suspendus sur des barres de bois pour la nuit, réserve de bois à brûler dans le foyer central, paniers… encombraient largement l’espace. Les animaux étaient en stabulation dans le bas bout. En effet, le sol de ces maisons était en pente. Elle permettait ainsi aux déjections des animaux d’être évacuées vers le bas et à leur chaleur de réchauffer les habitants. Seul le cochon familial était relégué dans une soue extérieure : dangereux et vecteur de nombreuses maladies, on préférait l’éloigner.

Tout ceci est compréhensible lorsque l’on visite le site aujourd’hui. La partie vestiges archéologiques permet de bien comprendre ce qui nous est resté de cet univers fragile : les murs, les sols et les foyers. Dans l’espace des reconstitutions, spécificité du Village de l’An Mil, tout ce qui pouvait être reconstruit l’est. On peut ainsi mieux comprendre comment était le four à pain utilisé quotidiennement, où les gens dormaient, la place prise par les animaux. Ce site, ouvert au public depuis 1985, est un lieu de recherche sur un monde que l’on oublie souvent d’évoquer lorsque l’on parle du Moyen Âge. On pense souvent château et seigneur… Ici, on recentre sur les chaumières et les travailleurs de la terre.

Dans notre espace de cultures, des plantes attestées à cette époque sont présentées afin de bien sentir toute l’importance de la flore. Les animaux sont également bien présents. De races rustiques, ils permettent de mieux cerner les caractéristiques des bovins, caprins, ovins et volailles, indispensables dans l’organisation des populations de cette époque.

Animation et mise en valeur

Le village de l’an mil n’est pas un lieu d’animation à proprement parler. La vie et les activités y sont suggérées parce que c’est un lieu de recherche et que chaque élément y est une hypothèse. Le parcours émaillé de panneaux, le livret de visite, le film-vidéo… tout ce qui est mis à la disposition du visiteur lui permet de s’immerger dans un univers si familier et pourtant si lointain !

En permanence, l’équipe s’interroge, modifie, teste… Chaque expérience qui est menée ici l’est devant le public qui peut ainsi participer à la discussion et apporter son sentiment. Parfois, des troupes de reconstitution historique viennent y poser leurs campements. Elles s’installent comme l’auraient fait certains chevaliers-paysans d’alors ou certains groupes en transit dans la région. Ils y mènent leur vie quotidienne, partagée entre entraînement, artisanat, cuisine. C’est un moment particulier de la vie du site, comme il l’était à l’époque.

Pratique : Village de l’An Mil

Lann Gouh – 56310 Melrand

02 97 39 57 89

contact@villagedelanmil-melrand.fr 

www.villagedelanmil-melrand.fr

Ouvert tous les jours de 11 h à 18 h, en juillet et août.

Hors saison, nous consulter.

Groupes toute l’année sur réservation.

Photographies : © Cédric Adonel