La Bretagne aime le vélo et le vélo aime la Bretagne. La région forme des champions depuis toujours et en accueille régulièrement. Ce sera une nouvelle fois le cas cette année, avec l’arrivée d’une étape du Tour de France, à Mûr-de-Bretagne.
On a envie de dire que ça roule pour les cyclistes bretons. Affichant plus de 11 000 licenciés, le comité de Bretagne, avec ses 206 clubs, demeure le deuxième du pays en terme de licenciés et représente près de 10 % de l’effectif total des cyclistes français. Et ils ont la chance d’avoir sur leurs terres, 16 vélodromes publics, sur les 58 qui existent dans tout l’Hexagone. Un nombre d’équipements important et qui devrait encore augmenter avec la construction du premier vélodrome couvert de Bretagne, à Loudéac. Programmé pour 2020, il pourrait permettre de développer encore la pratique du cyclisme, amateur et professionnel dans la région (page 7).
Une annonce qui n’est pas pour déplaire à la graine de championne, Marie Le Net. La Pontivyienne, pensionnaire du Pôle espoir devrait rejoindre les grands noms du cyclisme tricolore dont elle porte déjà les couleurs. Elle pourrait même, comme la Finistérienne Virginie Cueff, championne française de vitesse en 2013 et 2014, disputer les prochains Jeux olympiques (page 10).
Berceau de champions
En Bretagne à chacun son champion ! Pour les Costarmoricains, l’héritage de Bernard Hinault, quintuple vainqueur du Tour de France, est encore bien présent. Pour les Morbihannais, il est un peu plus ancien, mais le souvenir de l’enfant de Radenac, Jean Robic, vainqueur du Tour de France en 1947, demeure toujours vivace. Dans le pays de Pontivy, un circuit très apprécié des cyclistes porte d’ailleurs le nom du champion.
Les champions, le public va d’ailleurs une nouvelle fois pouvoir les encourager sur les routes bretonnes, en ce début du mois de juillet. Après une édition 2017 où il avait oublié la Bretagne, le Tour de France y revient cette année. Du 10 au 13 juillet, quatre étapes sont en effet programmées dans la région. Le Centre Bretagne aura lui aussi rendez-vous avec le Tour, le jeudi 12 juillet. L’arrivée de la 6e étape qui partira de Brest, se fera en haut de la fameuse côte de Mûr-de-Bretagne (page 6).
Les nombreux spectateurs massés sur le bord de la route, ne pourront en revanche pas applaudir les coureurs de la toute nouvelle équipe professionnelle sponsorisée par l’entreprise de Loudéac, Vital Concept. Créée l’été dernier, elle évolue actuellement en deuxième division mondiale. Les résultats sont déjà là et l’ambition de rejoindre l’élite du cyclisme professionnel est clairement affichée (pages 8 et 9).
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Tour de France : Mûr-de-Bretagne attend les coureurs
181 km ! C’est la distance que devront parcourir les coureurs pour la 6e étape du Tour de France, de Brest à Mûr-de-Bretagne. Le jeudi 12 juillet, l’ascension de la fameuse côte devra être effectuée à deux reprises dans les 16 derniers kilomètres.
La côte de Mûr-de-Bretagne serait-elle devenue un passage obligé lorsque le Tour de France passe dans notre région ? Depuis huit ans, c’est en tous cas une évidence ! À chaque fois que la grande boucle a sillonné les routes de Bretagne, elle a fait étape dans cette commune des Côtes d’Armor.
L’ascension de cette longue et abrupte côte, que certains n’hésitent pas à appeler « l’Alpe-d’Huez bretonne » est entrée dans la légende du cyclisme depuis bien longtemps. Sur le Tour 1947, elle se dressait ainsi à mi-chemin d’un contre-la-montre entre Vannes et Saint-Brieuc. Jean Robic s’était alors repositionné comme un prétendant au titre avant de remporter, deux jours plus tard à Paris, le premier Tour de l’après-guerre.
Il faudra toutefois attendre 2011 pour qu’elle accueille enfin une arrivée. Cette année-là, c’est l’Australien Cadel Evans qui avait remporté l’étape dont le départ avait été donné à Lorient.
Quatre ans plus tard, en 2015, l’étape reliant Rennes à Mûr-de-Bretagne avait vu triompher le Français Alexis Vuilermoz.
Qui s’imposera le jeudi 12 juillet prochain au sommet de cette difficulté redoutée ? Les paris sont d’autant plus ouverts que la côte de Mûr-de-Bretagne fournit toujours des indications sur l’état de forme des prétendants au titre. Et peut-être même encore davantage cette année puisque les coureurs devront effectuer la montée à deux reprises…
Les horaires de passage
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Marie Le Net : du vent dans les gambettes
Titulaire du maillot tricolore et licenciée à Pontivy, Marie Le Net brille sur les pistes de vélo. Avec un palmarès déjà long comme le bras, à seulement 18 ans, son envie de se dépasser la pousse toujours plus loin.
Des coupes il y en avait plein le grenier dans sa maison à Bréhan. Marie Le Net, étoile montante du cyclisme français, a remis quelques uns de ses trophées le 1er mai, lors des Boucles souarnaises. Licenciée au club de Pontivy, la jeune fille s’entraîne au Pôle France, piste endurance à Bourges.
La Bretonne à la carrière internationale a donné ses premiers coups de pédale sur le chemin de halage et a remporté sa première victoire sur route, à 8 ans, à Noyal-Pontivy. « Personne ne m’attendait, se rappelle-t-elle. Mon club m’a dit que j’avais la hargne et un sacré mental. Mais mon mental, c’est mon père.» Celui qui l’a mise en selle à l’âge de raison est décédé quand elle avait 10 ans. « Lorsque j’ai mal aux jambes, je pense à lui et j’appuie encore plus fort. »
La gagne au bout de l’effort, Marie devient vice-championne de France en cyclo-cross en 2015. Cette même année, sa carrière prend un virage en direction de la piste. Pourtant réfractaire, « tourner en rond, je n’en voyais pas l’intérêt », elle se met à la poursuite et obtient son ticket d’entrée pour le Pôle espoir.
Vélo profilé et casque aérodynamique bien vissé, Marie file jusqu’à 60 km/h vers le titre de championne de France. « Dire que tu ne voulais pas et que maintenant tu fais de l’Américaine avec des juniors garçons, lui a lancé il y a quelques semaines son entraîneur. Tu m’épateras toujours.»
Bleu, blanc, rouge
Sa vie d’adolescente, tête dans le guidon, a été rythmée par les compétitions. Championne de France en 2017 en contre-la montre sur route, puis quatrième à la Coupe du monde en Biélorussie à Minsk sur piste avec le collectif Élite, son meilleur souvenir remonte à l’année dernière. En championnat du monde junior elle décroche le bronze, deux fois, en poursuite et en Américaine, avec le maillot tricolore.
« L’esprit d’équipe c’est beau. Montrer cette force française et être craint des autres nations, ça fait du bien.»
En lice pour la qualification des championnats du monde Élite, en mars dernier aux Pays-Bas, l’équipe termine loin des meilleures. « J’avais dix ans d’écart avec certains coureurs. J’étais toute petite », jubile la junior surclassée qui est entrée dans la cour des grands.
Loin des balades familiales à deux roues, Marie, bracelet bleu blanc rouge au poignet, monte aujourd’hui sur son vélo pour se dépasser et rêve de courir aux Jeux Olympiques. Si sa passion prend beaucoup de place, elle garde la tête sur les épaules. « Tant que ça ne gêne pas trop les études, ça va, ponctue-t-elle. Surtout que je suis une fille et qu’on ne vit pas du vélo.»
À la rentrée, la bachelière ira à la fac de Staps à Bourges et restera pensionnaire du Pôle. Au bout de sa piste, l’objectif est de devenir kinésithérapeute.
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Vital Concept Cycling Club : les glaz et noir en selle !
Née de la rencontre entre Jérôme Pineau, ancien coureur, et Patrice Étienne, dirigeant de Vital Concept à Loudéac, l’équipe cycliste professionnelle Vital Concept Cycling Club vit sa première saison sportive. Cette formation, qui se veut un club à part entière, a des accointances fortes avec le Centre Bretagne.
Les coureurs arrivent au compte-gouttes au centre de performance de Theix-Noyalo, près de Vannes. Chacun enfile sa combinaison glaz et noir. Assis à même le sol, Tanguy, le benjamin du groupe, ajuste ses sur-chaussures. Installés dans le canapé de la fan-zone, Erwan et Adrien, eux, commentent la performance des joueurs de l’équipe de France de foot, qui la veille rencontrait l’Irlande en match de préparation de la Coupe du monde. En retrait, Gaëtan observe, à la fois intimidé et admiratif. Le jeune coureur du Vélo Club du Pays (VCP) de Loudéac s’apprête à participer à son premier entraînement « pro ». « C’est pour lui l’occasion de s’imprégner du mode de fonctionnement d’une formation « pro », de comprendre ce qu’est vraiment le métier de coureur cycliste », lance Fabien Aoustin, entraîneur de Vital Concept Cycling Club.
Intégrée à la Deuxième division mondiale, l’équipe professionnelle Vital Concept Cycling Club a été créée en août 2017. Elle est le fruit de la rencontre entre Patrice Étienne, dirigeant de la société loudéacienne Vital Concept, et de Jérôme Pineau, ancien coureur professionnel. Le chef d’entreprise a été séduit par le projet du sportif. Plus qu’une équipe cycliste « lambda », Jérôme Pineau veut développer « un club à part entière, qui, comme d’autres sports de salle ou de stade, fédère le plus grand nombre de soutiens et de supporters », indique l’intéressé.
Un club « entreprises »
La particularité de Vital Concept Cycling Club repose dans son modèle économique, innovant dans le milieu du cyclisme professionnel. L’équipe s’appuie sur deux partenaires principaux : Vital Concept et Alphatech. En parallèle, un club « entreprises » réunit une trentaine de membres « auxquels nous offrons des accès et des expériences privilégiés dans le monde du cyclisme », explique Jérôme Pineau. La loge mobile, dite « glaz box », qui suit l’équipe dans ses déplacements en compétition, tout comme le centre de performance se veulent ainsi des espaces d’hospitalité ouverts aux soutiens économiques mais aussi aux jeunes coureurs, associations, clubs ou écoles de la région Bretagne. Toujours dans l’esprit « club », Vital Concept Cycling Club décline aussi ses produits dérivés : du tee-shirt au mug en passant par les drapeaux, aux couleurs glaz (bleu-vert en breton) et noir.
Sur le plan sportif, la formation compte vingt coureurs, emmenés par leur leader, Bryan Coquard. Le Nazairien s’est notamment illustré en remportant des étapes sur les Quatre Jours de Dunkerque ou le Tour de Belgique. « Il faut gagner des courses pour donner une vraie assise sportive à l’équipe, devenir « incontournable » et avoir la chance d’être invitée sur les grands rendez-vous tels que le Tour de France », explique Fabien Aoustin, entraîneur. La force de l’équipe Vital Concept Cycling Club : le sprint de son leader. Outre l’atout Coquard, l’équipe dispose de coureurs capables de briller sur les classiques du nord telles que le Tour des Flandres ou Paris-Roubaix… La dernière édition de cette classique aussi qualifée d’« enfer du nord », a d’ailleurs été marquée par un exploit du benjamin de l’équipe bretonne, Tanguy Turgis, alors âgé de 19 ans. « Cela faisait plus de 60 ans qu’un coureur aussi jeune n’avait pas été jusqu’au bout ! », se satisfait le coach, quelques jours plus tard. « Tu as récupéré ? », demande-t-il à son coureur, « Tu vas le savoir dans Cadoudal ! »
Objectif de la saison : dix victoires
La côte de Cadoudal, à l’entrée du bourg de Plumelec, est en effet au programme de l’entraînement collectif du jour.
1,8 km que les « glaz et noir » vont grimper quatre à cinq fois de suite, en finissant les 500 derniers mètres par un sprint.
« La répétition d’un effort intense vise à développer la puissance lactique des coureurs, un des déterminants de la performance cycliste », indique Fabien.
Quelques jours après cet entraînement, les coureurs de Vital Concept Cycling Club ont notamment participé aux Boucles de la Mayenne et au Critérium du Dauphiné, première course à étapes au niveau World Tour, pour cette jeune formation.
Objectif du Vital Concept Cycling Club pour sa première saison : « remporter 10 victoires », annonce Jérôme Pineau. À mi-parcours, la formation en compte cinq à son actif : sur le Sharjah Tour en janvier, puis sur le Tour d’Oman, le Grand Prix de Lillers, aux Quatre Jours de Dunkerque et sur le Tour de Belgique. Il y aurait pu en avoir plus… « C’est à nous de nous installer petit à petit dans le paysage du cyclisme professionnel, être présent sur le plus grand nombre de grandes courses »,
insiste le manager qui aimerait voir son équipe devenir
« l’une des plus populaires, en Bretagne déjà puis en France et au-delà ». Voir sponsors et public basculer du côté « glaz » du cyclisme…
Le VCP Loudéac : le réservoir
Deux des vingt sportifs de la formation du Vital Concept Cycling Club, Justin Mottier et Adrien Garel, sont issus du VCP de Loudéac. À terme, « tous nos coureurs néo-professionnels passeront par le club loudéacien », s’engage Jérôme Pineau. C’est dire les accointances entre les deux formations, amateur et professionnelle. « Pour nous, le VCP Loudéac est une vraie chance de performance. C’est toujours très intéressant de pouvoir suivre des jeunes dès 10 ans et jusqu’à ce qu’ils aient l’âge de passer pro, à la fois sur un plan sportif et humain. Les autres talents, ceux que nous auront détectés ailleurs en France et que nous aurons dans un premier temps laissé évoluer dans leur environnement, comme des grimpeurs par exemple, intégreront eux aussi le VCP Loudéac, ne serait-ce que quelques mois, avant de nous rejoindre ». Au-delà des exploits sportifs, le Vital Concept Cycling Club assume aussi un rôle de formateur.
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Loudéac Communauté Bretagne Centre : le vélodrome couvert en piste
Porté par la communauté de communes, le projet d’implantation d’un vélodrome couvert à Loudéac avance doucement mais sûrement. L’équipement doit booster la pratique du cyclisme, amateur ou professionnel, en Bretagne.
Dix-sept pistes de cyclisme en Bretagne et pas une seule couverte. C’est dire si, et sans aller jusqu’à insinuer qu’il pleut souvent dans notre région, le projet de vélodrome porté par Loudéac Communauté Bretagne Centre doit répondre à un besoin. En permettant aux cyclistes de s’entraîner par tous les temps, la structure a ainsi pour vocation de contribuer au développement de cette pratique sportive en Bretagne, tant au niveau amateur que professionnel.
Du vélo mais pas que…
L’implantation d’un tel équipement à Loudéac se veut logique, du fait notamment de sa position géographique centrale mais aussi parce que la ville accueille déjà le siège du comité régional de cyclisme. Selon le projet de Loudéac Communauté Bretagne Centre, le futur vélodrome couvert trouverait sa place au sein du pôle sportif qui comprend déjà la piscine et le palais des sports. Il serait doté d’une piste en bois de 200 m, homologuée pour organiser des compétitions de haut niveau. Les tribunes auront une capacité de 500 places assises. Quand à l’aire centrale, son revêtement sera choisi pour permettre la pratique d’autres sports, handball, badminton ou athlétisme, par exemple. L’idée étant d’optimiser au maximum l’utilisation de la structure.
Financement à l’étude
Situé à proximité des établissements scolaires, ce vélodrome pourrait aussi jouer les fers de lance d’une filière sport études dédiée au cyclisme sur piste. Une réflexion est engagée en partenariat avec la région Bretagne et l’Éducation nationale.
Pour le moment, la construction de ce futur vélodrome fait l’objet d’une étude de faisabilité, pilotée par le cabinet Sport Management Conseil. Les résultats de cette étude doivent permettre d’évaluer les charges d’un tel projet et préciser le coût d’investissement. L’État, le Département, le Centre national pour le développement du sport (CNDS) ou encore la Région se sont déjà positionnés favorablement pour cofinancer le projet. À hauteur de 25 % sur un montant global maximal de 10 M€, par exemple, pour la Région.
La mise en service de ce vélodrome couvert est programmée pour 2020. Les compétiteurs bretons ou les plus férus de vélo n’auraient alors plus besoin de se rendre à Bourges ou Saint-Quentin-en-Yvelines, équipements couverts les plus « proches »,
pour s’entraîner. La structure bretonne serait même disponible pour la préparation des équipes nationales avant et ou pendant les Jeux Olympiques de Paris 2024. Un atout de plus pour l’attractivité du Centre Bretagne…